Cette année NBC aura livré Hannibal, probablement, rien que pour sa première saison, l'une des meilleures séries jamais créées - tant par sa mise en scène, que son ambition, que par son intelligence, que par sa violence jamais vu sur network - et, malgré des audiences foireuses, Steve Burke, PDG de NBC, annoncera une seconde saison "pour avoir une grille de programmes de qualité". Cette phrase peut paraître anodine, mais elle retranscris une véritable tendance : depuis la saison dernière, certains des "grands networks" semblent s'être enfin réveillé, proposant des séries bien meilleures pas loin de concurrencer celles du câble (HBO, AMC, Showtime). A travers un été plus ou moins réussi (la désillusion Under the Dome, la bonne surprise Orange is the New Black, la nouvelle AMC Low Winter Sun...), Siberia faisait presque figure d'outsider. Dès le début, les audiences ont été moyennes. Vendue comme une télé-réalité sauce-Survivor / Koh-lanta, jusqu'à reprendre son format de mise en scène et de montage (le générique est d'ailleurs conçu comme celui d'une téléréalité - pas de noms d'acteurs ni rien, celui des personnages de fiction du show), il est évident que beaucoup ont été déstabilisés : d'abord ceux qui s'attendaient vraiment à une télé-réalité, et qui n'ont franchement rien compris, et les autres, qui voulaient un vrai Drama, mais qui se sont retrouvé par une fausse télé-réalité qui se la joue found footage en mode Projet Blair Witch.
Le pilote en a perturbé plus d'un, et rares sont ceux qui sont passé à l'épisode 2 (suffit de faire un tour sur internet pour voir des réactions plutôt haineuses) - pourtant, et je l'affirme, je pense que la plupart on fait une erreur. Parce que Siberia, malgré ses défauts, est le meilleur Lost-like jamais réalisé. Il y a tout : des personnages géniaux, des relations qui se développent de belle façon, des scènes d'anthologie, des moments véritablement terrifiants, un sens du mystère assez incroyable (qui a d'ailleurs donné lieu, pour ceux qui comme moi suivaient la série en cours de diffusion - peu nombreux - à des véritables concours de théorie, comme j'en avais jamais vu depuis Lost, justement), et une véritable intelligence dans sa démonstration de la bestialité humaine, de l'instinct humain enfoui au plus profond de chacun...
Le problème, c'est que ça, c'était seulement les huit premiers épisodes.
En faites, il faut rappeler que la promo autour de Siberia a été assez particulière : NBC a visiblement voulu jouer la carte du flou, un peu à la Blair Witch ou Cloverfield justement, en proposant une promo virale : annoncée au début comme une mini-série, ensuite comme une première saison de huit épisodes, puis de treize, puis de douze... il y en aura finalement seulement 11. Le truc c'est que là où les épisodes 2 à 8 (le pilote est un peu à part, il faut le rappeler) formaient une véritable montée en puissance, j'ose même crier au chef d'oeuvre pour les épisodes 4 et alentours, les épisodes 9, 10 et 11 sont à peu à part : c'est comme si toutes les relations entre personnages avaient été effacés. Finalement, les haines, les amours, les coups de pute, intel qui parle dans le dos de l'autre, les tensions et les engueulades, s'évaporent complètement pour laisser la place à une série "aventure" se concentrant uniquement sur le "mystère" autour de la menace affrontée. C'est pour ça que la fin de cette saison est décevante, à l'exception du cliffhanger final qui est juste énormissime.
Et c'est triste - car si le cliffhanger redistribue toutes les cartes, il n'y aura sans doute pas de Saison 2 : Siberia a fait des audiences pourries, et à moins que NBC prenne à nouveau le risque de renouveler une série aux audiences médiocres, ou à moins qu'une autre chaîne (je pensais à Netflix) décide de sauver la série de l'annulation en rachetant les droits, il n'y aura jamais de suite... et il faut rappeler qu'une infime partie des mystères proposées par cette saison ont trouvée une réponse dans l'épisode final.
Ça permet de soulever autre chose, et je ne peux que déconseiller à ceux n'ayant pas vu le show de lire la suite de cette critique (du moins de ce paragraphe), donc je vais alerter avec un SPOILERS même si bon, c'est pas non plus très spoilant, c'est juste une théorie personnelle... là où Siberia a réalisé un petit coup de génie, c'est que malgré des éléments assez confus, on est toujours dans l'hypothèse que tout n'est qu'une manipulation des producteurs : des "hommes de vallée", aux "militaires", tout ne serait que du faux. On ne franchit jamais la limite de "l'improbable", et quelques éléments le laisse penser. FIN DES SPOILERS
Enfin bref, si Siberia avait continué sur sa lancée après l'épisode 8, j'aurais sans doute dit que c'était un petit chef d'oeuvre : car n'empêche, c'est très intelligent et super bien pensé... mais y a eut ce revirement et ces choix scénaristiques douteux qui ont un peu pourri la fin de saison - plaisante, mais moins addictive et moins futée. On est passé de la véritable perle du genre à un plaisir coupable pas génial. Et puis la frustration se fait ressentir : on pourrait ne jamais avoir la suite, et c'est bien dommage, car malgré sa fin en queue de poisson, Siberia mériterait une seconde saison. A voir dans tous les cas, et je ne peux que conseiller d'espacer le visionnage de deux épisodes - les théories foireuses, la réflexion, et tout ça - c'est peut-être pas grand chose, mais ça joue beaucoup sur l'intérêt de la série.