La bande-annonce de Penny Dreadful m'avait laissé dubitatif (elle ne reflète d'ailleurs pas trop l'ambiance de la série). Et les productions de Showtime ne m'ont jamais tellement plu. Seulement voilà : Timothy Dalton et Eva Green dans le Londres Victorien, ça ne se refuse pas.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins : la qualité du jeu d'Eva Green m'a laissé pantois. Et ce n'est pas un fanboy taquin qui parle : entre Dark Shadows et 300, choix et performances franchement discutables de sa part (euphémisme), il est impossible de ne pas être objectif, même pour ceux qui ne réfléchissent pas avec leur cerveau (quoique). Tout est dans son faciès et dans la modulation de sa voix, et le rendu est absolument dingue. Les autres acteurs sont loin d'être en reste bien entendu, mais avant d'aller plus loin dans cette critique, il fallait que je statue là-dessus.
Enfin bref, dans Penny Dreadful (http://fr.wikipedia.org/wiki/Penny_dreadful pour l'origine de la dénomination), on assiste à un mélange de plusieurs romans notables du 19ème siècle, à savoir Frankenstein, Le Portrait de Dorian Gray et Dracula (pour l'instant ça se limite à ça). C'est une fanfiction d'ampleur qui gravite autour de la trame principale (et inédite) concernant (particulièrement) le personnage de Vanessa Ives (interprété par Eva Green).
Pour apprécier cette série il est donc impératif de laisser de coté sa fidélité aux œuvres qui la composent, car Penny Dreadful prend de très grandes libertés. Et Penny Dreadful est digne de ces œuvres : bien qu'étant une série fantastique (plus qu'horrifique d'ailleurs), je ne compte plus le nombre de messages philosophiques (et accessoirement poétiques) qu'elle a délivrés en l'espace de 8 épisodes.
La réalisation est à peine inférieure à la qualité cinéma ; le soundtrack est lui digne de celui d'un film à grand budget. La musique fait en effet partie du travail esthétique considérable opéré sur cette série : il suffit de voir le générique pour comprendre que le visuel et l'auditif sont vraiment faits pour coller à l'esprit de Penny Dreadful : une fusion entre le fond et la forme poussée à son paroxysme. Et c'est aussi la toute première fois que je vois une série où les scène charnelles ne sont pas purement gratuites : sans être excessivement crues et nombreuses, elles servent l'intrigue et son aspect macabre et insidieux (ou même amoureux) - la différence avec les autres productions est subtile mais présente ; mon avis est que l'intention des créateurs est à l'origine de cette différence, et que ça se ressent : il ne s'agit pas de fan-service ou de pseudo-technique visant à appuyer le réalisme de l'oeuvre.
Un point faible toutefois : l'interprète de Dorian Gray. Il est très loin d'égaler Ben Barnes (je ne mentionne que l'acteur et sa performance, pas le film dont il est question), et n'est juste pas fait pour ce rôle. Il aurait plutôt sa place dans un soap. Autre problème, certains vides dans l'intrigue.
Ceci étant dit, Penny Dreadful reste un régal, un vrai retour aux sources du gothique dont les programmes télévisés fantastiques actuels n'ont que trop besoin ; et on peut espérer l'ajout d'autres représentants de la littérature Anglaise du 19ème siècle d'ici la fin.
Edit : Une fin surprise acceptable mais très frustrante. Il y avait encore beaucoup à raconter. Et cette saison 3 est je trouve en-dessous des deux premières.