Cette série au concept de base vu et revu tant au cinéma qu'à la télévision, c'est de l'or en barre.
Déjà, niveau scénario c'est sûr qu'on peu pas crier à l'originalité + +. Mais on sait tous très bien que l'originalité est un concept tout relatif, personne n'est capable de faire quelque chose de fondamentalement nouveau, c'est un fait qu'on apprend très vite en art.
Ce qu'on peut essayer de faire en revanche, c'est de donner de la vie à cette idée et en faire quelque chose qui happe, qui passionne, et qui donne une certaine addiction.
Supernatural, c'est ça. C'est un concept non original traité de façon magnifique. Aux premiers épisodes, encore tâtonnants, on se dit sans trop de conviction "je vais regarder ça", puis petit à petit on se laisse entrainer dans ce tourbillon jusqu'à se rendre compte qu'on a attéri dans la fandom et qu'on attend avec une impatience démesurée la nouvelle saison, qu'on enrage lors du hiatus hivernal (plus aucune série ne délivre de nouveaux épisodes de décembre à février), et enfin qu'on attend avec une angoisse profonde l'annonce de la fin de la série.
Pour moi, il s'agit de tout ça, Supernatural m'a embarquée totalement, sans aucun doute et sans laisser aucun morceau derrière, c'est vraiment la première fois dans mon histoire série-iste que je me sens autant connectée avec un univers télévisuel, en somme c'est la première fois de ma vie que je peux dire - moi qui n'ai jamais eu de préféré dans quelque domaine que ce soit - "c'est ma série préférée".
Car tout est là, il n'y a pas de mystère, un univers passionnant, qui nous fascine toujours d'une façon ou d'une autre - fantômes, démons, anges, et une myriade de créatures mythiques, de dieux païens, de monstres issus de contes racontés sur des millénaires au travers du monde. De la goule au dragon en passant par le loup-garou, le djinn, le wendigo, les sorcières, etc, ils y sont presque tous.
Des personnages - et quels personnages! - à commencer par les deux frères qui représentent les personnages principaux: Sam et Dean Winchester, deux frères semble-t-il au début ne se comprennent pas mais qui gardent toujours en eux un lien fraternel d'une puissance rarement égalée. Ils ont vécu la même vie de chasse sous la coupe d'un père militaire broyé par la perte de sa femme dans des conditions tragiques - ils sont parfois plus que frères, ils sont ce qu'on peut appeler des âmes sœurs, l'un avec l'autre ils se complètent - mais se détruisent aussi, chacun est la faiblesse de l'autre - l'un sans l'autre ils sont perdus.
Ces deux personnages en plus d'avoir une relation complexe et passionnante à regarder, sont joués de main de maitre par Sam Padalecki et Jensen Ackles, leur amitié réélle dans la vie donne une force à ce lien qu'ils jouent à l'écran.
D'autre part - on s'en rend fort bien compte en regardant la série comme en les observant lors des diverses conférences données aux Comic Con - sont d'une drôlerie touchante qu'il est difficile de ne pas aimer.
Ces deux là - en vrai comme à l'écran - sont d'un humour débordant qu'ils parviennent à nous transmettre sans un seul accroc - comme c'est le cas pour les autres têtes d'affiche à savoir Mischa Collins (Castiel), Jim Beaver (Bobby), Mark Sheppard (Crowley) et les autres.
Les personnages de Supernatural comme les acteurs sont une grande famille à laquelle ils nous donnent l'impression d'appartenir. C'est aussi ce qui fait la qualité de sa fandom.
Eric Kripke nous offre là une série magistrale qu'on ne peut plus lâcher une fois qu'on est dedans, avec humour et auto-dérision (comme en témoigne le désopilant épisode 15 de la saison 6 - qui réalise d'ailleurs un vieux rêve de gamine: que les univers des séries soient des univers parallèles).
A chaque épisode, le cadre est différent, difficile d'y trouver un point de repère, un symbole défini par un lieu, car les frères Winchester vont de ville en ville sans (presque) jamais définir un lieu comme leur maison (ce sera le cas dans la saison 8 et 9). A ce problème d'identification par le lieu Kripke à trouvé l'idée qu'il convenait d'avoir, et elle tient en ceci: Chevrolet Impala 1967. Une voiture de légende, racée, dont l'esthétique colle parfaitement avec cet univers.
Comme beaucoup de films et séries - Batman et la batmobile, Shériff fais moi peur et la Général Lee, Starsky et Hutch et la Gran Torino blanche et rouge - Sam et Dean ont l'impala 67, cette voiture devient un élément indissociable du décors comme de l'intrigue. Mieux, elle devient un personnage à part entière.
Cette voiture représente l'histoire personnelle de ces deux hommes, leur passé, leurs souvenirs, y sont encore ancrés. Cet aspect est explicité par le monologue de l'épisode Swan Song (par ailleurs très utile pour comprendre les relations entre les personnages), par Chuck (en VO, vu que je ne conçoit pas de regarder cette série en VF) :
" The Impala, of course, has all the things other cars have... and a few things they don't. But none of that stuff's important. This is the stuff that's important. The army man that Sam crammed in the ashtray - it's still stuck there. The Legos that Dean shoved into the vents -- to this day, heat comes on and they can hear 'em rattle. These are the things that make the car theirs -- really theirs. Even when Dean rebuilt her from the ground up, he made sure all these little things stayed, 'cause it's the blemishes that make her beautiful. The Devil doesn't know or care what kind of car the boys drive. "
Je vais vous en donner une petite traduction si vous n'êtes pas amis avec l'anglais:
"L'impala, bien sûr, a tout ce que les autres voitures ont.... et quelques petites choses qu'elles n'ont pas. Mais aucune de ces choses n'est importante. Voici les choses importantes. Le petit soldat que Sam à coincé dans le cendrier - il y est encore. Les Légos que Dean à fait tomber dans la ventilation - jusqu'à aujourd'hui, la chaleur monte et on peut les entendre cliqueter. Ce sont les choses qui font que cette voiture est la leur - vraiment la leur. Même quand Dean l'a retapée du sol au plafond [ndlr: elle avait été détruite par un camion], il a fait en sorte que toutes ces petites choses restent. Parce que ce sont les blessures qui la rendent belle. Le Diable ne sait pas ou se moque de savoir quelle sorte de voiture les garçons conduisent."
Voilà pour quelle raison il me fallait bien parler de cette Impala, on ne peut pas concevoir qu'elle disparaisse de la série. Quand pendant presque toute une saison Dean à dû la laisser au garage, en tant que spectateurs on a été beaucoup à ressentir une gêne, une impatience de la retrouver.
Le dernier point que je voulais aborder est la couleur musicale de cette série. Celle-ci s'ouvre sur AC/DC, qui fera office de générique lors des premières saisons.
Le "vrai" générique ne dure que cinq secondes et change à chaque saison, mais il est tout de même important car l'esthétique de chaque générique renvoi à l'intrigue et au "grand méchant" ou au problème principal de la saison. On peut critiquer ce générique très court mais c'était couillu quand même, en moins de cinq secondes on identifie parfaitement toute la saison, c'est bien joué.
Cette série est résolument hard rock / heavy. On y retrouve des artistes excellents comme Led Zepellin, The Black Keys, Guns'n'Roses, Metallica, Blue Oyster Cult et bien d'autres.
Outre le fait que ce soit un genre de musique que j'adore, ça participe au ton global de la série. Les scènes de rivalité fraternelle (normale dans toute relation de ce genre) est symbolisée par les choix musicaux très différents de Sam et Dean. Quand Dean est féru de hard rock, Sam lui préfère Bon Jovi et la country.
Pour conclure cette critique, je dirai simplement que Supernatural est une série excellente et addictive, pleine de surprises, de "magie", d'émotion (oui j'ai pleuré au dernier épisode de la saison 8, j'avoue) - qui n'a jamais rien de gnan-gnan je vous rassure, d'humour - je ne crois pas avoir jamais autant ri avec une série sans que ce soit pour me moquer, elle est vraiment très drôle.
En bref c'est une série absolument magnifique que je conseille à tous de voir (jusqu'au bout - et en VO si possible pour ne pas perdre les subtilités de dialogues, très mal retranscrites en français).
Le mot de la fin: "Son of a bitch!"