« You gonna look out for me, Sergeant Carver ? »
Difficile de faire un bilan de The Wire. Je sais même pas par où commencer. C’est typiquement la série que j’aurais adoré suivre lors de sa diffusion, tant son statut de « meilleure série de tous les temps » est amplement mérité. Je ne sais plus qui disait ça (il me semble dans un docu consacré à la fin de la série) : dans quarante ans, on regardera la série de David Simon comme aujourd’hui on lit du Dickens. The Wire est la fresque d’une ville, Baltimore, et de ses habitants, tout le monde l’a déjà assez répété, mais c’est aussi la représentation de son époque et de ses contextes sociaux.
Là où la première saison se basait sur l’intrigue plus basique « gendarmes et voleurs » (c’est plus complexe que ça, je sais), la seconde se concentre sur les docks et les syndicats, la troisième sur le monde politique, la quatrième sur l’éducation et la cinquième sur les médias. Laquelle est ma préférée ? La quatrième sans hésitation – la plus forte, la plus marquante, la fin étant un véritable coup de maître et l’un des moments de fiction les plus bouleversant tous supports confondus – l’intelligence en sous-propos de ce que laisse envisager la fin de cette saison rend le tout encore plus immortel. En deuxième place je mettrai justement la seconde saison, sur le moment j’étais un peu déçu (du virage orchestré par la série, assez déroutant), mais avec le recul et au fil des épisodes sa profondeur et ce milieu des docks a finalement remplacé les Tours dans mon cœur. Si ces deux saisons là sont mes préférées, difficile de départager les saisons une et cinq pour la troisième place : à la fois repenser à la première me rend nostalgique, mais la fin de la saison cinq est une réussite totale, même si la saison est émotionnellement moins forte que les autres, et surtout, passer après la saison quatre était plutôt difficile. Dans tous les cas, en dernière place, je mettrai la Saison trois, qui reste excellente, mais qui est celle qui m’a le plus ennuyé (avec des guillemets – j’ai adoré aussi, hein, c’est juste selon moi la moins réussie).
C’est quand même avec la larme à l’œil qu’on quitte Baltimore. Qu’on quitte tous ces mecs, morts ou disparus en cours de route ou non, dont mes préférés resteront Gus Haynes, Ziggy Sobotka, Prezbo, Omar Little et Lester Freamon. Le plus fou dans tout ça c’est que David Simon parvient à nous identifier à tous ces gens, qu’ils soient flics, journaleux, dealers ou profs – on s’attache à eux malgré leurs défauts, on les aime, et quand on les quitte, pour la plupart lors du Grand Final, on sent un gros vide « c’était la dernière fois ». J’ai rarement été aussi bouleversé au moment de terminer un show télévisé. Et encore plus qu’au moment de visionnage, c’est après celui-ci qu’on se rend compte de la réelle majesté de The Wire : la meilleure série de tous les temps ? Sans aucun doute, il est impossible d’égaler une telle perfection (mais peut-être que le temps me fera mentir). A tel point que la série de David Simon parvient à écraser toute concurrence de par sa qualité : que ça soit des prisonniers d’Oswald, des croquemorts, des mafieux ou des Targaryens, rien n’égalera jamais The Wire – car cette série est plus qu’une série, cette œuvre est plus qu’une œuvre, c’est au-delà de l’art : c’est la peinture de génie d’une époque, de notre monde.
Parfait.