Une série à vous rendre accro !
The Knick, un nom plutôt énigmatique. Ah, c’est encore une série médicale ? Bon… Oh, mais c’est avec Clive Owen (séducteur dans le très sexy Closer, héroïquement badass dans Sin City, touchant sauveur de l’humanité dans l’excellent Children of Men) et réalisé par Steven Soderbergh ? C’est parti ! (et pour les faignants, rendez-vous en bas de page pour un bilan)
La série se veut historique, elle se déroule au sein de l'hôpital Knickerbocker (« The Knick ») à Harlem, un quartier pauvre de New York City, en 1900. On suit alors le quotidien de l’hôpital et de son médecin en chef, le Dr. Thackery (Clive Owen), assez largement inspiré du Dr. Halsted, chirurgien pionnier de cette époque. La chirurgie en est à ses balbutiements, les opérations ne sont pas simplement exécutées mais tout d’abord mises au point : l’anatomie est peu connue et les techniques peu répandues.
Alors oui c’est une série médicale, oui nous sommes face à un génial anti-héros souvent désagréable, drogué et misanthrope. Mais non, nous ne sommes pas du tout devant Dr. House, très loin de là.
The Knick est une œuvre originale et pleine de caractère. Elle repose sur une réalisation impeccable et sur des acteurs de talent. Clive Owen est admirable et charismatique au possible dans le rôle du talentueux et cocaïné Dr. Thackery. Le personnage du Dr. Edwards permet à la série de profondément développer, parfois de façon très violente le thème du racisme omniprésent au début du XXe siècle. Chris Sullivan dans le rôle de l’ambulancier a priori bête et bourru se révèle incarner un personnage profond, rationnel à outrance. Et l’infirmière Elkins jouée par Eve Hewson… Ah Eve Hewson… Elle apporte de façon très juste ce qu’il faut de fraicheur et d’innocence (pas toujours…) à cet univers souvent malsain. Oui, la série est sombre. Je l’ai dit, c’est pas Dr. House ! Les personnages sont ambivalents, le monde hospitalier est froid et inquiétant…
Autre chose, la série mise sur le réalisme, elle s’est d’ailleurs dotée d’un conseiller médical renommé, le Dr. Burns. Les quelques opérations sont montrées sans maquillage, c’est gore. Au point de me faire grimacer parfois, mais ces scènes ne font pas tache, elles sont parfaitement justifiées par la volonté de Soderbergh de retranscrire au mieux la réalité de la chirurgie de 1900. Résultat : on est là, partagé entre dégout et brûlante curiosité, mais en tout cas véritablement dépaysé par le contraste entre la médecine d’avant et celle de maintenant.
Un autre élément très important pour l’immersion : les décors sont parfaits. La ville de New York au début du XXe siècle est reconstituée à merveille. Elle est pleine de vie, et on se laisse avec joie porter par l’ambulance à chevaux au son de la sirène manuelle (oui oui, on tourne la manivelle et ça sonne !).
Enfin, la série montre encore une fois son originalité en nous proposant (entre autre) une musique électro de Cliff Martinez (un habitué de Soderbergh qui a par ailleurs travaillé sur la B.O. de Drive, me souffle-t-on). Oui, de la musique électro pour dépeindre le New York de 1900, et le pire c’est que ça fonctionne diablement bien.
Bilan : Cinemax (groupe HBO) nous propose ici une série médicale historique originale et très efficace qui traite de l’innovation médicale, de l’avancée scientifique, du racisme, de la pauvreté… Des acteurs solides, une mise en scène réaliste judicieusement rythmée et un univers immersif nous plongent dans la vie de cet hôpital tourmenté. Assurément une des meilleures séries de l’année. Vivement la saison 2, je suis déjà en manque !