Suburra est à classer parmi les séries où l'on voit les personnages mettre le doigt dans un engrenage dont on sait qu'il leur est impossible de se retirer, et qu'il les emmènera toujours plus loin dans les ennuis. Elle est en cela comparable par exemple avec Sons of Anarchy, et comme cette dernière, j'ai dévoré Suburra à très grande vitesse.
Pour poursuivre les comparaisons, on peut citer la française Braquo... Même descente en enfer, même présence de "héros" que l'on apprécie malgré (ou pour) leur propension à faire des choix lourds de conséquences, même rythme et même climat de danger permanent. Amusant d'ailleurs de voir que Jean-Hugues Anglade, l'acteur principal de Braquo, a joué dans le film Suburra sorti deux ans plus tôt et tiré du même livre que la série.
En ce qui concerne les acteurs de la série donc, on peut dire qu'ils s'en sortent vraiment bien, nous offrant une bonne diversité de personnages. Le temps de focalisation est assez bien réparti entre les six rôles principaux (les trois jeunes, mais aussi Samurai, Sara Monaschi et Amedeo Cinaglia). Pas de lassitude, et pas d'envie d'en finir au plus vite avec certains pour en revenir aux autres. Mentions spéciales à Francesco Acquaroli (parfait dans ce rôle de boss de la pègre qui nous fait penser à notre papa - mais un papa avec lequel il ne faudrait quand même pas trop tenter de déconner) et Eduardo Valdarnini (beau gosse de la classe qui se retrouve confronté à des problèmes qui le dépassent largement).
Chaque épisode débute par un flash-forward sur sa propre fin, construction intéressante bien que ne révolutionnant pas le genre. On se demande comment les personnages ont pu se retrouver dans une telle situation, et on obtient les réponses en une petite heure de négociations, de chantages et de fusillades. A noter que les scènes de sexe sont bien moins présentes que ce qu'avait laissé envisager l'ouverture du premier épisode.
Esthétiquement parlant, on navigue entre des plans sur les monuments romains, qui raviront les adorateurs de la cité éternelle, et d'autres décors bien plus épurés. J'ai lu des critiques qui évoquaient les tableaux d'Edward Hopper. En effet, le bar du Samurai n'est pas sans rappeler Nighthawks, et le restaurant des Adami nous ramène aux Rooms by the sea.
Ces références américaines ne m'ôtent pas le plaisir de découvrir cette série bien italienne, dont la langue colle si bien à l'ambiance. Je ne suis pas un spécialiste des séries transalpines, je n'ai par exemple pas encore vu Gomorra, à laquelle est souvent comparée Suburra, mais en tout cas, en ce qui concerne cette dernière, j'en redemande !