C’était attendu. Et pourtant c’est encore pire qu’attendu.
Tout le monde le savait. Aux neuf épisodes que comptait Squid Game au moment de sa sortie, en 2021, il n’y avait rien à rajouter. La satire sociale était aboutie. Le conte avait déjà délivré sa morale. La boucle était bouclée. L’ensemble équilibré. L’auteur lui-même le disait à l’époque, et nombreux étaient les spectateurs qui se retrouvaient également dans ce constat-là. Seulement voilà, Netflix a très vite tranché. Puisque Squid Game a été un succès, alors suite il devait forcément y avoir, et il n’a pas fallu longtemps à l’auteur Huang Dong-hyuk pour céder aux injonctions de la grande firme états-unienne. Il a cédé « pour l’argent » avouera-t-il d’ailleurs. Difficile de faire plus cynique. Difficile de faire plus belle démonstration par l’absurde de ce que la saison 1 entendait mettre en évidence.
Tu ne veux pas jouer ? Eh bien tu joueras.
Alors forcément, moi, face à cette annonce de marche forcée vers l’hécatombe, j’ai fait ce qu’ont sûrement fait une grande majorité de ces spectateurs qui restent reconnaissants de l’œuvre originale : j’ai quand même voulu voir. Non pas que j’ai été guidé par un morbide intérêt pour les jeux de massacre (comme semble tristement le croire Netflix). Disons plutôt que, si j’ai voulu m’aventurer dans ce triste projet, c’est surtout parce que j’étais soucieux du sort réservé à cette œuvre pour laquelle j’avais une sincère affection. Et je pense que, dans des cas comme le mien, c’est plus fort que soi. On ne peut s’empêcher de se dire que, malgré des règles du jeu totalement pipées, il y aura toujours un mince espoir – aussi chimérique soit-il – pour que notre champion s’extirpe miraculeusement du piège tendu sans finir en charpie. Croyance vaine malgré tout, car croire ça c’est déjà un peu se laisser soi-même piéger par le jeu. Certes, les heureux accidents sont toujours possibles avec ces grosses machineries odieuses. Mais bon, d’un autre côté, espérer deux heureux accidents d’affilé, c’est clairement se leurrer. Et à croire que ce Squid Game 2 – même pas intitulé Squid Game saison 2 (tout un symbole, on en reparlera) – avait déjà acté cet état de fait puisque, dès le premier épisode, il semble déterminé à tuer tout espoir. Tout ce que tu auras redouté le plus, Squid Game 2 le fera. Et en pire…
Voir se dérouler le premier épisode de Squid Game 2, c’est un peu comme assister à une profanation de sépulture avant même que l’enterrement n’ait eu le temps d’avoir lieu. Rien ne va. Il faut d’abord rouvrir cette intrigue que la saison 1 s’était pourtant évertuée à clore, et comme on ne voit pas trop comment faire – et surtout comme on a manifestement acté que rien de vraiment logique ne saurait le justifier – alors l’auteur se plie à l’exercice de la manière la plus grossière qui soit. Que le personnage de Jun-ho – le policier en quête de son frère – soit remis en selle pour reprendre sa quête là où il l’avait laissée, on peut encore l’accepter, soit. C’était attendu et il aurait d’ailleurs été surprenant que Huang Dong-hyuk ne reparte pas de cette base-là. A contrario, qu’on assiste à côté de ça au retour de Seong Gi-hun, a.k.a. n°456 – et cela dès le départ ! – ça, par contre, ça augure vraiment du pire tant la démarche peine à se justifier, narrativement parlant j’entends.
Parce qu’on ne va pas se mentir, il y avait quand même peu de raisons à ce que Ge-hun reste dans l’orbite du Squid game. Pourquoi n’a-t-il pas mis les voiles pour Los Angeles ? Pourquoi l’envie de traquer les organisateurs de ce jeu est-elle soudainement devenue plus forte que le fait de s’occuper de sa femme et de sa fille ? Impossible de trouver une réponse logique à ces questions si ce n’est la volonté cynique d’un auteur à refaire la même chose avec les mêmes ingrédients, sans se fouler.
Ça fait abusé ? Manifestement ce n’est pas un souci tant la nonchalance est très vite affichée à tous les étages, presque comme une note d’intention.
C’est terrible à dire, mais c’en est à un point où on lirait presque les termes du contrat signé entre Huang et Netflix à chaque minute passée devant ce Squid Game 2. Le deal est simple : il faut rempiler pour le plus d’épisodes possible ; et des épisodes qui fassent le plus « Squid Game » possible. La créativité n’est pas un enjeu, le propos non plus, d’où cette architecture d’épisode aussi évidente de lisibilité que consternante de pauvreté. En gros, on a affaire à une formule qui pourrait se réduire à ceci : on reprend la trame de la saison 1, puis on la dilue au maximum possible en allant régulièrement piocher parmi ces quatre outils :
1) l’insertion d’informations secondaires ;
2) la duplication de scènes ;
3) la lobotomisation sauvage des personnages ;
4) le recours à des mécaniques de suspense totalement éculées.
Et c’est ainsi qu’on se retrouve à enquiller des épisodes essentiellement composés de moments passés autour d’une table, sur un banc ou dans une voiture, durant lesquels deux personnages s’enquillent des tunnels d’exposition. On les répète une fois, parfois deux. Dans l’épisode 1, le plan de Ge-hun pour remonter aux organisateurs du Squid Game est même énoncé quatre fois. La première fois c’est Ge-hun qui l’explique à son homme de confiance autour d’une table. Dans la foulée, ce même homme de confiance ira l’expliquer à ses hommes de main dans une voiture. Puis, un peu plus tard, c’est Ge-hun ET l’homme de main qui vont à nouveau l’exposer à leurs nouvelles recrues. Et enfin, la chose sera à nouveau redite dans le métro, sur un banc, pendant que l’opération se mettra en place. Tout ça pour qu’au bout du compte, on attende une demi-heure avant qu’apparaisse enfin sur nos écrans l’amorce du début d’une ébauche de Squid Game, soit le retour de l’homme au ddakji procédant aux sélections de candidats.
Oui. On en est à ce niveau de dilution.
Pour vous dire les choses de telles manières à ce que vous puissiez vous les figurer clairement : à la fin du premier épisode, on ne sera pas allé au-delà de ça. On aura juste fait la rencontre de l’homme au ddakji, c’est tout. Pour la remise des cartons d’invitation, il faudra attendre l’épisode 2, et pour que le nouveau jeu commence enfin, il faudra attendre l’épisode 3 ! Rien que ça !
Mais comment Huang Dong-hyk s’y prend-il donc pour étirer sa trame sur un temps aussi long, vous demanderiez-vous peut-être. Eh bah c’est pourtant très simple. Comme annoncé plus tôt : 1) informations secondaires ; 2) duplication de scènes ; 3) lobotomisation des personnages ; 4) moments de suspense totalement éculés.
Et c’est ainsi qu’on assiste médusé à des arcs entiers consacrés à des personnages dont on se cogne totalement, pendant que Ge-hun met en place le plan le plus con du monde avec pour homme de confiance le gars qui, me semble-t-il, lui avait promis lors de la saison précédente qu’il le dépecerait et vendrait ses organes s’il ne remboursait pas sa dette. Et vas-y que Ge-hun se constitue une armée de bras cassés à qui il dévoile, sans précaution aucune, sa montagne de billets qui traîne, là, négligemment, sur un lit à la portée de tous. Et bien sûr il va donner une arme à tout ce petit monde, n’imaginant pas une seule seconde que quelque chose puisse mal se passer. Et je ne sais d’ailleurs même pas ce qui me consterne le plus dans ce genre de situation entre le fait que les personnages ne voient jamais les failles béantes de leurs plans ou bien le fait que la série ne semble pas les voir non plus.
Mais bon, en vrai, je pense que le vrai souci de Squid Game 2, ce n’est pas que la série ne voie pas les failles de son scénario. Non, je pense que le vrai souci c’est qu’elle n’en a manifestement rien à foutre. Encore une fois, le seul premier épisode suffit à donner le ton pour toute la saison. Les heureux hasards, les décisions anormalement stupides et les suspenses à deux balles semblent bien démontrer que, ce qu’on cherche avant tout à faire ici, c’est d'aller au plus simple sans s’embarrasser de ressorts narratifs trop travaillés. A ce niveau-là, les exemples peuvent se ramasser par pelletées entières.
Oh bah tiens ! Heureusement que Jun-ho a procédé à un contrôle routier tout ce qu’il y a de plus hasardeux sur Ge-hun, sinon comment aurait-il pu espérer le retrouver à la fin de l’épisode !
Et puis heureusement aussi que Ge-hun ne pense pas à mobiliser toute son armée de bras cassés pour faire suivre l’homme au ddakji, sinon ça aurait été trop facile et on n’aurait pas assisté aux deux séances finales de roulette russe ! (Magie de la duplication, bonsoir !)
Et puis dites donc, heureusement enfin que Ge-hun n’a pas eu peur d’y jouer à ce défi de la roulette russe, sinon on serait vraiment passé à côté d’une scène au suspense in-sou-te-nable ! Parce que bon, quand après le premier tir à blanc, l’homme au ddakji annonce à Ge-hun qu’il ne lui reste plus cinq chances de survivre, on ne se doute PAS DU TOUT que la balle partira au dernier tir, mais alors PAS DU TOUT ! Du coup, quel bonhomme ce Ge-hun quand même hein ! Parce que l’air de rien, il aurait très bien pu prendre le flingue et tirer sur l’homme au ddakji jusqu’à ce que le coup parte hein ! Il savait déjà que ce qu’il cherchait était dans la poche de veste de son imbécile d’adversaire ! C’était plié en un rien de temps avec un risque zéro, mais NON ! Ge-hun il est comme ça lui ! Il a de la burnasse ! Certes, il est passablement con de risquer ainsi sa vie mais – qui sait – peut-être que lui aussi avait déjà compris à ce moment de l’intrigue que le scénario était écrit avec le cul et que, par conséquent, il n’allait rien risquer jusqu’au dernier épisode !
Et je tiens à rappeler une chose : pour le moment je me suis surtout attardé sur les débuts de ce Squid Game 2, mais j’insiste bien : toute la saison est comme ça. TOUTE.
Aucun espoir n’est jamais permis. A aucun moment.
Les épisodes s’enchaînent les uns après les autres sans qu’ils ne dévient un seul instant de ce triste rail du cynisme. Du début jusqu’à la fin, on reprendra le même cheminement que celui de la saison 1, avec les mêmes motifs, les mêmes péripéties, voire même presque les mêmes personnages mais en diluant le plus possible, à tout bout de champ, et cela en utilisant sans cesse les mêmes outils de délayage.
C’est ainsi que Huang est parvenu à étaler ce Squid Game 2 sur quatorze épisodes (interminables) épisodes, là où la saison 1 n’en comptait que neuf. Et bien évidemment – parce que c’est certainement plus rentable pour une plateforme qui a fait du binge watching une norme – on va diffuser ça en deux fois ! Eh oui ! Deux saisons pour le prix d’une ! La scission entre les deux saisons est maladroite comme jamais et donne l’impression de laisser en suspens un truc qui a à peine eu le temps de s’élancer, mais est-ce vraiment là le genre de chose qui pourrait encore déranger Huang ? Comment pourrait-il l’être au regard de tout ce qu’il pu déjà commettre au sein de cette saison 2 sans que ça ne le fasse manifestement broncher ?
Par exemple, est-ce que ça l’a dérangé d’avoir dilué son intrigue au point qu’on n’entre vraiment dans le jeu qu’à partir du troisième épisode ? Non !
Est-ce que ça l’a dérangé de nous ressortir littéralement le même premier jeu de massacre, à savoir 1, 2, 3, soleil ? Non plus !
Est-ce que ça l’a dérangé de faire en sorte que Ge-hun réagisse toujours à contretemps afin de ne surtout pas perturber le bon déroulement des événements ?
...Parce que, bon, on est d’accord que ça aurait été bien plus intelligent pour Ge-hun qui – je le rappelle au cas où – cherche à arrêter le jeu, d’annoncer à tout le monde qu’il a déjà participé au Squid Game AVANT que les gens ne signent et non pas après. Idem, ça aurait aussi pu être intéressant qu’il vérifie si sa dent creuse était toujours équipée de son transmetteur AVANT de signer le contrat de sa participation et non après. Ça aurait pu aussi être intéressant qu’il évoque les mises à mort AVANT le début du premier jeu ! Qu’il annonce qu’il était le seul survivant du Squid Game précédent AVANT le début du premier vote ! Qu’il révèle aux autres candidats qu’il lui reste l’essentiel de son magot à la maison et qu’avec il pourrait dédommager les joueurs les plus hésitants AVANT qu’ils ne se décident à rempiler pour un tour de piste supplémentaire ! Huang Dong-hyuk a-t-il été dérangé de procéder à toutes ces absurdités absolument hallucinantes juste pour se faciliter la vie et reproduire à l’identique la trame du premier Squid Game dans le second ?
Non ! Bien sûr que non, ça ne l’a pas dérangé !
Moi, je vous l’avoue, j’ai vraiment regardé ça dans un état de totale sidération. A chaque scène je restais là, bêtement, la bouche ouverte, en me disant « non, ils n’ont quand même pas osé... » Eh bah pourtant si, à chaque fois, ils avaient osé. Et à pieds joints.
Reproduire chaque scène de la saison 1 quasiment à l’identique, comme si on ne l’avait jamais vue ? Ils ont osé.
Refaire à la fin de chaque jeu le coup du suspense insoutenable par rapport à l’issue du vote ? Ils ont osé.
Faire en sorte qu’il y ait toujours une majorité de gens qui ne se refusent à comprendre qu’ils vont tous crever au bout du compte ? Ils ont osé.
Faire une demi-douzaine de debriefs de la situation avant, pendant et après chaque jeu pour diluer le plus possible la sauce ? Ils ont osé.
Produire parmi les personnage un duplicata foireux de la fanatique gourou de The Mist ? Ils ont osé.
Faire en sorte qu’il y ait à nouveau un organisateur infiltré parmi les 456 ? Ils ont osé. Lui donner le même numéro que lors de la saison précédente ? Ils ont osé.
Nous le révéler d’emblée ? ...Rien ne les arrête. Ils ont bien évidemment osé !
Le personnage de Thanos ? Ils ont osé.
Nous sortir des tétra-caisses d’arcs narratifs secondaires autour de chacun de ces pseudo-personnages pour diluer encore davantage la sauce ? Ils ont osé.
Réduire l’existence de Jun-ho dans cette saison au seul fait de chercher à nouveau quelque chose dans le vent ? Ils ont osé.
Croire qu’on ne grillerait jamais la présence d’un traître dans l’entourage de Jun-ho et surtout croire qu’on ne grillerait jamais son identité ? Ils ont osé.
Et puis surtout, tourner tout ça au ridicule, ça aussi, ils ont osé.
Et d’ailleurs prenons juste ça. Juste ce dernier point. Prenons-le et sachons le considérer pour tout ce qu’il parvient à nous dire de ce Squid Game 2. Je répète donc tellement c’est difficilement croyable : Huang Dong-hyuk a jugé que ça pourrait être pertinent de faire en sorte que, régulièrement, il tourne la plupart des composantes de sa série en ridicule.
D’un côté, ce sont ces personnages de clowns qui, ici ou là, se comportent comme des demeurés et que leurs interprètes surjouent jusqu’à risquer la rupture d’anévrisme. De l’autre, ce sont ces moments de jeu tournés comme des farces, musiques de mauvais cirque à la clef. Et là encore, je pense qu’il n’est pas superflu que je répète ce que je viens d’écrire : des scènes de jeu sont tournés comme des farces. Je rappelle qu’on parle de Squid Game ! On parle d’un jeu de massacre hein ! Un jeu durant lequel sont abattus froidement et gratuitement des gens ! Un abattage qui – pour rappel toujours – était une dénonciation de la cruauté et des vices de la société capitaliste actuelle ! Bref, dit autrement, en transformant ces scènes de mises-à-mort en spectacles burlesques totalement déshumanisés, Squid Game 2 se pose comme la quintessence même de ce que condamnait Squid Game premier du nom !
A ce niveau-là, on est au-delà du simple cynisme à visée rémunératrice. A ce niveau-là on est carrément dans le sabotage. Pur et simple. Et c’en est à tel point que je le pense sincèrement – au premier degré – et selon ces termes.
Du sabotage.
Trop souvent la série offre des moments où elle montre qu’elle aurait pu faire les choses différemment, comme si elle cherchait à afficher non pas son incapacité à faire mieux mais bien sa volonté ostensible à ne jamais se faire créative.
Épisode 1. Rappelez-nous de ce fameux jeu sadique pratiqué par l’homme au ddakji et qui n’aboutit finalement à rien. Il se conclut au bout du compte en eau de boudin, presque en mauvaise blague, avec cet homme en costume qui piétine tous ses pains comme un imbéciles un peu frappé. La série sacrifie volontairement l’une de ses rares idées originales. Ce n’est peut-être pas si anodin que ça.
Même chose - toujours dans l’épisode 1 – on surprend à un moment donné des hommes en rose au milieu de toute une foule masquée à l’occasion d’Halloween. L’image est tellement porteuse. Imaginer un Squid Game en plein air, au nez et à la barbe des autorités – voire même avec l’appui et la complicité de certaines autorités - ça augure soudainement d’une toute autre série ; d’un vrai renouvellement… Mais non. Derrière ça, l’un des personnages principaux va se précipiter d’enfiler un masque de cheval. Énième calembour ridicule. L’idée est tuée dans l’œuf.
Épisode 3. Nouvelle itération du jeu 1,2,3 soleil. Ge-hun finit enfin par intervenir et révéler les principes du jeu. Après les premiers tours de tête de poupée – et contrairement à ce qui était survenu lors de la première saison – il n’y a toujours aucune victime. Par ce moment, la série ouvre soudainement la voie à l’idée d’une alternative au sein de la répétition. Et si quelqu’un connaît les règles et les déjoue au service de tous ? Et si à la fin il n’y a aucun mort, comment le jeu s’adapte-t-il ? Comment cherche-t-il à désolidariser celles et ceux qu’il ne peut exploiter que par leur désunion individualiste ? L’idée semble posée-là juste le temps qu’on puisse la considérer. Et puis, dès la minute suivante, on tue ça dans l’œuf de la manière la plus stupide qui soit. Thanos prend une petite pilule magique et – zou ! – sans qu’on sache vraiment pourquoi, il pousse des gens. Premières balles tirées. Premiers morts. Reproduction des mêmes réflexes à la con. La promesse d’alternative est immédiatement canardée en mode Duck Hunt et, encore une fois, elle s’est faite canardée par l’entremise d’une boutade ridicule.
Et puis dernier exemple, parce que je ne me vois pas ne pas en parler : le fameux épisode 7. C’est le dernier épisode de la saison au moment de la rédaction de cette critique (janvier 2024). C’est d’ailleurs le seul moment où le scénario se risque à entreprendre quelque chose de nouveau par rapport à la trame de la saison 1. Seulement voilà, là encore, cette micro-prise de risque, est très vite éventée par la triste formule ici mise en application. Très vite la rébellion des candidats se dilue, s’étale en multitude de scènes de fusillades qui se répètent (Ah ça ! Ils en auront tiré des balles alors que leurs chargeurs étaient presque vides!) et tout ça se conclue tel qu’on se l’était imaginé. Au bout du compte tout ça finit par retourner sur son rail. La rébellion échoue. Et vous verrez que lors de la prochaine saison, Ge-hun, après une petite discussion avec l’homme au masque, négociera son retour dans le jeu. Et on pourra alors reprendre comme si de rien n’était. Cet épisode 7, pour moi, c’est vraiment le fuck ultime. Le dernier moment où on te rappelle bien qu’il ne se passera strictement RIEN de nouveau dans ce Squid Game 2.
Peut-être que je me leurre en m’imaginant ça, mais je ne peux m’empêcher de me dire que si, au bout du compte, Huang s’est montré aussi outrancier dans son Squid Game 2, c’est peut-être tout simplement pour rendre cette suite obsolète. Squid Game 2 n’apporte rien. Strictement rien. Avec le temps, il y a de fortes chances que personne n’en retienne rien. Ne restera alors que Squid Game 1. Une manière comme une autre de prendre la valise et de sauver un peu son bébé d’une manière détournée.
Je me leurre sûrement en m’imaginant cela, j’en conviens. Pourtant je me le dis quand même. Je me le dis parce qu’à bien tout prendre, c’est sous ce seul angle que l’existence de ce Squid Game 2 prend du sens. Après avoir dénoncé les mécaniques odieuses et sournoises du capitalisme, Squid Game prend pour parti de les incarner. Une manière comme une autre de dire que rien ne pourra être sauvé ; qu’un heureux accident ne peut survenir qu’une seule fois avec cette perfide machine, mais jamais deux. A la fin, le jeu gagne. Toujours. C’est la seule explication qui me permet à la fois d’expliquer que Huang ait pu être l’auteur visionnaire du premier Squid Game et le yes man pathétique du second.
En tout cas, pour ma part, j’ai fait mon choix. Pour la saison 3 je laisserai Huang avec sa valise, en espérant qu’il sera en faire un bon profit.
Alors tchao, pantin. Prends l'oseille et tire-toi. Des artistes vendus comme toi, on ne les regrettera pas.