I'm sick of being the weird one

Commencé sur un coup de tête - "dieu, mais c'est vrai qu'ils sont choupi ces bébés mi-humains mi-animaux dans ce teaser qu'on m'a déjà servi 140 fois en 2 jours" -, binge-watché dans la foulée parce que mon self-control est proche de zéro devant le bouton "next episode" contre lequel j'envisage soit-dit en passant de tenter une class action pour disruption de la vie quotidienne et du sommeil ; aux côtés de mon chat, qui ne voyait pas forcément d'un bon œil ma fascination malsaine pour les membres juvéniles d'une espèce inexistante, située grosso modo entre elle et moi.

Sweet Tooth est comme beaucoup l'ont fait remarqué une série mignonette, mièvre, cul cul la praline, ce que vous voulez, ça dégouline de bons sentiments, la guimauve est au rendez-vous dans 9 scènes sur 10 et la morale n'est pas originale pour deux sous et pourtant, contre toute attente, ça marche. Enfin bien sur, pas avec tout le monde. Mais avec moi oui, et je n'ai pas honte d'admettre que j'ai senti mon cœur se liquéfier à de nombreuses reprises devant Sweet Tooth, comme par exemple lorsque Gus défend la vie de son protecteur de fortune, Jepp, contre l'armée des enfants perdus qui n'attend que de donner le pauvre homme en pâture à un tigre. Oui, oui, un tigre, vous m'avez bien lu.

Parce que oui, c'est vrai que Sweet Tooth ne nous laisse pas en reste en termes d'incohérences, entre des animaux de la savane africaine à l'état sauvage en Amérique du Nord, et le tigre de la scène susmentionné, on est moyen niveau réalisme. M'enfin, il faut garder à l'esprit qu'on parle d'une série qui part du postulat que l'on a créé des hybrides humains/animaux en cherchant un vaccin pour un virus qui a été nommé un total de zéro fois pendant toute la saison et qu'on a, se faisant, créé un virus par accident. Alors, non, je ne m'appelle pas Dr Raoult, je ne suis pas plus diplômée en médecine que je n'ai de doctorat en immunologie, en épidémiologie ou même en génétique, mais l'explication scientifique me semble quand même méga bancale, et ce même du haut de mes maigres connaissances en la matière. Mais encore une fois, passons. On ne regarde a priori pas Sweet tooth pour sa rigueur scientifique, que cela touche à la virologie ou à la zoologie. Cette série n'a pas pour ambition de nous enseigner les rudiments de la biologie en 7h sur Netflix. C'est bien dommage, me direz-vous, mais ce n'est simplement pas le cas, il faut choisir ses batailles.

Maintenant, que nous apporte Sweet tooth alors ?

Mais plein de choses, mes bons amis, plein de choses.
Déjà, vous l'aurez compris, des bons sentiments dans tous les sens et ça ça fait du bien, surtout qu'on n'a presque aucun arc narratif romantique dans toute la série et ça, ça fait encore plus de bien. Marre des arcs narratifs romantiques qui ne servent qu'à meubler et qui sont aussi creux que les paroles d'un homme politique avant les elections. Mais fermons cette parenthèse et n'oublions pas de mentionner que Sweet Tooth c'est aussi des décors à vous donner envie d'investir toutes vos économies dans un sac de rando quechua (oui, vous n'avez pas beaucoup d'économies, vous êtes pauvre, désolée); de partir à l'aventure dans la forêt la plus proche de chez vous et de ne plus vous approcher à moins d'un kilomètre de toute forme de civilisation humaine avant... avant jamais en fait, de ne plus jamais revenir.

Donc oui reprenons, des bons sentiments, des envies de maison de campagne type cabane dans les bois, de reconversion professionnelle en guide forestier à la retraite, d'acheter un sketchbook pour gribouiller des dessins dedans et créer des livres pour enfants artisanaux, des fois qu'on vous refourguerait un bébé dans un milieu post-apocalyptique sans vous demander votre avis et enfin une bonne dose de moralisation écologique.
Alors ne vous méprenez pas, à ce niveau-là, je suis aussi écolo qu'on les fait - mon chat peut témoigner à ce sujet - donc ça ne me fâche absolument pas les coups de "ces parasites sans le moindre scrupule qu'on appelle communément les humains ont complètement bousillé la planète en faisant preuve d'une cupidité qui n'a d'égal que leur stupidité", j'adhère à 2000% à ce genre de discours, misanthrope all the way, yay. Mais je comprends que ça puisse en faire tiquer certains. "Mais où est le sens de la mesure ? Non, le changement climatique n'a pas que des effets néfastes... Puis comment prouver que les humains en sont les seuls responsables? Le climat a toujours évolué d'une époque à l'autre... J'ai lu un article récemment qui disait que..." : ceux-là.

Donc oui, si vous êtes allergique aux discours alarmistes sur la destruction de la planète par vos congénères, si les discours d'acceptation de soi vous paraissent hautement soporiphiques et que les passages qui se veulent émouvants vous filent à tout les coups ou presque la gerbe, Sweet Tooth risque de vous plaire autant qu'un beefsteak saignant à un végane.

Mais si vous aimez plutôt bien l'écologie, les bons sentiments, les décors naturels sympathiques et les séries bien rythmées, Sweet Tooth ne devrait pas vous décevoir.