Une adaptation moderne et ambitieuse
Adapter l'histoire de Sherlock Holmes au XXIème siècle était une idée sacrément audacieuse, pour ne pas dire insensée, mais les auteurs ont réussi la prouesse de donner un sacré coup de jeune au personnage sans le dénaturer.
Sherlock reste un geek complètement asocial dont la seule obsession consiste à résoudre des énigmes criminelles. Toujours soumis à des addictions diverses et variées, il a une intelligence hors-normes et n'hésite pas à tout laisser en plan pour suivre une nouvelle piste. N'ayant plus vraiment les moyens de vivre seul dans le centre de Londres, il est contraint de prendre un colocataire, et je vous le donne en mille, il s'agit du docteur John Watson. Ce dernier a servi en Afghanistan, et malgré son air débonnaire, la guerre et le sang lui manquent. On assiste donc à la rencontre de ces 2 personnages que tout oppose dans le premier épisode, et une certaine alchimie s'installe immédiatement entre eux deux. Sherlock mène logiquement la danse et Watson se contente la plupart du temps de le suivre assez passivement.
Visuellement, la série est très réussie : Sherlock ne quitte pas son Blackberry, et la plupart de ses SMS s'incrustent directement à l'écran, tout comme ses pensées lorsqu'il se lance dans une séance de réflexion intensive. Cela évite des explications inutiles et permet au spectateur de comprendre ce qui se passe dans la tête du héros principal. Le montage est également assez inventif, et l'ambiance londonienne si propre aux romans d'Arthur Conan Doyle est parfaitement reconstituée. La musique n'est pas en reste, et le thème principal parvient à dynamiser de nombreuses scènes.
Pourtant, tout n'est pas idyllique. Le rythme tour d'abord. Les épisodes durent environ 1h30 chacun, et cela fait un peu long : en effet, la série repose presque exclusivement sur les épaules de Sherlock Holmes, et cela ne poserait pas de problème dans des formats de 42 ou 60 minutes, mais quand on ambitionne de faire des mini-films d'une heure et demie, il faut développer un peu plus les personnages secondaires. Ce qui m'amène à Watson. L'interprétation de Martin Freeman ne m'a pas convaincu : son langage corporel manque de conviction et il parle avez le nez bouché, ce qui a le don de m'horripiler. Le personnage manque de profondeur, et si je tire un bilan après les 3 premiers épisodes, il ne sert pas à grand-chose dans le déroulement des intrigues : il se contente juste d'être un faire-valoir sans trop de charisme, et forcément, la performance de l'acteur en pâtit. C'est dommage, car Benedict Cumberbatch semble lui complètement habité par le personnage de Sherlock. Dernier reproche, sur les 3 épisodes de la première saison, le premier est excellent, le deuxième est mou et ennuyeux, et le troisième tire un peu trop en longueur.
Le bilan est donc assez mitigé, mais malgré tout, on sent qu'il y a un vrai potentiel dans cette adaptation moderne de Sherlock Holmes. Les bases de la série sont posées, et le célèbre détective est toujours aussi fascinant. Maintenant, il n'y a plus qu'à espérer que les prochaines intrigues soient plus rythmées, et que les personnages secondaires prennent un peu plus d'envergure.