«Qu’est-ce qui marche sur deux pattes le matin, quatre le midi et trois le soir?» Franchement, la première devinette n’est pas hyper nouvelle ni très difficile. Même un peu tordue, on reconnaît vite l’énigme que le sphinx pose à Œdipe lorsqu’il arrive à Thèbes. Reste que l’enjeu a de quoi paralyser : la question est posée sur YouTube par deux jeunes gens, camouflés derrière des masques de sentai (les séries façon Bioman). Elle s’adresse à la police de Tokyo, qui a les oreilles grandes ouvertes depuis que la mairie a été la cible de plusieurs explosions. La réponse à cette énigme doit permettre de localiser l’emplacement des prochaines bombes artisanales.
La série s’appelle Terror in Resonance. Son auteur est un très grand nom de l’animation japonaise : Shinichirô Watanabe. S’il n’a pas la renommée d’un Miyazaki en France – la faute, peut-être, au fait qu’il n’ait pas réalisé de long-métrage destiné au grand public —, il est l’un des auteurs les plus doués de sa génération et a signé quelques classiques du genre : Cowboy Bebop, peut-être la plus belle œuvre de science-fiction des années 90, Samurai Champloo, relecture moderne et hip-hop des récits de samouraï sans maître, la jazzy Kids on the Slope et, plus récemment la SF pulp et non-sensique de Space Dandy.
Pour Terror in Resonance, Watanabe pousse un peu plus sa formule. Amoureux des personnages à la marge (chasseurs de prime dans Cowboy Bebop, ronin tête à claque dans Samurai Champloo ou obsédé-crétin dans Space Dandy), il se concentre cette fois sur deux apprentis terroristes. Des ados aux gueules d’anges, à qui on donnerait le bon dieu et sa fille sans confession. Mais des gamins coupés du monde. Visiblement traumatisés, Nine et Twelve (rien que leurs noms suggèrent un passé pas franchement riant) ne partagent rien avec les jeunes de leur âge. Froids, calculateurs, les deux moines-soldats vivent reclus dans un appartement, loin du tumulte estival de Tokyo. Même les scènes un peu plus lumineuses, sur la terrasse grillagée de leur immeuble, semblent les séparer du reste de la capitale. Le seul contact avec le commun des mortels se fait par l’intermédiaire d’une jeune fille, embarquée après avoir été témoin de l’attaque de la mairie et qu’ils se refusent à exécuter. Pas de quoi les freiner pour autant. Les cibles se multiplient au fil des épisodes: immeuble, temple, métro…
En face, la police patine. Elle est d’autant plus sur les dents que les terroristes disposent d’un joker : un chargement de matériaux radioactifs à été dérobé. La gigantesque cellule de crise mise sur place est éclipsée par un enquêteur, plus malin que les autres. Un quadra placardisé au service des archives, avec visiblement une belle bourde qui plombe sa carrière, réussi à voir clair dans les devinettes toujours plus complexe des deux terroristes. Déjà vu, le côté flic un peu bourru mais malin fonctionne quand même. Peut-être parce que même s’il est plus futé que les autres, il n’arrive pas à déjouer la plupart des attaques. Le premier tournant de poids arrive au cinquième épisode, lorsqu’un troisième groupe entre en jeu. Des individus à qui les autorités japonaises ont donné carte blanche et qui semblent avoir leur propre motivation. Au point de sembler plus agressifs que les terroristes eux-mêmes.
En cours de diffusion au Japon (le sixième épisode est sorti le 14 août), Terror in Resonance a posé le pied en France pendant Japan Expo, où les deux premiers épisodes avaient été montrés en avant-première. Depuis, le site de VOD Wakanim a pris le relais et propose chaque épisode en simulcast (en VO sous-titrée, quelques heures après la retransmission au Japon). Une offre gratuite mais limitée dans le temps. Nouveau venu dans le domaine de la japanime, @Anime a annoncé détenir la licence pour une future sortie DVD.