La mention d'un réalisateur (producteur en l'occurrence) connu et estimé suffit-il pour influencer la réception critique d'une série? C'est la question que je commence sérieusement à me poser après avoir vu Mindhunter (Fincher), et The Knick (Soderbergh). Des séries interchangeables, à l'écriture paresseuse malgré un thème qui aurait dû être passionnant.
La médecine est un de mes violons d'Ingres, et quel n'a pas été mon désarroi en me rendant compte que le contenu médical de la série peinerait à remplir un des dix épisodes. Ce sont, la plupart du temps, des avancées technologiques, des anecdotes (Mary Typhoïde), et quelques questions médicales brûlantes (existence des groupes sanguins, traitements psychiatriques novateurs et aberrants, chirurgie des hernies et du placenta praevia...) Malheureusement, elles sont vite évacuées, laissant la place à l'addiction du personnage principal, et à des bluettes sans intérêt.
Concernant la consommation d'opïoides dans le milieu médical, je ne peux qu'exhorter mon lecteur à se tourner vers un petit livre de Boulgakov "Morphine", plus concis et efficace, se basant sur son expérience personnelle. Addictions qui sont loin d'avoir disparu avec le temps, entre le dopage de certains étudiants en médecine à la Ritaline, et la surreprésentation de comportements problématiques chez les médecins anesthésistes (qui ont accès à beaucoup de produits psychotropes).
L'écriture de la série est très pauvre, pas étonnant quand on regarde les autres œuvres qu'ont commis les scénaristes. Au bout d'un épisode j'avais déjà deviné tous les enjeux et le "développement" des personnages. Ceux-ci étant horriblement binaires et archétypaux. Ils ont au moins eu l'intuition, largement suivie ensuite par Netflix et consorts, d'orner leur galerie d'un vernis woke de bon ton. Les personnages féminins principaux sont tous forts, avec une grande répartie, ce qui sonne assez faux statistiquement, vue la période historique. L'infirmière qui se permet de faire des commentaires personnels à un médecin, entre sexisme et hiérarchie, même aujourd'hui c'est assez improbable. Le médecin noir, venu pour incarner toute l'injustice sociale de l'époque, parvient en trois épisodes à faire passer notre cher Thackery, anti-héros génial et torturé (l'originalité!) de la capuche blanche pointue à l'empreinte de main jaune sur fond noir...
Je ne suis pas cliente de ce genre de subterfuge, mais passerait encore si il y avait un fond narratif auquel se raccrocher.
Je ne vais pas être de mauvaise foi, j'ai eu quelques surprises agréables, mais elles sont rares et pas exploitées.
L'aspect historique est plutôt crédible, que ce soit dans les costumes ou les décors.
Certains se sont plaints du choix de musique d'ambiance électro, anachronique, personnellement ça ne m'a pas posé de problème.
Je ne m'infligerai pas la seconde saison, malgré un dernier épisode rivalisant de cliffhangers (attendus) pour me supplier de rester.
En bref, The Knick n'est pas une série médicale, mais une série passable et esthétique, qui meublera votre soirée si vous n'avez rien d'autre à vous mettre sous la dent.