Dégagé par Marvel Studios, dégueulassé par des polémiques à deux balles, James Gunn a trouvé pendant un temps du réconfort chez des productions DC Films. Une main tendue pour réitérer l’exploit des Gardiens de la Galaxie chez Warner Bros avec The Suicide Squad. La réinvention de Gunn fut bonne, même excellente, avec une meilleure histoire et de meilleurs personnages, sans parler d’un humour plus convaincant. De quoi accepter volontiers du rab avec Peacemaker.
On retrouve le personnage après sa convalescence suite aux événements de Corto Maltese. Pour rappel lors du dernier acte de The Suicide Squad Peacemaker dévoilait sa facette « motherfucker » en trahissant l’équipe. Bloodsport lui tira alors dessus pour stopper sa folie. Surprise, le bougre au QI négatif n’est pas mort et Amanda Waller l’engage pour une nouvelle mission : mettre fin au projet Butterfly. Il fera équipe avec les proches collaborateurs de Waller, notamment les agents Harcourt (Jennifer Holland), Adebayo (Danielle Brooks) et Economos (Steve Agee).
Les losers magnifiques, les solitaires, les traumatisés ont toujours eu la cote. Et ce n’est pas Peacemaker, véritable parodie absurde de Captain America, qui dérogera à cette règle. Interprété par le catcheur John Cena, le personnage est un véritable môme piégé dans le corps musclé d’un adulte : blagues carambar, immaturité, il a même « Eagly » un aigle de compagnie qu’il prend pour son acolyte. Pourtant le personnage est aussi un véritable enfoiré qui fait sans doute grincer des dents tous les fidèles du politiquement correct : coiffé comme un Arnold Schwarzenegger, fils d’un père du camp Républicain, et bien sûr situé à droite du spectre politique.
L’aspect ordurier de la série assume sa lecture originale et s’autorise un champ lexical et un esthétisme façonnés pour heurter les sensibilités : l’héroïsme est ici homophobe, raciste, et sexiste. C’en est à un point où même Deadpool paraît « woke » à côté de Peacemaker. Pour ce justicier, la justice ne peut se faire que par l'insurrection armée et l'élimination sans jamais oublier d’y placer sa petite vision « fasciste » du monde. Mais tranquillisez-vous, tout ceci n’est qu’à but purement humoristique. L’environnement s’insurge à chaque instant du politiquement incorrect concoctant ainsi une alchimie décalée assez savoureuse entre le protagoniste et son milieu.
Alors oui, rien n’est bien folichon du côté de cette narration. La démarche reste classique et balisée jusque dans cette étape plus qu’habituelle de la remise en question du Super sur ses choix et ses actes. Cette petite facilité s’impose et modifie parfois la personnalité du personnage mais n’occulte pas le but premier de cette production. Soit d’enclencher tous les curseurs de la franche rigolade fun et étrange : James Gunn calque simplement l’identité loufoque qui avait déjà fait tout le charme de The Suicide Squad.
C’est peut-être fainéant, mais c’est aussi suffisamment vertueux pour un homme qui a toujours pris à bras le corps ses œuvres pour mieux se les approprier. Il propose ainsi une série qui ouvre en grand les voies du fun : généreuse dans le gore, dans la bêtise la plus vacharde, dans les scènes de cul, tandis que Peacemaker gave l’œuvre toute entière d’une jubilation redoutablement efficace. A l’instar de ces jolis moments explosifs où les corps finissent en purée, où l’action devient démesurée, et jusqu’à même dynamiter les règles morales cinématographiques et sérielles avec l’assassinat sans remords de gosses. De quoi prouver l’engouement général pour des productions plus irrévérencieuses dans le monde très envahissant des super-héros, tels les succès de The Suicide Squad, The Boys, et actuellement Peacemaker.
Conclusion :
Peacemaker est une série qui oscille entre comédie trash et amour de la pop-culture. Elle propose du fun et de la violence jusqu’à en gaver le spectateur avec des scènes d’action folle et un humour travaillé rappelant ainsi le travail de James Gunn pour The Suicide Squad.
Seul bémol, si la série bande fièrement trempée dans ses domaines fétiches elle peut devenir un peu molle en sortant de sa zone de confort. Notamment lors des séquences malencontreuses de tendresse avec le reste du casting alors qu’on ne désire qu’une seule chose : défourailler sans vergogne en section hard et gore.
A regarder sans prise de tête.
Batman is a p*ssy