Si le sujet et le traitement global peuvent paraître austères, peu passionnants et certainement pas mainstream, au moins cette série peut se targuer d'être un modèle du genre, à la réalisation exemplaire.
Je comprends bien qu'il faut en premier lieu être un minimum intéressé par la période visée, à savoir la guerre froide entre les États Unis et la Russie à l'aube des 80s, et aimer les circonvolutions et autres tractations sournoises de l'espionnage et du contre espionnage. Un monde opaque, vicieux, violent, désespérant, toujours souterrain où l'intérêt de la nation prime. Les tenants et aboutissants sont souvent durs à appréhender dans leur globalité, et à force de retournements d'agents ou d'intérêts personnels qui viennent se greffer à la Cause, on peut facilement s'y perdre.
Mais c'est aussi un signe que le sujet est très bien traité, les enjeux ne se dévoilant que petit à petit.
"The Americans" n'est pas une série d'action ou à grand spectacle. Au contraire elle prend son temps et pose ses bases pour avancer lentement dans les méandres de ce jeu de dupes. Trop lentement parfois, avec beaucoup de va et vient dans les endroits clés ou habituels des protagonistes. Énormément de lieux, de personnages qui vont et viennent, qui gravitent autour des persos principaux.
C'est pas mal d'infos à assimiler et à se rappeler. Et puis ça parle souvent russe, faut pas faire autre chose en même temps !
Tout cela ajouté à la mise en scène austère et à la photo terne pour être raccord avec le sujet, peut rebuter nombre de téléspectateurs. Mais pour ceux qui s'accrochent comme moi, on ne peut qu'être impressionné par la reconstitution exceptionnelle de l'époque, de l'atmosphère ambiante emplie de méfiance et de défiance aux plus petits détails esthétiques. On se croirait vraiment revenu en pleine guerre froide.
L'autre point fort de la série est son casting qui délivre une belle performance, un jeu tout en retenue, subtilité, force tranquille. Notre couple sous couverture est au top, lui convaincant et violent juste quand il faut, elle éblouissante mais sans pitié quand c'est nécessaire. Leur fille assure tout autant, comme l'agent Beeman, la belle russe qui lui retourne le cerveau, l'agent de liaison ou les moscovites haut placés.
Les scènes d'action ne sont pas absentes, ni le sexe ni la violence, inhérents à cet univers, mais rien de tape à l'œil ou d'explosif, juste l'exécution froide d'agents entraînés depuis leur jeunesse.
Une série léchée au sujet assez pointu donc, qui mériterait un rythme parfois un peu plus soutenu mais dont la fin de la saison 2 promet d'intéressants développements.