Avant toute chose, j’aimerais dire que je ne connais pratiquement rien à l’histoire et à la culture japonaise. Que tchi. Si j’écris des conneries dans cette chronique hésitez-pas à me le signaler. J’ai regardé Samurai Champloo par curiosité, d’abord parce que j’avais bien aimé Cowboy Bepop, premier fait d’arme notable de Watanabe, et ensuite parce que j’aime beaucoup Nujabes, qui a participé à la bande son de Samurai Champloo.
Deux semaines après avoir commencé cette série, j’écris ces quelques lignes pour partager ce qui selon moi fait tout l’intérêt de Samurai Champloo pour des personnes qui comme moi ignorent tout de la culture japonaise.
Samurai Champloo associe avec brio les codes des représentations des samouraïs avec les codes du hip-hop : la bande-son, omniprésente, est produite/interprétée par Nujabes, Fat Jon, entre autres, c’est-à-dire des poids lourd de la scène hip-hop japonaise.
Cette association entre culture occidentale et culture japonaise est le point de départ de toute la série : Samurai Champloo mêle habilement intrigue purement fictive et narration historique. L’action se déroule fin XIXe siècle : à l’époque une politique d’isolation nationale est en vigueur au Japon, et toute tentative d’incursion européenne sur le territoire est combattue Le pouvoir en place (le shogun, c’est bien ça ?) réprime les chrétiens, accusés d’avoir mené des campagnes d’évangélisation pour s’enrichir (on peut faire ici un lien entre religion et capitalisme), repousse les navires américains et pourchasse les représentants de commerce. Pourrait-on alors interpréter le choix de rythmer une histoire de samouraïs avec du hip-hop comme un pied de nez de Watanabe aux occidentaux qui regarderont sa série avec leur regard d’occidentaux ?
La représentation des relations entre le Japon et l’Occident dans Samurai Champloo est celle d’un point de vue japonais : le regard européen sur le Japon est moqué (dans l’épisode 6), la politique impérialiste des ricains tournée au ridicule (épisode 23) : en bref Samurai Champloo est une belle occasion de parler d’appropriation culturelle, et des raisons économiques qui l’engendrent.
La fin de l’ère Edo (1868) correspond aussi plus ou moins à la fin de l’âge des samouraïs, ces guerriers qui maîtrisent le sabre comme sonne-per et suivent un code d’honneur super tendax, le bushido. Samurai Champloo raconte la fin de cet âge d’or, où les samouraïs sont dépassés par l’arrivée des armes à feu par exemple. En somme, des guerriers qui n’ont plus leur place dans les combats de cette nouvelle époque. Le choix de personnages plutôt solitaires, marginaux, et furieusement indépendants (comme ceux de Cowboy Bebop d’ailleurs) colle parfaitement à cette représentation historique.
Par ailleurs on apprend beaucoup de choses dans Samurai Champloo sur un tas d’éléments de la culture japonaise : les geishas, les ninjas, les prêtres guerriers, la bouffe, l’art graphique, musical, dramaturgique, j’en passe. Tout ça est d’ailleurs présenté de manière somptueuse.
En somme, Samurai Champloo a été pour moi une claque esthétique, et a pas mal bouleversé les stéréotypes que j’avais sur le Japon, filtrés par la représentation occidentale qui est faite de ce pays.