Je me replonge depuis peu dans le catalogue HBO, suivi passionnément un temps avant de m'en éloigner quelques temps. Retour gagnant avec « Chernobyl » et désormais « Sharp Objects », malgré un léger sentiment de déception. Le problème est toujours un peu le même : alors que l'on nous vend une sombre histoire de meurtres, celle-ci est clairement mise de côté la plupart du temps, si bien que l'on comprend vite qu'on ne saura quasiment rien avant le dernier épisode, nous en révélant presque plus
en quelques minutes que durant les six heures précédentes.
C'est assez frustrant, pour ne pas dire légèrement agaçant, même si ce final, qui aurait toutefois gagné en développement et explications, valait la peine d'attendre.
En revanche, tout ce qui tourne autour de cette étude de mœurs, évoquant de façon cinglante secrets, perfidies et relations familiales exécrables donnent beaucoup de volume à une atmosphère déjà pesante, pour ne pas écrire volontiers anxiogène. Il règne constamment une odeur de soufre dans cette petite ville du Missouri que l'on a rapidement l'impression de connaître par cœur, où les sourires, les rares signes d'amitié cachent régulièrement un mépris, un antagonisme remontant souvent à un lointain passé. C'est clairement ce facteur « humain » qui est au cœur de l'œuvre, que ce soit par les différentes relations « unissant » l'héroïne aux habitants de la ville et surtout à sa famille, dont celle, épouvantable, qu'elle entretient avec sa mère, ses seuls vrais moments de complicité étant ceux avec son chef et son épouse.
Bien mis en scène par un Jean-Marc Vallée tout aussi inspiré (si ce n'est plus) que pour « Big Little Lies », doté d'un solide montage et de quelques scènes marquantes
(toute la partie consacrée à la Guerre de Sécession),
la série peut également compter sur ses interprètes : sans être aussi bouleversante que prévu, Amy Adams est excellente et fait, une fois de plus, preuve d'une palette de jeu très variée, face à une Patricia Clarkson impériale et extrêmement subtile, bien entourées, entre autres, par Chris Messina, Eliza Scanlen, Henry Czerny ou Miguel Sandoval. Du beau travail, auquel il aurait « seulement » fallu amener plus de matière à l'aspect policier, beaucoup trop souvent ignoré, au contraire du roman dont il est adapté.