J'aime les Beatles mais je ne suis pas une grande fanatique, voire, je connais mal ce groupe.
Mais dans mon imaginaire, ils représentent le groupe culte et intemporel, une incarnation du rock impossible à égaler. Bref, tout bon fan de rock ou tout bon musicien ne peut pas éviter la phase Beatles dans sa quête personnelle esthétique et artistique. Si pour moi ce groupe m'apparaissait comme quasi mystique (peut-être était-ce trop), "Get Back" rassemble des documents inédits et qui relèveraient presque pour moi, d'une œuvre d'art plutôt que d'une simple série. Si d'habitude j'ai énormément de mal avec les longueurs, là ici elles sont complètement obligatoires pour pouvoir comprendre une chose assez complexe et simple : faire de la musique en groupe, comment ça se passe réellement ? Surtout lorsqu'il s'agit des Beatles, un groupe auréolé de popularité.
Et le résultat de ce travail d'archivage est captivant.
En fait, les Beatles, c'est : une bande de potes qui aiment les blagues potaches, bordéliques, qui se marrent, mais aussi, partagent leur doutes, ont parfois envie de tout arrêter, craquent, s'engueulent.
Ils sont millionaires, superstars, mais ils se comportent comme nos potes musicos qui jouent dans des caves tout les vendredi. John s'habille presque toujours de la même manière, on sent leur absence d'hygiène (cheveux gras, air crevé) , le sol du studio est jonché de bazar, dans le premier studio ça caille il n'y a pas de chauffage, on voit les producteurs/techniciens parfois être complètement à la masse notamment Glynn dont a l'impression qu'il ne comprend rien au son (mais qui a enregistré les plus beaux morceaux des Beatles), Paul n'est pas assez content de "Don't let me down" (un morceau pourtant incroyable), du yogurt sur Let it be, Yoko qui passe le temps comment elle peut, Bill Preston qui débarque au pif et est embauché pour l'album comme çà... Et puis surtout, toutes les insécurités liées à la composition de morceaux, toutes les conversations qui permettent de construire l'album de fil en aiguille. C'est ce qui m'a captivé dans les deux premiers épisodes : tout est désacralisé et on s'identifie complètement à ces artistes. On se rend compte qu'on a exactement les mêmes réactions en groupe, le même type de discussion ou d'appréhension. Bref, tout ça est très familier (enfin, quand on fais de la musique en groupe).
Et surtout, de les voir galérer à écrire des morceaux aussi cultes, c'est assez drôle et étonnant.
On a tendance habituellement à presque déshumaniser les grands artistes et leurs chef d’œuvres, comme si c'était impossible pour le commun des mortels d'écrire une masterpiece, mais en fait, on pourrait presque croire que c'est à la portée de n'importe qui.
Enfin ils sont tout de même d'excellents auteurs-compositeurs, y a pas à chier.
Mais tout à l'air si simple et à la fois compliqué.
J'ai eu l'impression d'être avec eux pendant 6H (je n'ai pas encore vu le troisième épisode) et c'était captivant. J'avais l'impression de vivre l'expérience de groupe que j'apprécie le plus, et qu'au quotidien, en tant que musicienne, je ne vis pas assez car malheureusement, notre époque a un peu rangé les gens dans des cases confortables (on a tous.tes trop de priorités matérielles j'ai l'impression). Mais ce type de problème était aussi existant à leur époque visiblement. Comme par exemple, le fait que Yoko vienne aux répétitions, c'est sujet à discorde, et c'est vrai que dans beaucoup de groupes, les conflits viennent souvent des petits amis ou petites copines qui prennent trop de place. Bref de voir toutes ces choses ressortirent de ces archives, ça me rassure et ça m'encourage à continuer la musique.