Evacuons tout de suite un truc, j'ai commencé à regarder la F1 vers 1990, tout gosse. Aujourd'hui je ne m'y intéresse plus, depuis longtemps, mais durant les années 90 j'ai été un grand fan et ai même pesté contre mes parents de ne pas m'avoir offert une date de naissance de 5 ou 6 années antérieures pour voir plus de F1, de grande F1. J'ai donc du me rabattre sur les lectures et "K7 vidéos" qui permettaient de voyager dans le temps... Est-ce que Senna était un grand pilote ? C'est indiscutable. Le plus rapide ? Assurément. Mon préféré ? Impossible à dire mais il ne pouvait pas être détesté, par aucun fan, c'est impossible. Il aurait fallu être d'une incroyable mauvaise foi pour ça. Ceci étant dit...
Cette série s'appelle "Senna" donc on comprend aisément qu'elle va être à la gloire du brésilien, c'est normal, sinon elle se serait appelée "F1" peut être, va savoir. Et du coup, elle a le défaut de toutes les pseudos biographies télévisuelles ou cinématographiques de ces dernières années à savoir, qu'il s'agit d'hagiographies, presque commandées par les familles elles-mêmes pour prendre un p'tit billet ou passer un coup de polish sur une carrosserie un peu vieillissante. N'y a-t-il plus de place pour les personnalités complexes que sont nécessairement les grandes personnalités de ce monde ? Il faut nécessairement penser que le public est totalement teubé, que même les fans hardcore de telles ou telles personnalité ne seront pas supporter la moindre contradiction ?
Sur le plan formel, la série est bonne. Le suspens assez bien dosé même si comme pour le Titanic, on est au courant que Tamburello sera l'iceberg du héros. Les reconstitutions sont vraiment sympas et permettent des plans inédits et une belle immersion. Bon, je ne suis pas un puriste des bruits de moteurs ceci dit, il parait que de ce côté là c'est pas ouf mais hé, on peut pas tout avoir et comme de mon côté je n'ai jamais eu les moyens de me rendre sur un circuit et que j'ai vu 100% des courses que je regardais sur une cathodique de merde, franchement, ça m'est bien égal. Ensuite, le type qui incarne Senna est plutôt très bon. Le physique, la gestuelle, franchement, il y a du beau boulot.
Pour le reste bah, c'est de la télé. Pire, de la télé brésilienne, avec tout ce que ça implique de mièvrerie. Aucun autre pilote ne semble avoir grâce aux yeux des créateurs. Ils sont tous méchants ou au mieux gentils mais bien entendus inoffensifs tant celui qui multipliaient les pôles-positions est au dessus. Et s'il perd bien entendu, c'est que des forces obscures se sont liguées contre lui. Toujours. Même Brundle, qui n'a rien demandé à personne et qui a assez eu de déceptions dans sa carrière, en prend pour son grade, c'est dire... Est-ce qu'on avait besoin de ça ?
Bien entendu, JM Balestre, ancien président de la FIA est une espèce de "docteur Mad" digne d'un épisode de l'inspecteur Gadget, mais le pire sort, le plat de résistance, ce sera Alain Prost ! Bien entendu !
Et là, écartons tout de suite le chauvinisme. Prost était de toute façon détesté en son propre pays, raffolant "moyennement+" de F1 même lorsque le bleu y brillait. Une fois encore, celui qui a quand même été l'un des plus grands (difficile d'affirmer le contraire avec son palmarès) est relégué au niveau d'un vulgaire manipulateur digne d'une caricature des guignols de l'info... J'ai pas vu pire depuis Til Schweiger en lookalike de Shumacher dans le "Driven" de triste mémoire. Et il faut voir la gueule qu'il se paye... Certes, le professeur n'était un premier prix de beauté et il en était largement conscient mais là je me demandais sérieusement s'il ne s'agissait pas de Patrick Sébastien essayant de se faire la tronche d'un Depardieu qui aurait enc*lé Gollum. Il fallait bien un méchant hein et d'ailleurs, une fois que la période "88-90" se termine, la série devient clairement plus mollassonne.
De son côté, Senna est presque décrit comme un p'tit gars du peuple (Ha ha ha) frôlant l'autisme et vivant comme un moine même si son côté ultra queutard - à la limite de la légalité parfois - pouvait difficilement être négligé puisque cela fait sans doute partie du culte de la virilité en Am-sud. Il est responsable de tout ce qui est cool en F1 et bien entendu persécuté par les méchants qui l'empêchent de remporte une trentaine de titres, au moins. Franchement ? Je crois que si Kim Jong-Un commandait une série à sa gloire , ça donnerait un peu le même genre de truc.
Mais encore une fois, c'est une série, une télé-novela "++" même. Au final je me suis bien amusé, faut pas croire. C'est du Netflix, ça passe le temps quand on n'a pas trop envie de se concentrer et il faut admettre que les bonnes séries et bons films sur la course auto ne courent pas les pistes. Dommage de faire abstraction de pas mal de bonnes courses du magicien pour ressortir toujours les mêmes poncifs.
L'épilogue est long, trop long, comme cette critique qui frôle, non, qui se vautre dans l'incontinence. Tout ça pour à mon sens, ne pas réussir à retranscrire cette épouvantable ambiance de mai 94 qui transpirait pourtant dans mon poste à l'époque. Comme si la série qui en avait jusque là trop fait dans la déification de Senna, n'avait plus grand chose à dire.