The Following, à première vue, a les apparences du copshow que TF1 diffuse le soir: le genre de série simple, grand public, au scénario simple. En effet, la série de Kevin Williamson, créée en 2013, met en scène un schéma déjà vu et revu: un agent du FBI "à la retraite", Ryan Hardy, que l'on va rappeler pour contribuer à arrêter les sévices de l'homme qu'il est censé avoir arrêté, Joe Carroll. Une mise en scène policière donc, qui va permettre à Kevin Bacon et James Purefoy d'incarner un duo que la série va promouvoir avant tout, comme pour cacher quelque chose... Des défauts scénaristiques, par exemple ?
Il faut reconnaître à The Following qu'à la base elle n'a pas grand chose pour se mettre en avant: une love story visible à quinze épisodes à la ronde, des acteurs parfois limités, certaines longueurs ou incohérences grotesques qui font de The Following une série qui peine à se maintenir au niveau du "correct". Après une saison 1 globalement moyenne, la saison 2, elle, partait sur de très bons rails, avant de s'écrouler dans un simulacre de scénario étrangement similaire à celui de la saison précédente.
Là est un autre défaut de The Following: l'inconstance qualitative de l'intrigue. Si la saison 2 partait magnifiquement bien, elle s'arrête brusquement après un climax atteint dès les épisodes 6 et 7 (très bons par rapport au reste, d'ailleurs) pour ensuite agoniser jusqu'aux épisodes finaux. Pas grand-chose à se mettre sous la dent donc, surtout après ce final de la saison 2 presque aussi raté que celui de la saison 1.
J'ai néanmoins dit tout à l'heure que l'on pouvait facilement placer cette série parmi toutes les copshows que diffuse TF1: Les Experts, NCIS, etc... Il convient de nuancer mon propos; The Following n'est pas si décevant et possède quelques atouts. On peut commencer par mettre en avant le fait que ce n'est pas uniquement une série policière: on peut aussi l'aborder comme un thriller psychologique, même si ce côté-là est très poussif et que ça ne concerne grosso modo que les deux antagonistes principaux, tant les personnages secondaires sont transparents. Par ailleurs, on peut compter sur un thème plutôt original : un gourou de secte qui se sert des écrits d'Edgar Allan Poe pour attirer ses disciples. Cela rejoint d'ailleurs un peu le côté psychologique de la série, tant ces mêmes disciples semblent fragiles et influençables, et rendent du même coup la série légèrement plus attrayante. Une certaine violence également, démarque The Following des habituelles séries du genre (elle a même fait polémique aux USA, il me semble), même s'il manque des enjeux dramatiques qui nous feraient ressentir plus de choses, plutôt qu'une violence gratuite comme celle que nous propose la série les deux premières saisons (je pense à Game of Thrones, notamment).
C'est après avoir entamé quelques épisodes de la saison 3 que j'ai appris que cette saison serait la dernière, devant probablement son annulation à un manque d'audience. Un arrêt parfaitement compréhensible par ailleurs à la vue d'une troisième saison qui est relativement du niveau des deux premières, avec les mêmes défauts et les mêmes qualités. Et les mêmes mécanismes: bien que l'antagoniste soit différent pour la première fois, on sait qu'à chaque fois Ryan Hardy arrêtera le tueur en série, et le plus souvent d'ailleurs sans l'aide de ses collègues du FBI qui apparaissent décidément bien inutiles dans cette série. Même en étant habitué à ces fins convenues, la manière d'y arriver n'était cependant pas si désagréable à suivre: au moins, la série a le mérite d'essayer de construire une intrigue qui se suit, plutôt que de poser les unes après les autres des enquêtes qui n'ont rien à voir. On retrouve également dans cette saison 3 la même tendance de la série à être inégale qualitativement: l'épisode 10 par exemple apparaît comme l'un des meilleurs de la série, alors que le final est une fois de plus ridicule.
Le fait que le personnage de Joe Carroll passe au second plan dans cette saison 3 est pour beaucoup dans l'essoufflement que subit la série. Si le nouvel antagoniste, Theo Noble, tient plutôt bien la route, le cadre n'a plus rien à voir avec celui de la série à ses débuts, au point que même le titre n'a plus aucun rapport avec la série elle-même, vu qu'il n'est plus question de secte dans une saison 3 aux apparences de banale série policière.
Ce n'était pas une série si désagréable à suivre. Les incohérences et la faiblesse du scénario avaient de quoi agacer, mais finalement, la série à donner ce qu'elle avait à donner, même si elle n'a peut-être pas exploité au maximum son potentiel. The Following a le mérite d'être au-dessus des copshows de TF1, même si elle apparaît rapidement entravée par la toute-puissance de son personnage principal et sa faillite imaginative qui lui fait répéter ses schémas narratifs.