Saison 1 : 9/10
Une fois qu'on a passé l'étape complètement conne de se demander pourquoi les personnages n'utilisent pas d'ordinateurs et de téléphones portables avant de se dire "Mais que tu es un abruti, ça se déroule dans les années 80 !!!", et pas n'importe quelle période de cette décennie, celle qui marque le début de l'ère de ce cinglé de Reagan qui allait marquer aussi le début de la fin de la Guerre Froide...
Et le mérite remarquable de cette série remarquable, c'est de totalement éviter le manichéisme. Loin de l'image "bien contre mal" qu'a réussi à foutre dans l'esprit des gens la propagande reaganienne, c'est le gris qui règne en maître absolu. Chaque camp a son lot d'actes horribles et à chaque fois qu'un des deux arrive à marquer un point l'autre égalise très vite. Et franchement leurs méthodes pour y arriver sont parfois redoutablement ingénieuses. L'atmosphère de l'époque est très bien restituée, notamment lors de la panique qui s'est emparée des deux côtés après la tentative d'assassinat contre Reagan.
L'autre grande force de la série, c'est sans conteste les personnages. On s'attache fortement à ce couple d'américains...enfin non...enfin bref...ce faux couple ayant l'apparence d'un couple américain tout ce qu'il y a de plus conventionnel, maison de banlieue chic, deux enfants un garçon et une fille, papa et maman capables de dîner tranquillement avec leurs gosses avant de se taper quelqu'un ou de le descendre froidement. Les relations très ambiguës qui lient les deux protagonistes
L'interprétation parfaite achève de servir admirablement le tout que ce soit les rôles principaux Keri Russell et Matthew Rhys (qui vont très bien ensemble !!!) que les rôles secondaires.
Le tout pour donner quelques moments vraiment grandioses, dont le meilleur est celui qui achève la première saison sur "Games Without Frontiers" de Peter Gabriel.
On devient très vite accroc...
Saison 2 : 8,5/10
Une saison 2 qui renforce encore plus les interactions entre les personnages. Si on peut regretter que les relations entre Stan Beeman et Nina stagnent un peu quelques fois ou du moins manquent de puissance, ce n'est pas le cas pour celles entre les autres personnages, en particulier en ce qui concerne la fissure qui se créée entre les deux personnages principaux et leur fille qui devient de plus en plus lucide.
De grands moments d'intensité parsèment souvent cette saison, notamment dans l'épisode autour du kidnapping du scientifique, mais le meilleur nous est réservé pour la fin.
Le dernier épisode, qui peut déjà compter sur une scène d'anthologie en montage alternatif présentant une manifestation et les suites d'un vol dans une usine sur "Twilight Zone" de Golden Earring, réserve une révélation choc que peut-être certains ont vue venir mais pas moi, je me suis laissé totalement piégé. La fin qui nous promet un Beeman beaucoup conscient des gens qui l'entourent et un autre type de relation entre le couple de protagonistes et leur fille Paige font que ça va être très difficile d'attendre avec patience la troisième saison.
Une deuxième saison qui confirme ce que disait déjà la première à savoir que "The Americans" est une très grande série.
Saison 3 : 7,5/10
Les critiques ont tendance à considérer cette troisième saison comme étant la meilleure. Sérieusement, je ne rejoins absolument pas leur point de vue. Pour moi au contraire, c'est la moins bonne des trois.
La raison en est que l'intrigue ou plutôt les intrigues ont très sérieusement tendance à tourner en rond lors des neuf premiers épisodes. La partie avec Stan a du mal à intéresser, celle avec Nina aussi ; heureusement qu'on a le droit à quelques pointes d'intensité avec le personnage de Martha, qui commence vraiment à devoir faire face aux conséquences de ses actes, et surtout avec celui de Paige, qui est sans conteste la partie la plus intéressante.
Enfin arrive l'épisode 10, qui se permet d'être le meilleur de toute la série avec le dernier de la saison 2, qui donne enfin le coup de fouet tant attendu duquel découlera quelques grands moments d'émotion pour les épisodes restants et qui donnent envie de se plonger dans la future quatrième saison, en espérant que cette dernière ne tourne pas en rond.
Saison 4 : 9/10
Les neuf premiers épisodes de la saison 3 laissaient craindre que la série avait jumpé le shark en tombant totalement dans la répétition scénaristique et dans un rythme un peu trop ronronnant avant que le 10ème épisode vienne rassurer. La suite laissant bon espoir que la série s'est considérablement reprise en main et allait donner une bonne quatrième saison...
Réponse, autant le dire carrément : oui, et un "oui" flamboyant même... Car la quatrième saison se permet même d'être carrément la meilleure de toute la série... eh ouais...
Le cercle se rétrécit considérablement, comme peau de chagrin, sur nos deux protagonistes qu'on a jamais vu aussi vulnérables (et donc attachants !!!). Résultat, l'atmosphère est particulièrement intense et anxiogène, avec une totale absence de temps mort.
Les personnages secondaire, déjà là depuis un bon bout de temps ou nouveaux (pour ces derniers, le scientifique solitaire et dépressif qui doit fournir un virus dangereux, ou la coréenne sympathique, chaleureuse et bien intégrée à la Société américaine que la protagoniste doit manipuler en bonne espionne du KGB qu'elle est mais envers laquelle elle ne peut s'empêcher de ressentir de l'amitié, sont particulièrement réussis !!!), ne font pas grève non plus parce que ça bouge énormément aussi de ce côté-là,
mentions spéciales à Martha qui va aller connaître les charmes de l'URSS et surtout à Nina dont la mort m'a totalement pris par surprise, car vraiment soudain, et totalement choqué... ben oui, je m'y étais attaché énormément.
Bref, ça fait plaisir de voir que loin de plonger dans une routine dangereuse, The Americans a l'air de savoir où il va. Le fait que les deux prochaines saisons (que j'ai évidemment très hâte de mater !!!) soient les deux dernières ne fait que confirmer cette heureuse impression.
Saison 5 (8,5/10) :
Avant-dernière saison de cette série avant les adieux définitifs l'année prochaine... Donc après une quatrième saison 4 intense, qui s'est même permise d'être la meilleure de toute la série, on a le droit à une cinquième saison, un peu en-deçà du fait de quelques moments de flottement et que le personnage de Stan Beeman n'est exploité pas véritablement à fond.
Reste qu'on a une véritable évolution psychologique pour le couple Jennings, qui doute de plus en plus du bien-fondé de leur mission et qui songe, aussi de plus en plus, à se retirer. Evolution, elle aussi intéressante, pour la fille aînée, Paige, qui devient un personnage de plus en plus fort. Autre bonne surprise, le personnage du fils cadet, un peu négligé jusqu'ici, est lui aussi creusé et devient un personnage à part entière.
Quelques séquences intenses, à l'instar de la scène avec la russe qui a collaboré avec les nazis pendant la Guerre ou de celle de la tentative de suicide, achèvent d'apporter au spectateur de la satisfaction. Comme si le fait que ce soit la future dernière saison ne suffisait pas, la fin ouverte rend impatiente l'attente de la conclusion.
Saison 6 :
Non aucune notation particulière pour cette dernière saison, pour la simple et bonne raison que lorsqu'on a suivi intensément une série, année après année, attendant avec impatience des mois entre chaque nouvelle saison, on n'a pas envie d'écrire une critique détaillée d'une saison mais plutôt un bilan d'ensemble.
Et puis, surtout c'est avec une grande émotion que l'on dit adieu à des personnages aussi complexes qu'attachants, qui faisaient partie de nous, à de grandes performances d'acteurs, à un ensemble qui montrait magistralement la vie d'espions confrontée à la difficulté de devoir exécuter ce très peu banal métier, mais surtout au fait de devoir exercer celui-ci tout en essayant de mener d'une manière à peu près bien une vie de famille ; c'est principalement sur ce dernier point que se dégageait la grande force de l'ensemble.
Voilà, c'est donc le temps des adieux, c'est le temps de dire définitivement "au revoir", "good bye" ou, pourquoi pas, "До свидания!"...
Au cours des six saisons, il y a eu quelques moments de flottement, quelques longueurs, voire même quelques instants d'ennui. Mais bon, pris dans sa globalité, on en vient à se demander si tout ceci n'avait pas aussi sa place pour faire de The Americans une très grande série.
Et puis plus particulièrement, vu la puissance absolue de certaines scènes de la série, on a envie de dire finalement qu'on s'en fout. Tiens, pour évoquer un peu la saison 6 en elle-même, la séquence du train avec Paige, sur With Or Without You d'U2 (cela me donnera au passage un bon prétexte pour dire, pour la dernière fois, que le choix des chansons composant la BO était toujours excellent !), c'est tout simplement une des scènes les plus fortes de la série, si ce n'est la plus forte, mais aussi de toutes les séries de toutes époques et nationalités confondues (la scène avec Stan dans le garage et bien sûr celle qui clôt toute la série auraient tout aussi bien mérité d'être mentionnées !).
La fin ne manque pas de se faire étonnante. Sans trop en dire, c'est extrêmement cruelle du point de vue émotionnelle et psychologique mais dans le même temps avec une sorte d'apaisement. On ressent une multitude de sentiments contradictoires, l'envie de pleurer tout en esquissant un léger sourire, non pas de contentement, mais celui que l'on a lorsqu'on arrive à prendre un certain recul avec la vie, ayant accepté sa réalité (très momentanément, bien sûr !). Ça ne peut qu'être la marque de quelque chose de magnifique. Voilà, ce que l'on peut dire de The Americans, série que je quitte avec énormément de regrets, qui m'aura marqué très profondément...