La principale qualité de Platane tient essentiellement dans sa façon de jouer constamment sur le doute. Quelque part entre une forme proche du documenteur (façon The Office) et un fond de mise en abyme du monde du cinéma et de la télévision, l'équilibre ne tient qu'à un fil.
On oscille constamment entre les moments de malaise et de drôlerie. Sauf qu'on n'est pas en présence de l'humour potache auquel Eric Judor nous avait habitué lorsqu'il officiait avec son compère Ramzy Bédia.
On joue ici clairement sur d'autres ressorts, un peu à la manière de "Inside Jamel Comedy Club", où les acteurs jouent leur propre rôle, mais en distordant la réalité au point qu'on se demande finalement qui ils sont véritablement.
Eric Judor, veut devenir sérieux, dans la vraie vie. Alors il écrit un rôle pour Eric Judor, l'acteur, qui devra jouer le rôle d'un Eric Judor qui veut devenir sérieux, dans la série. Vous suivez ?
Sur cette base déjà intéressante, il compose un personnage totalement imbu de sa personne, totalement égocentrique. Tout ce qu'il entreprend avec coeur semble vouer à se planter, et tout ce qu'il fait avec arrière pensée fonctionne. Ou l'inverse. Parfois, quand tout semble marcher, malgré tout ce qu'on pouvait penser, il finit par se prendre les pieds dans le tapis et tout gâcher.
Le pire, c'est qu'il lui arrive bien souvent de douter, mais personne ne voulant le contredire, les choses avancent, comme une chose inexorable contre laquelle il serait inutile de lutter.
En transparence, on perçoit une nouvelle couche au mille-feuille concocté par l'équipe de Platane : on raille les faux copinages, les opportunistes, les hypocrisies, les faux-culs et les lèches-culs qu'on s'imagine constituer le quotidien de ce milieu de la télévision et du cinéma. Cette impression est renforcée à chaque épisode par une galerie d'invités réellement impressionnante (Vincent Cassel, Monica Belluci, Clothilde Courault, Pierre Richard, Guillaume Canet, Gilles Lelouche, et je dois en passer) qui continue de donner un ancrage avec la réalité en même temps qu'on s'en éloigne de plus en plus.
Constamment sur le fil, le ton général est vraiment l'un des points forts de cette série. Pourtant, ce serait une erreur que de ne pas signaler les jeux d'acteurs vraiment bons, la réalisation impeccable, et surtout un sens du rythme qui colle parfaitement au propos global.
Le seul doute que j'ai, c'est sur l'intérêt de revoir cette série. Pour le reste, je ne peux que conseiller de la regarder au moins une fois, pour se faire un avis, tant le ton diffère franchement de ce qu'on a l'habitude de voir monopoliser les ondes télévisuelles.