La série qu'il fallait voir en 2004 c'était bien The L Word ! Envers et contre tous les tabous gravitant autour de la sexualité, de l'identité sexuelle, de l'orientation sexuelle, de la discrimination, du sexisme, de l'adultère, de la polygamie, du célibat, du mariage homosexuel, du couple homoparental... etc Mais qu'est-ce que je raconte, cette série doit encore être vue aujourd'hui, en 2017, parce que ces sujets polémiques font encore trop l'objet de conflits dans le monde, et même en France. Parce que oui, cette série n'est pas qu'un plaisir coupable ou qu'un journal intime.
A titre personnel, cette série a été une révélation, une sorte d'encouragement qui m'a poussé à comprendre que ce que j'étais n'étais pas anormal et marginal. J'avais 15 ou 16 ans et j'avais enfin appris que l'homosexualité existait mais qu'elle pouvait être difficile à vivre dans notre société. Pour me sentir moins seule et moins isolée je fouillais internet à la recherche de films gay/lesbien ou autre, et je suis tombée sur cette série aux faux airs de Desperate Housewives.
Comment ne pas accrocher alors que tout commence sur un fond de banale rencontre entre nouveau voisins ? On plonge vite dans le thème principal de l'homosexualité, au cœur d'un groupe de grandes amies lesbiennes un peu bobo qui vivent à Los Angeles. Et d'un seul coup, nous voilà grand(e) confident(e) de chacun des personnages : on apprend et on garde des secrets privés et intimes, tous plus réalistes et dramatiques les uns que les autres. On connait un peu plus Betty et Tina, le couple "parfait" de la bande qui cherche à avoir un bébé ; puis Shane la dévoreuse de nana, la Don Juana ; aussi Alice, la bisexuelle pétillante et hilarante ; ou encore Dana, la joueuse de tennis professionnelle qui sort à peine du placard ; et également Jenny, l'hétéro dont le cœur bat pour une majestueuse et élégante lesbienne charismatique.
Les épisodes s'enchainent et emportent avec eux notre cœur tout entier (et notre excitation aussi). Je sais que ça parait très sexuel parfois, d'ailleurs la bande-son, qui est géniale, est souvent couverte par les gémissement et autres jouissements de donzelles en plein ébat. Et pourtant The L Word n'est jamais pornographique, et c'est aussi ce qui fait son charme. Les scène de sexes sont autant bestiales que romantiques, et malgré leur récurrence dans la série elles ne se ressemblent jamais. Chacune de ces scène torride est une expression de sentiment qui parfois ne peut exister que par le langage du corps. C'est un peu comme si, nous spectateurs, nous étions comme Jodie, contraint de lire les mouvements dans leur multiples significations.
A part ça, Ilene Chaiken et ses coopératrices fond de cette série franche un réel objet de pédagogie. C'est pourquoi je suis complétement en accord avec le choix du titre. On ne suit pas que l'histoire de Jenny, qui pour beaucoup est le personnage central, ou du moins le personnage déclencheur, mais on suit le monde des lesbiennes dans sa totalité. Je sais que comme ça ça à l'air assez réduit du fait que les personnages ont l'air tous un peu snobs, riches, ou bourgeois, mais l'argent et L.A. ne font pas d'une femme autre chose qu'un humain. Si moi, jeune femme dans le fond de ma campagne et de mon placard ouvert, j'ai réussi à m'identifier à elles, alors tout le monde le peut. Quand je regarde cette série (pour la deuxième fois), j'espère encore qu'elle pourra éclairer des ignorants et convaincre des haineux intolérants que la différence fait partie intégrante de la vie. J'espère encore que les gens changerons d'attitude et laisserons les autres être libres.
N'oublions pas que cette série oscille entre drame et comédie, qu'elle est à mourir de rire et à pleurer de tristesse. Les actrices et acteurs apportent tous quelque chose de très réaliste au scénario toujours bien rythmé sur la plupart des épisodes. Le point de vue objectif et pourtant si intime adopté par la caméra nous met en position de confiance et nous immisce entièrement dans cette vie triviale mouvementée. La bande-son extrêmement variée, les scènes d'introduction tout en subtilité, les scènes finales suspendues en douceur, sont un plus qui font de que la série est unique en son genre.
Mon avis personnel me pousse à écrire que cette série se doit d'être vue sans naïveté. La remise en question et l'opposition des opinions sont les principaux déclencheurs des péripéties dans cette série. Il en va de même pour le spectateur qui se retrouve malmené devant son écran à ne plus savoir ce qu'il est bon de faire dans telle ou telle situation. The L Word nous met devant le fait accompli et nous demande de choisir un camp...