Quand 'Sherlock' a début en 2010, ça a été une claque pour tout le monde : Sherlock Holmes de retour dans les années 2000, plus vrai que nature, totalement adapté aux technologies et aux meurtres de l'époque.
Le Docteur Watson et tous les personnages de l'univers de Conan Doyle trouvent parfaitement leur place dans un Londres moderne. Tout sonne juste, légèrement délirant, totalement enthousiasmant, avec un sens du rythme, du scénario, des répliques et du montage savoureux, et qui innove même les façon de mettre en scène les écrans de portable. On ne pouvait que remercier Marc Gatiss et Steven Moffat d'avoir pris le risque d'actualiser Sherlock, en en faisant la nouvelle star de la BBC, féliciter les acteurs Benedict Cumberbatch et Martin Freeman d'avoir incarné ces héros si British, et David Arnold d'avoir mis tout cela en musique.
Hélas, Sherlock est devenu victime de son succès et de l'enthousiasme provoqué par les foules. Après une première saison survoltée et une seconde saison qui pousse le détective dans ses limites, on se retrouve avec une saison 3 bizarre. Si le peps est toujours là, Sherlock commence à devenir un héros qui a toujours raison sur tout, tandis que les épisodes semblent tout faire pour donner à sa fan base toujours plus des effets scénaristiques et pyrotechniques qui ont fait leur succès.
Si les énigmes sont toujours bien mis en scène, et quelques questions mettent le détective de Baker Street en difficulté vis à vis de ses amis, Sherlock ne s'arrête jamais une seconde et commence à perdre toute crédibilité en tant que personnage.
La saison 4 finit de saborder le navire avec les propres ingrédients qui ont servi à le construire. La série perd les pédales, Sherlock Holmes devient insupportable, car il semble tout connaitre et tout voir juste depuis le début de l'épisode, sans jamais être mis en défaut. Les personnages autour de lui semblent ne plus savoir ce qu'ils font ici à part devenir des caricatures d'eux même, tandis que la vie mariée de Watson n'apporte clairement rien à la série. La remontée dans le passé se solde par un machin sans queue ni tête. Là où les créateurs auraient de la matière pour proposer des saisons de 6 épisodes prenant leur temps pour mettre en scène leurs énigmes et leurs personnages, tout devient noyé dans la bouillie de la réalisation qui part en roue libre sous ses effets pyrotechniques, montrant que "plus" ne veut certainement pas dire "mieux". Avec cette 4e saison, Sherlock a perdu toute tentative de revenir en terrain sur, et il n'y a plus qu'à espérer que la série se fasse sagement oubliée. Ça nous permettra de revenir savourer ses deux premières saisons et s'accorder pour oublier l'overdose qui a eu victime de ce magnifique ovni de la BBC.