I'm having a party, b-i-i-i-i-i-itch !
Sans doute frustré d’avoir à supplier tout son petit monde pour une saison de rabe de Community, Dan Harmon réussit avec Rick and Morty à créer une série complètement débile, de bout en bout, sur le même schéma que les aventures des étudiants du Greendale Community College.
Rick est le grand-père de Morty, les deux vivent dans une famille américaine normale. Le père est gentiment débile, la mère un poil sévère, la grande sœur un peu blasée, et voilà. A côté de ce portrait américain idyllique, Rick emmène régulièrement Morty dans ses aventures improvisées aux quatre coins de la galaxie.
La plus grande réussite du show est, à mon avis, la facilité avec laquelle les réalisateurs évitent d’accoler l’étiquette « geek » sur la série. Les inspirations de H2G2, Retour vers le futur, ou de Doctor Who se font évidemment bien sentir dans la construction des épisodes. Mais là où Community tournait en rond dans ses propres références sans jamais vraiment passer un cap de maturité, Rick and Morty utilise son format simple (20 minutes, 11 épisodes, et surtout animés) pour faire passer allègrement la pilule du grand n’importe quoi. La série gagne aussi de la maturité dans son aspect un peu trash, et ne se contente pas juste d’être un énième ersatz geek.
Rick rote, boit et bafouille un bon millier de fois dans la saison, Morty se prend de sacrés coups à cause de sa débilité, les gags sont très (très) bien travaillés (la planète des femmes, Abradolf Lincer), certains passages sont assez glauques (la révolte des chiens, les chaines de télé), etc. Bref, on nage dans un gros délire sans queue ni tête, sans aucun fil directeur, juste un joyeux bordel aux références nombreuses et intelligentes, l’humour noir et grinçant n’étant jamais vraiment très loin.
Coté animation, c’est simple et efficace. Les personnages ont tous de sacrées têtes d’idiots et les créatures d’autres mondes ont un chara-design bien sympa. Les doublages sont excellents, surtout ceux des deux personnages principaux, faits par Justin Roiland, l’autre créateur de la série.
En clair, une sacrément bonne première saison, qui je l’espère en appellera d’autres. Le seul risque qui guette la créature du duo Harmon et Roiland est de devenir trop sérieuse et de facto moins drôle (pour le coup, les derniers épisodes m’ont moins fait rire que les premiers) alors qu’elle réussit habilement en restant simplement débile