Au sein d'une année 2014 qui semblait déjà avant l'heure plutôt généreuse en terme de nouvelles séries, Penny Dreadful faisait sans aucun doute office de l'un des projets les plus attendus de l'année avec True Detective, The Strain et Sense8. Créée, écriture et produite par l'équipe à l'origine de Skyfall (le réalisateur Sam Mendes et son scénariste John Logan), le nouveau pilier de la chaîne Showtime nous plonge en pleine Angleterre victorienne, cœur des romans fantastiques britanniques les plus célèbres du XIXème siècle : de Frankenstein au Portrait de Dorian Gray, en passant par Dracula. Des œuvres qui ne vont pas seulement ici servir de contexte, mais aussi d'éléments narratifs importants : les Van Helsing, Dorian Gray et autres Viktor Frankenstein sont donc ici les protagonistes de la série. On pense bien sur à une réunion à la Ligue des gentlemen extraordinaires, mais Penny Dreadful n'a au final rien à voir avec le roman graphique d'Alan Moore. Axé horreur, se démarquant sans gêne de ses muses, certains crieront au scandale mais la série de John Logan parvient à se forger ses qualités qui permettent d'oublier ce relatif irrespect de ses maîtres.
Avec son casting quatre étoiles (Eva Green, Josh Hartnett, Timothy Dalton, Rory Kinnear, entre autres) et son équipe créative, Penny Dreadful était donc une production qui rendait impatient. Et il faut dire que l'entame est très prometteuse - imparfaite, mais bourrée de qualité, parvenant à distiller une tension très réussie assez souvent, se forgeant un univers vraiment passionnant qui promet de nombreuses possibilités par la suite. Les acteurs (notamment Eva Green) démontrent rapidement de grandes qualités d'interprétation, et la mise en scène autant que la bande-son sont vraiment admirables. On retiendra la superbe scène de la table de spiritisme de l'épisode 2 qui se classe sans problèmes parmi les plus grands moments de télévision de l'année en cours.
Malheureusement l'intérêt retombe. En se perdant dans des intrigues secondaires pas vraiment enthousiasmantes, Penny Dreadful finit par se répéter. Les moments de gloire du show semblent déjà-vu, les intrigues avancent mais paraisse tourner en rond. Et ce malgré une indéniable réussite artistique affichée par un plaisir visuel de chaque instant : Showtime a les moyens de son ambition et les utilise souvent à merveille. Dommage, le scénario ne suit pas. Le final remonte le niveau et donne une ouverture intéressante pour la déjà annoncée saison 2, mais ne garantie pas un rythme plus soutenu par la suite.
Très bien foutue, intéressante, parfois géniale, mais qui souffre d'un lent faussement intelligent. L'épisode flashback par exemple qui vise à éclaircir les zones d'ombre de Vanessa Ives ressemble plus à un énorme remplissage de près d'une heure plutôt qu'à un réel besoin créant des enjeux narratifs - plus qu'en ajouter, il en supprime, diminuant fortement le mystère qui entoure les protagonistes. Certains y trouveront leur compte - Penny Dreadful fait le show, avec beaucoup de mérite, mais on était en droit d'en attendre un peu plus de la part du tandem Mendes / Logan. En attendant de voir ce que donnera la suite - pas d'impatience, mais plutôt de la curiosité.