Une 1ère saison aux dents longues ?
Avoir de bonnes séries fantastiques est devenu presque une gageure ces dernières années et l'on se retrouve finalement avec un lot de productions plus destiné à des adulescents qu'à un public plus mature. Fort heureusement, on peut une fois de plus compter sur un réseau câblé pour sortir des sentiers battus et proposer avec Penny Dreadful un regard plus juste... du moins à mes yeux.
Doté d'une équipe de production aux références à faire pâlir d'envie un vampire et un casting prestigieux, les premiers éléments de Penny Dreadful ont pu rassurer sur le papier. Après cette première saison - une seconde est depuis confirmée -, on se dit que la matière est effectivement là, les inspirations judicieuses, mais qu'il manque un rythme et une qualité globale capables de tenir en haleine jusqu'au bout.
Revenons quelques instants sur le pitch pour les retardataires : Londres, fin du XIXème, époque victorienne. Un père aventurier, Sir Malcolm, part en quête de sa fille enlevée, Mina Harker (les fins limiers saisissent déjà de qui il s'agit) et s'adjoint les services de plusieurs personnes dans sa quête. Tout d'abord, Vanessa Ives, feu meilleure amie de la disparue et accessoirement médium par la Force des choses. Vient ensuite un Américain en fuite d'un passé trouble et à la gâchette facile et avisée. Se greffera au gré des épisodes plusieurs personnages marquants de la littérature fantastique tels le Docteur Frankenstein, Dorian Gray, Van Helsing et d'autres que je vous laisse le soin de découvrir. C'est grâce à ce pèle-mêle d'icônes que l'intrigue va se développer, même si elle laissera clairement sur notre faim... à la fin.
Car après une entrée visuellement ébouriffante, que ce soit au niveau des costumes, de la reconstitution d'un Londres en pleine mutation et aux maux sociétaires ou de la photographie aux tons gris, ocres et rouges seyant fort bien à l'ambiance lugubre, le soufflé retombe, la faute à une fin bâclée par suffisance et cela bien que l'on soit happé par la volonté d'aller au bout de l'expédition en compagnie de nos "héros".
Cela est notamment dû à l'excellence du casting. Eva Green offre une performance assez inoubliable, notamment lorsque son personnage évolue et subit les foudres de son passé. Les scènes qui en découlent marqueront certainement pas mal d'entre vous et on ne peut que savourer également sa diction quasi-parfaite, d'autant que les dialogues sont exquis. La retenue de Timothy Dalton est appréciable et il impose le respect par sa présence. Josh Hartnett en fougueux Américain est, selon moi, un poil plus en retrait et on reste sur un terrain connu au niveau de son jeu d'acteur.
En revanche, l'incarnation charismatique de Dorian Gray (Reeve Carney) et la sensibilité toute britannique de Victor Frankenstein (Harry Treadaway) améliorent encore un peu, si besoin en était, la distribution.
Niveau scénaristique, compte tenu des possibilités offertes par les univers des uns et des autres, on sent que l'on a voulu se positionner avec des risques mesurés mais on devrait assister à certaines belles choses dans une seconde saison qui n'en sera meilleure que si elle s'assume jusqu'au bout en évitant les écueils de la facilité. C'est peut-être là que réside le plus grand risque, d'autant que les portes entrouvertes appellent à l'ambition.
Penny Dreadful reste quoi qu'il en soit une série à découvrir, le soir (de pleine lune, qui sait ?) et devrait rappeler à certains quelques jolis moments de jeunesse Mad Moviesques.