Toi qui crois trouver un pseudo Twilight vampirique, passe ton chemin.. Ici, c’est de Shiki dont on parle, Corpse Demon, ou poupées ressuscitées comme ils disent. Ici tu trouveras un village bien tranquille, au milieu de pas grand-chose et entouré de montagnes et de mort. Tu verras, la mort s’installe très vite dans l’histoire. Au début, quelques villageois, rien de bien méchant, c’est surement la grippe estivale... Ensuite, un tournant, des morts de tout âge, partout.
Coïncidence ou pas, la mort emménage en même temps que de nouveaux arrivants, les Kirishiki. Famille en tout point bizarre qui habite la grande maison de style occidental. Tu penses aussi qu’il n’y a pas de hasard…eh bien tu as surement raison ! D’autres personnes aussi commencent à le penser : ces jeunes gens d’abord qui voient au-delà de ce que conçoivent les adultes, un médecin qui ne trouve pas d’autre explication au fléau, un moine attiré par un être d'apparence angélique…
Ici, la mort ne fait pas de cadeau, l’amour ne sauve personne, bien au contraire. La tension monte à chaque épisode car on sait bien que tout peut arriver, qu’il n’y a pas de codes à suivre. Rien n’est sûr, à l’image de l’épisode 10, troublant au possible. Les questions fusent, qui sera le prochain ? qui le fera ? La mélancolie couvre de son voile la fin du chapitre...
Toi qui cherche l’horreur et le sang, tu trouveras ici de quoi t’abreuver à satiété. Mais il n’y a pas que ça dans Shiki. Il y’a aussi les gens, la société d’un village enfermée et fermée. Il y’a cette bande de petits vieux défaitistes qui se cachent derrière leurs ragots. Il y’a ces habitants qui continuent de faire l’autruche jusqu’à ce que la mort frappe à leur propre porte. Il y’a ce médecin obsessionnel qui dépassera toutes les limites déontologiques pour combattre son impuissance. Il y’a ce moine perdu et en mal être qui n’a pu choisir son destin. Il y’a aussi l’avènement d’une folie meurtrière, un mouvement de foule qui écrase tout et tous sur son passage au nom de sa justice. Il y’a ce moment, surréaliste, où tout le monde trouve normal de s’emplir les mains de sang…
Les limites deviennent floues entre le Bien et le Mal. La survie a dicté les lois des uns, et la vengeance a aveuglé les actes des autres. Les raisons des uns s’éclaircissent au fil du temps tandis que celles des autres s’assombrissent avec le temps. Bien ou mal, cela n’aura plus d’importance. Tu comprendras, quand ton cœur se serrera, que l’homme est un animal féroce, qu’il soit mort ou vivant.
Shiki est un animé qui débrident les codes du genre horrifique pour nous offrir un dessin des plus sombres. Adapté d’un manga illustré par Ryu Fujisaki, lui-même adapté d’un roman de Fuyumi Ono, l’univers de Shiki est très riche. La psychologie des personnages y a une grande place. Une belle fourchette de personnages d’ailleurs, avec des caractères différents et des motivations qui varient selon l’histoire de chacun. Les émotions sont au rendez-vous tout au long de la série, car ici tout le monde en a, à son niveau. Mais ici point de mièvreries, car chaque sentiment est lourd de conséquences.
Alors, si tu veux te perdre dans un monde qui pourrait te perdre, ressentir la tension et l’angoisse mais aussi une profonde tristesse, Shiki est la série parfaite pour toi. Par contre, si tu es une âme sensible, il faut te préparer à voir des scènes d’une grande violence. Le design est assez original, mais il colle bien à l'ambiance un peu perché de la série (malgré certaines coiffures à coucher dehors). Un dernier mot sur la bande son très réussie qui nous ballade d'un état à l'autre et qui accroît l'atmosphère morbide et inquiétante de Shiki: Pendulum.
Je finis avec ce discours approprié de Sunako Kirishiki:
La mort est toujours horrible, que la personne soit jeune, vieille, bonne ou mauvaise, la mort est toujours pareille. Il n'existe pas de mort spécialement horrible, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle la mort est tellement redoutée. Le comportement, l'âge, le caractère, la richesse et la beauté n'ont de sens que si l'on est en vie. N'importe quelle mort est horrible car elle réduit toutes ces choses à néant.