Si le film de 1990 avec Harrison Ford constituait un sympathique thriller judiciaire hollywoodien, valant notamment pour son twist final inattendu, cette nouvelle adaptation sérielle du best seller de Scott Turow déçoit quelque peu.
Certes, l'ensemble se laisse regarder gentiment, avec en prime une variante sur ce fameux twist, permettant aux amateurs du film de conserver un intérêt pour la série jusqu'à son terme, mais je n'ai pas été séduit par l'approche du producteur David E Kelley, qui privilégie le drame psychologique au détriment du polar judiciaire.
C'est un parti-pris qui peut se défendre, surtout en présence de comédiens aussi talentueux que Jake Gyllenhaal et Ruth Negga dans la peau du couple central, ou encore que la norvégienne Renate Reinsve (héroïne du très réussi "Julie (en 12 chapitres)", sous-exploitée ici dans un rôle secondaire, et par ailleurs nettement moins voluptueuse que Greta Scacchi dans le film de 1990), mais l'approche se révèle trop moralisatrice à mon goût - en dépit de quelques audaces narratives. Ainsi, pour apparaître dans l'air du temps, l'épouse trompée aura le droit à sa petite revanche, entamant à son tour une relation adultérine, mais sans consommer véritablement sa liaison avec le gentil barman sexy, s'en tenant prudemment à un simple baiser torride, histoire de rester dans les clous de la bien-pensance américaine.
Plus gênant, "Presumed Innocent" souffre d'une narration parfois laborieuse, malgré ses épisodes de 40 minutes censés imprimer un rythme efficace, jalonnés de cliffhangers souvent artificiels et sans conséquence sur l'intrigue. Certains passages se révèlent redondants, au point que la série diffusée sur Apple TV aurait pu comporter idéalement 6 épisodes au lieu de 8 (ainsi, le procès ne démarre véritablement que lors de l'épisode 5).
Cela dit, je n'ai pas passé un mauvais moment, mais la série bénéficiait d'atouts considérables qui auraient du en faire l'une des belles surprises de cette année 2024, plutôt que ce petit divertissement vite vu et vite oublié.