On avait pris l'habitude, ces dernières années, que la BBC offre des productions haletantes (Broadchurch), fleuves (Dr who) ou encore romanesques (les adaptations des romans de Jane Austen) de qualité. Mais toute habitude est mauvaise. Et "The fall" un peu comme "Luther" ne réussit pas à transformer l'essai.
En effet qu'auraient pu faire réalisateurs et acteurs avec un scénario poussif qui ronronne comme un chat au coin d'une cheminée ? Rien. Et même les abdos de Jamie Dornan et les yeux bleus de Gillian Anderson sont impuissants à apporter la tension pourtant promise sur le papier.
Les premiers épisodes en effet risquent d'en décourager certains. La saison une reste dans les starting block pendant près de 4 épisodes. Lenteur narrative et froideur de ton révèlent les rétentions d'un scénario qui s'amenuise à force d'économie
A ne pas vouloir montrer autre chose que le quotidien empesé de sa pièce maîtresse, le serial killer, le scénario s'étire au risque de perdre le spectateur . Et ce n'est pas le traitement des personnages ( Gillian Anderson en commissaire froidement efficace et "cougar féministe" à ses heures) ou l'intrigue secondaire sur fond d'une Irlande du nord prêt à exploser qui suffisent à attiser l'intérêt du spectateur. Le spectateur, lui, sait que s'il accepte d'embarquer là-dedans il signe pour 11h de film. Et les premiers épisodes ne sont pas fait pour le convaincre...
Bien sur, c'est bien filmé (sobre et sans effets tape à l'oeil). Bien sur, les acteurs sont plutôt justes (sauf peut être Dornan qui dans cette 1ère saison manque d'intensité - choix volontaire ?). Bien sur la série se place direct dans la mouvance des feuilletons actuelles qui se veulent immersifs...
Mais c'est tellement prévisible que cette 1ère saison s'éternise afin de garder le face à face psychologique entre le justicier et le tueur pour motif central de sa deuxième saison. C'est tellement prévisible que les rôles vont se flouter entre celui qui chasse et celui qui est chassé. C'est tellement prévisible que les libéralités sexuelles du commissaire vont lui être resservi par celui même qu'elle accuse de vouloir tout contrôler...
Mais tout cela ne serait rien si l'ensemble ne manquait pas cruellement d'un tout petit bout d'humanité. Ce petit rien qui fait qu'on s'attache...
Je regarderai la saison deux, car j'aime aller au bout d'une série que je commence. En espérant aussi peut être m'être entièrement trompée... ou presque.