See par AntoineRA

• SAISONS 1 & 2 (8/10)

[Critique du 19 avril 2022]

Série d'Apple TV+ dont le pitch laisse un peu dubitatif : suite à un virus qui a décimé 99,98% de la population mondiale et rendu les quelques survivants aveugles, Jason Momoa défend son village contre les clans environnants. Pour contextualiser : l'action a lieu 600 ans après ce bouleversement, l'humanité restante s'est donc réorganisée et adaptée à une vie où la vue lui est inconnue.

Concernant ce point identitaire du show - la cécité : il y a effectivement des situations qui semblent improbables et exagérées pour cette fiction. Toutefois, on remarque pas mal de petits détails révélés au fur et à mesure qui donnent du sens. Je regrette toutefois de ne pas avoir d’interprétation de la perception des personnages vis-à-vis des formes, des sons, des odeurs, à l'image des excellents génériques. Également, l'évolution du langage est pratiquement nulle, avec des emplois d'expressions qui n'ont plus lieu d'être. Cloud Atlas avait fait un meilleur travail à ce sens avec le retour à l'état primitif de l'humanité future.

Sinon, comme la plupart des séries produites par les studios de Tim Cook, l'esthétique visuelle est irréprochable. Filmée principalement dans les somptueuses régions montagneuses et forêts de conifères canadiennes, la série se pare d'une mise en scène très contemplative et atmosphérique, façon The Revenant. Une immersion assurée en plus d'un récit qui garde un sérieux constant. On pense ainsi à un mélange de Vikings, Book Of Eli, Mad Max, A Quiet Place, Game Of Thrones, sans pour autant que le résultat soit impersonnel. La série garde un ton assez sombre, à tel point qu'on regrette certains axes scénaristiques écourtés alors qu'ils pouvaient déboucher sur des développements plus positifs.

On apprécie fortement les évolutions du scénario autour du jeu de pouvoir entre les clans qui n'est pas manichéen et dont les cartes sont vite redistribuées. Par ailleurs, tous les personnages principaux sont approfondis et font face à des dilemmes moraux bien amenés. Les dialogues sont pertinents et on évite de se perdre dans le pathos. C'est ainsi qu'on a le meilleur rôle de Momoa, qui ne sert pas juste de bourru bourrin, et n'est pas non plus omniprésent. Sylvia Hoeks et Christian Camargo lui volent régulièrement la vedette. Cela dit, ça ne l'empêche pas de s'imposer bestialement lorsque nécessaire puisque pratiquement chaque épisode a son lot d'affrontements viscéraux et les chorégraphies ont été particulièrement soignées, au point de pouvoir inspirer quelques "Fatality" au prochain Mortal Kombat.

Une saison 3 est entrain d'être tournée. J'ai un peu de mal à voir comment le scénario peut évoluer sans meubler ni se distordre. Par contre, j'espère un petit effort sur les scènes nocturnes qui sont très dures à suivre à l'écran (les aveugles ne s'éclairent pas) puisque l'on n'y discerne pas grand chose.

• SAISON 3 (6/10)

[Critique du 3 janvier 2023]

C'est le baroud d'honneur pour Jason Momoa, puisque cette troisième saison marque également la fin de cette série post-apocalyptique où les survivants d'un virus ayant décimé pratiquement toute la population mondiale sont devenus aveugles. Des siècles plus tard, la vue revient pour certains nouveau-nés, mais est généralement considérée comme hérésie. Au cours des deux saison précédentes, on a suivi Baba Voss protégeant sa famille et surtout ses enfants voyants envers les peuples voulant les voir brûler et ceux cherchant à les exploiter. Deux saisons qui étaient articulées autour d'un récit familial plutôt bien développé et justifiant les aventures à l'écran. Cette ultime fournée n'a donc pas grand chose à ajouter même s'il y a tout un monde à explorer, ce qui survient pile sur la fin de la saison, ouverte et pleine de promesses similaires à un axe déjà survolé et qu'on aurait aimé voir approfondi.

Avant cela, le récit stagne et se montre avare en nouveauté, sans non plus développer correctement les personnages. Les huit épisodes sont redondants et s'alambiquent futilement. La qualité plastique du show demeure inchangée, avec des plans larges en pleine nature canadienne empli d'une poésie tragique. La mise en scène et soigné mais les chorégraphies des scènes actions semblent moins travaillées, hormis pour glorifier les personnages. La violence des exécutions et les effusions de sang sont toujours de mise. La deuxième partie de la saison est un peu plus bourrine, comparable à un Mad Max dans l'esprit survivaliste en usant les machines de la civilisation du nucléaire, et aux dernières saisons de Vikings pour le sur-drama familial. See se termine donc un peu dans l'indifférence, puisque n'osant pas explorer davantage son univers. On peut se contenter des deux premières saisons seulement.