Le Penny Dreadful est au XIXème siècle une histoire macabre vendue en petit format dans un papier médiocre mais qui suscite un grand intérêt auprès de la classe ouvrière britannique.
Dans ce sens d'histoire macabre, ou histoire d'horreur, la série de John Logan remplit parfaitement son rôle, en reprenant quelques passages du folklore criminel anglais comme Jack the Ripper.
Mais grâce à John Logan le Penny Dreadful n'est plus une histoire à trois sous réservé au divertissement des ouvriers, il met un pied dans le panthéon de la littérature anglaise. En effet on y retrouve des références aux époux Shelley, à Oscar Wilde, à John Keats et Shakespeare. Tous ces univers littéraires sont incarnés par un personnage dans l'intrigue, les Shelley par Victor Frankenstein, Oscar Wilde par Dorian Gray (évidemment). Tous ces auteurs ont connu les penny dreadful, tous sauf un, Shakespeare. Et c'est lui qui me permet d'en venir plus précisément à l'intrigue de la série: La mise en scène et le théâtre, lieu où se rencontre tous ces univers.
Mais doit-on faire pour autant de Penny Dreadful une série pour khâgneux fan de poésie anglaise ?
Et bien non je ne pense pas, et c'est là que le Penny Dreadful du XIXè intervient:
Si on veut superposer les choses, nous pouvons dire que l'intrigue des "penny dreadful" prend le dessus sur toutes ces références littéraires sans pour autant les vulgariser . On peut comprendre la série sans connaître les Shelley (Frankenstein), ni même Shakespeare, mais il est vrai qu'elle prend d'autres dimensions quand on y pense. L'intrigue principale, qui est vraiment celle d'un Penny Dreadful, fait de Percy Shelley, de John Keats et de Shakespeare ses faire-valoir.
Penny dreadful format pocket père de John Keats ou inversement ? John Logan brouille les pistes, par exemple en employant de manière récurrente le vers de Percy Shelley: "No more let Life divide what Death can join together." (Ne plus jamais laisser la Vie diviser ce que la Mort peut réunir"). Avouez qu'il s'agit là d'un puits d'inspiration sans fond pour une histoire d'horreur.
C'est d'ailleurs autour de ce vers que se noue l'intrigue, un monde entre mort et vie.
Même si je veux bien admettre le jeu un peu trop Mary-Sue d'Eva Green qui a d'ailleurs un don pour ressembler à Gollum lorsqu'elle est possédée, et la tendance Buffy contre les vampires que la série aurait pu prendre, je suis admiratif du travail de John Logan qui a tenté d'élever le penny dreadful du XIX ème siècle au panthéon de la littérature anglaise qu'il adapte à un public actuel qui, même s'il a plus souvent entendu parler de Saw que du Roi Lear, n'est pas insensible au nom d'un Dorian Gray ou d'un Frankenstein.