The Knick, c’est un peu comme si tu ouvrais un manuel d’histoire de la médecine, mais avec une ambiance électrique, des opérations à vif, et des personnages plus barrés que le bistouri qu’ils tiennent. Ajoute à ça un hôpital en pleine crise existentielle dans le New York du début du 20e siècle, et tu obtiens une série qui te fait flipper pour ta santé tout en te fascinant sur la manière dont la médecine a évolué. Spoiler : c’était souvent à la hache et avec des résultats discutables.
Le personnage central de cette aventure sanglante et brillante, c’est le Dr. John Thackery, interprété par un Clive Owen en mode full addiction. Parce que oui, Thackery n’est pas juste un brillant chirurgien, c’est aussi un junkie à la cocaïne et à l’héroïne, un mec qui sauve des vies le jour et détruit la sienne la nuit. On suit donc ce génie autodestructeur à travers ses tentatives d’innover dans le domaine de la médecine, tout en essayant de garder son hôpital, le Knickerbocker (alias The Knick), à flot dans un New York où la pauvreté, le racisme et la corruption gangrènent presque autant que les infections post-opératoires.
Ce qui fait la force de The Knick, c’est son approche sans fard de la médecine de l’époque. Oublie les blouses blanches impeccables et les hôpitaux stériles. Ici, les chirurgiens sont plus proches de bouchers que de médecins, et chaque opération te donne autant envie d’applaudir que de te cacher derrière un coussin. Les scènes d’opérations sont filmées avec une précision chirurgicale (sans mauvais jeu de mots), te plongeant dans un univers où le simple fait de ne pas mourir sur la table d’opération relevait presque du miracle. La série ne te cache rien : les erreurs, les improvisations, et les essais (souvent ratés) sont tous là, exposés en gros plan, comme une leçon d’histoire aussi fascinante qu’effrayante.
Mais The Knick ne se contente pas de te montrer des scalpels et des tripes. C’est aussi une série qui parle de l’évolution de la société, des tensions raciales et des inégalités de l’époque. Le Dr. Algernon Edwards, interprété par André Holland, est un chirurgien afro-américain qui, malgré son talent indéniable, doit constamment se battre pour être reconnu dans un monde où la ségrégation et le racisme sont la norme. La relation tendue mais respectueuse entre Edwards et Thackery est l’un des fils rouges de la série, et leurs échanges sont souvent aussi tranchants que les outils qu’ils utilisent.
Visuellement, la série est un chef-d’œuvre. Steven Soderbergh, qui réalise chaque épisode, crée une ambiance à la fois glauque et hypnotique. Les couloirs sombres de l’hôpital, les salles d’opération à peine éclairées, et les rues sales de New York forment un cadre qui te plonge dans une époque où la médecine et la société étaient en pleine mutation. L’utilisation de la lumière naturelle et des plans serrés te donne l’impression d’être là, aux premières loges, témoin de l’évolution médicale… ou des désastres qui en découlent.
Et que dire de la bande-son ! La musique, composée par Cliff Martinez, est un anachronisme génial : des sons électroniques modernes qui contrastent avec l’époque de la série. Cette approche audacieuse fonctionne à merveille, ajoutant une tension palpable à chaque scène, surtout lors des opérations où chaque bip de synthé te fait frémir un peu plus. Cette bande-son unique te plonge dans une sorte de transe, où l’ancien et le moderne s’entrelacent pour créer une expérience sensorielle inoubliable.
Côté personnages, on est servi. John Thackery est un génie torturé, un pionnier de la médecine moderne, mais aussi un homme rongé par ses propres démons. Son addiction à la cocaïne et à l’héroïne n’est pas qu’un simple gimmick scénaristique ; elle est au cœur de sa personnalité. On assiste à sa descente aux enfers en même temps qu’il révolutionne la médecine, et ce contraste entre la grandeur de son esprit et la misère de son corps est l’un des éléments les plus fascinants de la série. Chaque opération est une victoire, mais chaque injection est un pas de plus vers sa chute.
Mais The Knick, c’est aussi une galerie de personnages secondaires tout aussi captivants. Que ce soit Cornelia Robertson, la riche héritière qui tente de s’imposer dans ce monde d’hommes, ou le corrompu capitaine de la police Herman Barrow, chacun d’eux apporte une dimension supplémentaire à ce portrait sans concession d’une époque où tout était en transition, de la science à la morale.
En résumé, The Knick est bien plus qu’une simple série médicale. C’est une plongée vertigineuse dans un passé où la médecine était plus proche de l’expérimentation sauvage que de la science exacte, où les tensions sociales et raciales étaient aussi tranchantes que les scalpels des chirurgiens. Portée par des performances incroyables, une réalisation magistrale et une bande-son inoubliable, The Knick te fait osciller entre fascination et horreur à chaque épisode. Une série qui dissèque autant les corps que les âmes, et qui te laisse avec un mélange de respect et d’effroi pour ceux qui ont façonné la médecine moderne… à coups de bistouri et de chaos.