Samurai Champloo est un animé connu et culte, à juste titre. Deuxième série du génialissime Shinichirô Watanabe, on suit ici le périple de Fuu, accompagnée des deux samuraïs les plus cools de l'histoire de l'animation; Mugen et Jin.
Et tout de suite, dés les premières minutes du premier épisode, on aime les personnages.
On les aime parce car [en plus d'être diantrement cools] ils ont des personnalités singulières, travaillées, que leurs interactions sont cohérentes avec leurs caractères, que la dualité entre Mugen et Jin; et paradoxalement leur osmose, crèvent l'écran à chaque dialogue, à chaque combat.
Parce que oui, l'animé est graphiquement très beau, l'animation est dynamique et soignée, peu étonnant quand on sait qui est aux commandes, et cette dernière n'a pas vieilli. [la qualité graphique de SC est un des facteurs qui me fait préfèrer ce dernier à Cowboy Bebop; bien que celui-ci soit aussi magnifique, l'animation a un poil vieilli].
Samurai Champloo a d'ailleurs beaucoup de similitudes avec cowboy bebop; la trame scénaristique en premier lieu. On retrouve ici un fil conducteur; la quête du samurai qui sent le tournesol, mais celle ci reste majoritairement secondaire, laissant place à des intrigues d'un ou deux épisodes. Et c'est justement ce déroulement episodique qui fait la force de l'animé; car il met en exergue, plus que l'histoire, le trio principal.
A l'image d'un road-movie, on suit nos trois compères dans un japon anachronique à l'ère Edo, bourré de références diverses. Car oui, Watanabe se fait plaisir et cela ce ressent.Là où beaucoup d'animés n'ont comme source du rire qu'un basique comique de situation et de répétition, Samurai champloo est drôle. Les délires du réalisateurs, avec l'exemple du samuraï gay, ou des américains et du base-ball, provoquent naturellement le rire. Malgré cela, chaque épisode ou presque a une morale, un message à faire passer. Une promotion de la tolérance dans l'épisode du samurai gay, une dénonciation de l'arrogance des américains et de leur non-respect des cultures dans celui du base-ball.
Néanmoins, en dépit de moments poignants [comme avec la chanteuse aveugle], l'aspect moral reste en filigrane, ne prenant jamais le pas sur l'explosivité et le dynamisme de la série; et c'est pour ça que SC est aussi appréciable.
Je n'ai pas encore parlé des musiques. Je vais être abrupt, c'est pour moi un des animés avec les meilleures musiques, tout simplement. L'opening par exemple, capte l'esprit et l'essence même de SC et est, même si cela est subjectif, un pur délice à l'oreille, que l'on n'aime ou non le hip-hop.
Les musiques du très grand Nujabes, sans être trop intrusives, donnent à la série une ambiance manifeste et unique. Elles collent parfaitement à l'esprit de road movie, de délire et au je-m'en-foutisme de l'oeuvre; même si certaines pistes sont aussi belles, mélancoliques, envoûtantes et même tristes que certains moments de SC, à l'image de Silver Morning. L'alliance hip-hop et esprit samouraï rappelle par ailleurs Ghost Dog.
A travers son oeuvre, Watanabe dénonce tout de même un Japon dont les valeurs se perdent, où les cultures occidentales s'exportent, en plus des nombreux autres problèmes, caractéristiques à chaque épisode.
Toutefois cela reste implicite; Samurai champloo demeure avant tout un condensé de baston, de moments épiques et cultes, de dialogues et de joutes qui claquent, un cocktail de plein de genres, avec des références diverses omniprésentes. Et c'est pour toutes ces raisons que cet animé est et restera, pareillement à Cowboy bebop, un animé légendaire que l'on se doit de voir.