Un Sud-Coréen dirigeant, pour les besoins d'une mini-série d'espionnage en six épisodes, une Anglaise, un Suédois et un Américain formant la distribution de l'adaptation d'un roman écrit par un Anglais, cela donne The Little Drummer Girl...
1979, un jeune Palestinien, Michel, avec la complicité de sa petite amie suédoise, Anna, fait exploser une bombe dans le quartier diplomatique de Bonn. L'opération, visant un diplomate juif, est un échec, mais tue le fils de huit ans de celui qui aurait dû être la victime de l'attentat. Pendant ce temps, Charlie, une jeune actrice, et les autres membres de la troupe dont elle fait partie se retrouvent invités en Grèce, soi-disant dans le cadre d'un travail de charité. Si les talents de la comédienne n'ont guère eu l'occasion de briller aux yeux du public, ils ont attiré l'attention du Mossad. Et notre protagoniste ne tarde pas à être attirée par un homme séduisant, qui traîne beaucoup dans les mêmes lieux qu'elle...
L'Américain, Michael Shannon cabotine beaucoup trop pour être convaincant en chef des services secrets placide, cynique et efficace (sachant que faire inutilement semblant d'accomplir un geste n'est peut-être pas si inutile que cela dans certaines circonstances ; celles et ceux qui ont vu la mini-série comprendront !). C'est dommage, car je trouve le personnage fascinant. S'il avait été incarné avec plus de sobriété, cela aurait pu faire des étincelles. Pour le Suédois Alexander Skarsgård, s'il n'a aucun mal à rendre crédible qu'il puisse pécho très facilement (ce n'est pas la peine d'expliquer pourquoi, je pense !), il est trop monolithique. Ce qui est gênant quand l'espion qu'il joue fait face à situations et des sentiments qui le dépassent, révélant ainsi une fragilité et une humanité inattendues, Skarsgård ne parvient pas à faire bien ressortir cet aspect émotionnel par son interprétation. Bon, les reproches sont terminés, youpi. Maintenant, les compliments...
Pour ce qui est de la réalisation de cette adaptation d'un roman de l'Anglais John le Carré, le Sud-Coréen, Park Chan-wook, réussit à bien prendre son temps, à bien construire son intrigue, à bien creuser ses caractères, et à y aller subtilement en ce qui concerne un fond très délicat à traiter (à savoir la merveilleuse histoire d'amour entre la Palestine et Israël !) sur les quatre premiers épisodes. Ceci pour encore mieux lâcher la sauce sur les deux derniers, d'une grande tension et ne manquant pas d'être dérangeant, car mettant aussi bien le spectateur que la protagoniste face à la cruelle vérité que le bien et le mal n'ont pas forcément tout le temps de camp bien spécifique.
Et l'Anglaise, pour le coup ? Ben, autant garder le meilleur pour la fin... En regardant Lady Macbeth et Midsommar, il était impossible de ne pas voir que Florence Pugh avait un potentiel absolument formidable (non, sérieux, c'est une des meilleures comédiennes de sa génération !). Potentiel absolument formidable pleinement confirmé ici. En effet, la comédienne est magistrale dans le rôle d'une jeune actrice qui va très vite comprendre, d'une manière brutale, qu'il y a une très grande différence entre être sur une scène de théâtre et être sur celle du monde, tout en sachant se montrer très redoutable et forte. L'interprétation tout en nuances de Pugh apporte énormément à un ensemble (certes imparfait pour les raisons évoquées précédemment !) qui était déjà bien enthousiasmant.
Ce qui a eu pour résultat que j'ai été pleinement captivé, du début jusqu'à la fin, par The Little Drummer Girl. Un must-see, comme on dit en bon français.