Shiki est l'histoire d'un deuil. Le deuil d'un scénario qui fut sauvagement assassiné sous nos yeux. Un deuil qu'il faudra surmonter pour réussir à apprécier un anime plutôt sympathique, mais qui se révèle être dénué d'intérêt.
En tant que fan absolu du visual novel Higurashi no Naku Koro Ni, l'intrigue de Shiki m'a tout de suite captivé. Outre un premier épisode plutôt dispensable nous narrant les péripéties d'une pute en rose superficielle et méprisante/able, le scénario prend place dans un petit village de campagne isolé au milieu des montagnes, lieu propice pour le huis clos morbide qui s'apprête à s'y dérouler sous la forme d'une suite mystérieuse de décès. S'agit-il d'une épidémie ? La famille extravagante ayant nouvellement emménagé y est-elle pour quelque chose ? Ou y-a-t-il une autre explication à ce mystère ? C'est toutes ces questions que l'on est amenés à se poser au fil des premiers épisodes en suivant cette affaire à travers les yeux de différents habitants du patelin. Le tout dans une ambiance oppressante où l'on ne sait pas où ni quand la mort s'abattra à nouveau et où les funérailles finissent par devenir une routine.
Seulement, là où Higurashi arrivait à garder un mystère insondable sur pas moins de 7 tomes, Shiki balance tout aux oubliettes en seulement 5-6 épisodes, tuant par la même occasion tout l'intérêt que possédait le scénario jusqu'à présent. C'est donc toutes les étapes du deuil que l'on sera amené à explorer suite à cet infâme crime contre nature. Du déni, quand l'on essaye de se persuader qu'ils n'ont pas pu faire une erreur aussi grossière, qu'un tel ratage est inimaginable et qu'il y a surement une autre explication; à la colère, quand on peste contre l'opening ridicule et les chara-design dignes des pires shojos; pour finir par arriver à l'acceptation. Acceptation qui nous amène à profiter de l'anime et de son scénario dépossédé de son essence mais qui nous propose néanmoins un divertissement sympathique avec quelques rebondissements bienvenus et une ambiance morbide qui essaye tant bien que mal de remplacer le sentiment d'oppression si fort du début.
Techniquement, le rendu est assez faible et certains effets comme les larmes sont à la limite du ridicule (en la franchissant allègrement par moments). Le chara-design, comme dit précédemment, est assez perturbant au début et semble sorti tout droit d'un shojo. Les personnages en eux-mêmes sont pour certains plutôt appréciables avec certains questionnements amenés qui s'avèrent assez intéressants, là où d'autres sont tout simplement haïssables. Reste à savoir s'il s'agit là d'un point à blâmer ou à louer. Finalement, la musique rattrape un peu le reste en imposant une atmosphère pesante essayant du mieux qu'elle peut de garder le climat de terreur des débuts.
Pour résumer, malgré la déception qu'il m'a imposé, Shiki est malgré tout assez sympathique à suivre si tant est que l'on arrive à pardonner son scénario assez faiblard et son design qui risque d'en rebuter un certain nombre.