The Killing (ou Forbrydelsen pour les puristes nordiques) n’est pas qu’une simple série policière. C’est un voyage dans un Danemark où la pluie ne s’arrête jamais, où chaque personnage a plus de secrets que de vêtements imperméables, et où tu te surprends à suspecter même le voisin qui sort son chien. L’intrigue ? On te la sert sur trois niveaux : une enquête de police bien tordue, un drame politique aussi trouble que les marais danois, et une famille qui sombre dans la douleur après la perte de leur fille. Autant dire que c’est sombre. Très sombre.
L’intrigue principale démarre avec le meurtre de Nanna Birk Larsen, une adolescente retrouvée morte dans des circonstances aussi mystérieuses que terrifiantes. C’est là que Sarah Lund entre en scène, la détective la plus taciturne et fascinante que tu puisses imaginer. Sarah, c’est le genre de personne qui pourrait te résoudre un Rubik’s Cube tout en restant impassible sous une averse qui dure trois semaines. Et évidemment, elle se retrouve à devoir résoudre ce puzzle sordide juste avant de quitter son boulot pour une vie tranquille en Suède (comme si on y croyait une seule seconde).
Ce qui distingue The Killing des autres séries policières, c’est son rythme lent et méthodique, presque hypnotique. L’enquête s’étale sur 20 épisodes (oui, 20 !) pour cette première saison, et chaque minute est un pas de plus dans un marécage de faux-semblants, de pistes trompeuses et de rebondissements qui te laissent plus paumé qu’un touriste à Copenhague sans GPS. Si tu t’attendais à une résolution rapide avec des réponses toutes faites, détrompe-toi. Ici, chaque épisode t’offre plus de questions que de réponses, et c’est là que réside le génie de la série.
Sarah Lund, incarnée par Sofie Gråbøl, est l’anti-héroïne parfaite. Elle ne sourit jamais (ou alors c’est un bug), elle est obsédée par son boulot au point de sacrifier sa vie personnelle, et elle ne lâche rien, jamais. Son pull en laine iconique, devenu un symbole à lui seul, est presque aussi célèbre qu’elle. Il te donne un sentiment de confort trompeur, car derrière cette laine bien douillette se cache une détective tenace, prête à tout pour déterrer la vérité, même si cela signifie retourner tout le Danemark.
L’autre point fort de The Killing, c’est son ambiance. Ce n’est pas juste une série policière, c’est une expérience sensorielle. La pluie, omniprésente, devient presque un personnage à part entière, pesant sur les épaules des personnages et ajoutant à l’atmosphère oppressante. Chaque plan semble baigné dans une grisaille mélancolique qui te donne l’impression que le soleil n’a pas fait son apparition depuis des mois. C’est beau, mais déprimant à souhait. Et c’est exactement ce qui fait la force de la série.
Le drame politique qui se déroule en parallèle de l’enquête policière est tout aussi captivant. Les liens entre le meurtre de Nanna et les sphères politiques se tissent petit à petit, et tu te rends compte que personne n’est innocent, même ceux qui semblent les plus éloignés de l’affaire. Tout le monde a quelque chose à cacher, et les ambitions politiques se mélangent aux motivations les plus sombres. Bref, on est loin des élections municipales pépères, ici, chaque décision peut te coûter ta carrière, ta vie, ou ton honneur (si tant est qu’il en reste).
En parallèle, la série n’oublie pas de te montrer la souffrance de la famille de Nanna. Leur douleur est palpable, et chaque épisode te plonge un peu plus dans le désespoir de cette famille brisée. C’est un rappel constant que derrière chaque enquête policière se cachent des vies détruites, des familles dévastées, et des cicatrices qui ne se refermeront jamais. The Killing n’a pas peur de prendre son temps pour explorer la psychologie des personnages, et c’est ce qui la rend si réaliste, si humaine, malgré toute sa noirceur.
Le seul reproche que l’on pourrait faire à The Killing, c’est peut-être son rythme, justement. Cette lenteur hypnotique peut désarçonner ceux qui cherchent une série plus dynamique. Certains moments peuvent sembler traîner en longueur, et si tu n’as pas la patience de voir chaque pièce du puzzle se mettre en place, tu pourrais te sentir frustré. Mais c’est justement cette lenteur qui fait tout le charme de la série. On n’est pas là pour une résolution rapide, on est là pour plonger dans les abysses d’une enquête qui te laisse plus de cicatrices qu’elle n’en guérit.
En résumé, The Killing est une perle noire du genre policier. C’est un thriller qui ne te prend pas par la main, mais qui te jette dans une enquête où tout le monde est suspect, où la vérité est un poison lent, et où même la pluie semble avoir des secrets. Si tu cherches une série où l’ambiance pesante et les personnages torturés sont les véritables stars, et où chaque révélation te fait repenser tout ce que tu croyais savoir, alors The Killing est fait pour toi. Mais prépare-toi à une plongée longue, sombre, et fascinante dans le cœur du crime… et du Danemark.