The Curse est une série que j'ai commencée un peu par hasard, curieuse d'un synopsis qui annonçait un cocktail assez étrange. Une malédiction. Une histoire de jeune couple. Un TV Réalité. Un mélange singulier, rare, produit par A24, chose qui, je dois l'avouer a fait pencher la balance dans mon envie de découvrir ce que les frères Safdie avaient à proposer.
J'étais un peu moins enthousiaste par les réalisateurs, soit dit en passant, parce que je n'ai pas une grande affinité avec le ton et l'humour Safdie, très juif-new-yorkais-pince-sans-rire qu'on retrouve dans beaucoup de films et de séries, et j'avoue que je n'ai jamais accroché (goûts et couleurs).
Mais soit.
J'ai trouvé le tout assez WTF, et j'irais même jusqu'à dire que la série est tellement étrange et gênante que c'étais parfois assez désagréable, dans un sens, et fascinant à la fois de la visionner.
Je continue à être assez de marbre face à l'humour des Safdie mais j'ai trouvé Nathan Fielder incroyable et c'est la raison de la note qui aurait mérité peut être un point en moins (je suis de bonne humeur). L'histoire emmène le spectateur dans un récit assez dingue, Asher et Whitney, un couple qui ne tient qu'à un fil (instagram) sont deux individus de notre génération qui construisent des maisons écologiques dans une communauté principalement native américaine et plutôt pauvre, et sont filmés quotidiennement pour une émission de Tv réalité.
Le début est assez intéressant, j'étais intéressée par la façon dont on posait les bases de ce phénomène contemporain de filmer 24h/24 sa vie à tel point que la ligne entre la réalité et la fiction soit floue. De plus, c'est une belle série, très bien filmée et les passages de meta-théâtralité (la série dans la série) sont vraiment bons.
Très vite cependant, le procédé qui dépeignait Asher et Whitney comme des personnes aussi fausses, problématiques, égoïstes et peu conscientes des réalités et des enjeux qui les entoure (enjeux pour lesquels ils font pourtant semblant de se battre à la télévision) m'a paru un peu creux. Et plus encore, j'ai trouver que la critique sous couvert d'humour toujours plus absurde au fil des épisodes s'essoufflait, au point que le sens de cette critique a fini par perdre toute valeur. J'ai eu l'impression d'être un peu perdue, c'était comme si plusieurs histoires s'interpolaient mais qu'aucune d'elle n'arrivait à donner un dénouement satisfaisant, quelque chose qui nous aurait permis de dire que la critique des Safdie était pertinente. La série a soulevé un débat sur l'immobilier aux Etats Unis, sur l'absurdité de l'art contemporain, sur la question des Natifs américains et de leur territoire, sur les comportements déviants que produisent les réseaux sociaux et la course à la célébrité, sur la culture du voyeurisme, sur le manque et/ou dérives de la spiritualité, sur la culture du vide, sur la question de race (aux usa évidemment), sur la capacité à se remettre en question, sur l'environnement, sur la (prétendue) culpabilité des classes dominantes, sur la gentrification, sur la maternité, sur l'industrie du divertissement, bref! Un brassage assez massif de sujets que l'histoire rocambolesque d'Asher et Whitney n'a pas su porter sur ses épaules; et c'est compréhensible. Je conseille pour ceux qui aiment cet humour particulier et absurde de situation, pour les fans de Safdie et pour voir Nathan Fielder en maître comique, (son personnage est la petite pépite de The Curse). Ca peut aussi être un bon exercice pour tester sa patience et sa capacité à supporter de situations horriblement gênantes. Autrement je reste mitigée et je pense que cela restera assez surréaliste de me voir souscrire au fan club de Safdie brothers.