Real Humans
7.3
Real Humans

Série SVT1 (2012)

Quand les robots font la vaisselle et remettent en question toute notre existence humaine

Real Humans (ou Äkta människor si tu veux faire chic avec le suédois) te plonge dans un futur pas si lointain où les robots, ou plutôt les "hubots", ne se contentent pas de t’aider à plier ton linge. Non, ici, ces humanoïdes hyperréalistes ont une place bien plus complexe et dérangeante dans la société, et ils sont là pour poser la question que personne ne voulait vraiment poser : qu'est-ce que ça veut dire, être humain, quand ton grille-pain peut devenir ton meilleur ami, et ton lave-vaisselle te dépasser en intelligence émotionnelle ?


L’histoire commence dans une Suède qui ressemble beaucoup à la nôtre, sauf que tout le monde a un hubot à la maison. Ces machines humanoïdes sont programmées pour faire ce que les humains n’aiment pas trop : les corvées, les tâches répétitives, et parfois même, soyons honnêtes, remplacer un peu la compagnie. On est loin de Terminator, pas de révolte robotique en vue (du moins au début), mais plutôt une exploration subtile des relations entre humains et machines. Les hubots ressemblent à des humains, agissent comme des humains… mais il leur manque ce petit truc qu’on appelle l’âme. Enfin, c’est ce qu’on croyait, jusqu’à ce qu’on commence à se demander si ces machines ne sont pas plus "vivantes" qu’on ne le pense.


Les personnages humains, eux, oscillent entre fascination et malaise. Certains sont ravis d’avoir un hubot pour faire tout le sale boulot, tandis que d'autres se sentent menacés par ces "machines" qui prennent de plus en plus de place dans leur quotidien, et même dans leurs relations personnelles. La série n'hésite pas à poser des questions moralement inconfortables : est-ce que ton hubot est juste un gadget de luxe, ou un être que tu dois respecter ? Peut-on vraiment "aimer" un robot ? Et surtout, jusqu’où est-on prêt à aller pour qu’ils restent à leur place de machines ?


Les hubots eux-mêmes sont la vraie curiosité de Real Humans. Avec leurs sourires figés et leur absence totale de spontanéité, ils sont à la fois fascinants et légèrement flippants, comme des poupées de cire qui auraient appris à marcher. Au fur et à mesure que la série avance, certains d'entre eux commencent à développer des comportements inattendus : ils rêvent de liberté, ils veulent des droits, et parfois… ils veulent même de l’amour. Oui, on passe de "ce robot fait mon repassage" à "ce robot veut se marier avec moi" en un claquement de doigts.


Ce qui est génial dans Real Humans, c’est la manière dont la série joue sur cette frontière floue entre l’humain et la machine. Chaque épisode explore un peu plus cette zone grise, où on se rend compte que les hubots ne sont peut-être pas si différents de nous, ou pire, qu’ils pourraient finir par être "mieux" que nous. C’est un miroir un peu dérangeant de notre propre société, où la technologie occupe une place de plus en plus intime, mais où on ne sait jamais vraiment si c’est une bonne chose ou si on est en train de glisser sur une pente glissante.


Visuellement, la série a ce côté minimaliste nordique qui lui donne une ambiance froide et clinique, parfaite pour refléter ce monde où les émotions humaines sont mises à mal par l’efficacité sans faille des machines. Les décors sont souvent épurés, presque aseptisés, comme si on vivait déjà dans un catalogue IKEA futuriste où chaque meuble pourrait cacher un hubot.


Mais attention, Real Humans peut parfois être un peu lent. La série prend son temps pour explorer les questions philosophiques et éthiques qu’elle pose, et il y a des moments où tu te surprends à attendre que quelque chose de vraiment dramatique se passe. Certes, les intrigues sont fascinantes, mais l'action, elle, reste plutôt en retrait. On est plus dans la réflexion, dans le malaise subtil que dans les explosions et les retournements de situation à la Black Mirror.


Cela dit, c'est aussi ce qui fait la force de la série : elle te pousse à réfléchir, à te poser des questions, tout en te plongeant dans des situations qui semblent à la fois futuristes et terriblement familières. Les relations entre les humains et les hubots sont complexes, et les enjeux, même s’ils peuvent paraître modestes au début, révèlent peu à peu des tensions sociales et personnelles qui font écho à notre propre monde technologique.


En résumé, Real Humans est une série intelligente qui te fait entrer dans un futur où les machines ne veulent plus seulement laver ta voiture, mais aussi repenser la définition même de l’humanité. C’est un miroir troublant de notre relation avec la technologie, servi avec ce style nordique épuré qui rend le tout encore plus glaçant. Alors, prêt à adopter un hubot ? Juste… garde un œil sur lui, on ne sait jamais.

CinephageAiguise
7

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Créée

le 8 oct. 2024

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