James est un jeune homme anglais de 17 ans, solitaire et taiseux, qui se veut psychopathe. Alyssa est une jeune femme anglaise de 17 ans qui se veut rebelle et donc énervante comme c'est pas permis. Pour l'un comme pour l'autre, les parents craignent car les parents craignent forcément, le monde craint car c'est un f***ing world. La seconde aborde un jour le premier. Quelques rebondissements plus tard, les voilà à la recherche du père d'Alyssa avec la voiture volée du père de James...
Comme on dit en bon anglais, c'est un road-trip. Un road-trip qui met en scène deux adolescents, très proches de l'âge adulte. Qui dit road-trip, dit forcément rencontres avec des spécimens de l'humanité plus ou moins recommandables. Pour ne pas en dire trop, on croisera notamment un psychopathe (mais un vrai de vrai cette fois !) ou encore une flic lesbienne esseulée.
Et là, on se dit "ah les grandes plaines, les routes sans fin, la Route 66, les paysages désertiques" ; mais non on est Angleterre, donc on aura des paysages anglais. Ça change, ça apporte une pointe d'originalité, mais heureusement ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréablement surprenant.
Et là, on se dit aussi, tant qu'à faire, "oh, un road-trip avec deux adolescents dysfonctionnels, ça va être mièvre, et tout ça, et tout ça...". Ben non, du fait qu'on est en Angleterre, on a le ton anglais avec.
Ainsi on va avoir du drame adolescent, dans lequel on va même trouver des résonances tragiques, un côté thriller, une histoire d'amour mais aussi, et c'est là la touche purement anglaise qui change tout, un humour noir grinçant qui fait mouche à chaque fois.
Ce qui va avoir pour résultat que toute mièvrerie va être totalement absente. Que l'ensemble va être un subtil mélange entre drame, comédie et violence. Que l'on va rire à fond lors de certaines séquences que pour ne qu'être mieux ému lors d'autres.
Et puis, on ne va pas voir pour rien des personnages s'agiter pendant 8 épisodes d'une durée aux alentours de 20 minutes chacun, et chacun se terminant sur un cliffhanger qui pousse à regarder tout de suite le suivant. En effet, on va voir un sujet profond, à savoir deux personnes qui vont apprendre à se connaître, l'un et l'autre bien sûr, mais aussi soi-même. Et évidemment, aucun des deux ne sera celui qu'il pensait ou voulait être. Le tout représenté avec beaucoup de finesse et de très bons choix dans la BO.
Il ne faut surtout pas oublier d'ajouter que ce serait injuste, voire même intolérable, de ne pas rendre justice à la contribution essentielle des deux jeunes comédiens principaux, Alex Lawther et Jessica Barden (qui ne fait absolument pas ses 25 ans !), absolument exceptionnels, dont l'alchimie fonctionne à mort, qui apportent un vérité et une émotion inestimables à des personnages très vite attachants.
Une très bonne surprise Netflix Made In England, qui nous rappelle avec force, ô combien, que l'adolescence et l'approche de l'âge adulte sont des f***king étapes de la vie, pour parler en bon français.
Autrement, j'ai lu à droite et à gauche que certains sont contre une saison 2 car bien qu'ouverte la fin est suffisamment explicite et n'a en aucun cas besoin de suite, et que d'autres, au contraire, trouvent que ce serait très loin d'être inintéressant et incompatible d'avoir une suite. Je suis très loin d'être tout le temps pour allonger la sauce (cf. Big Little Lies, !), mais là je ne suis pas franchement contre une suite si celle-ci parvient à être compatible mais aussi à être surprenante ; et aussi si on conserve le même ton.