La Newsroom du génial Aaron Sorkin (l'un des meilleurs scénaristes actuellement en activité) à ouvert ses portes en juin 2012 pour le plus grand bonheur des fans d'HBO. Le network, considéré comme la Mecque des plus grandes séries-télé (Les Soprano, Sur écoute, Le trône de fer, Oz,...) essuie cependant de sévères critiques avec ce show politique qui suit les coulisses d'un journal télévisé et de ses artisans. Des critiques parfois légitimes mais souvent, aussi, à côté de la plaque.
En ligne de mire, une prétendue malhonnêteté intelectuelle de la série qui revisite à posteriori les grands événements médiatiques de l'an passé. Le souci est, forcément, une analyse biaisée des faits car déjà en connaissance de tous les rebondissements d'une affaire. De plus, les attaques régulières contre les républicains n'aident pas le show à se débarrasser d'une sale image démocrate et démagogique. Il est vrai, The Newsroom traine ce boulet de l'analyse rétrospective des événements. Si la démarche est plutôt discutable sur le fond, sa légitimité ne s'exprime cependant pas sur un terrain idéologique mais sur celui des enjeux dramatiques propres à la série. The Newsroom ne cherche pas à jouer une quelconque propagande démocrate mais bel et bien à vanter une sincère utopie journalistique.
Comme une représentation idéale de ce que doit être un média d'informations, The Newsroom fantasme ainsi le retour à un éditorialisme basé sur des faits, des grandes questions, des débat d'idées et non sur des récits omnibus ou des chiffres d'audimat. Anti-journal de 13h, le News Night de Will McAvoy devient le territoire d'une information hiérarchisée, d'un regard raisonné mais incisif sur l'actualité et d'une investigation qui privilégie les faits sur l'interprétation politico-médiatique. Cette vision, nostalgique des grandes heures du journalisme U.S (Murrow, Woodward et Bernstein,...) reste utopique et pêche donc parfois par excès mais la fibre désarmante de sincérité qui y vibre rend la chose incroyablement galvanisante et touchante. Habitée d'une conviction et d'une croyance absolue dans le quatrième pouvoir, The Newsroom vante, sans aucun cynisme, ni plus ni moins que ce que nous attendons tous sur nos écrans cathodiques.
Et en plus de cela, question drama, la série fait presque un sans faute. Personnages attachants et complexes, tunnels de dialogues ciselés et fascinants (la marque Sorkin), rythmique imparable où les petites histoires personnelles recoupent la grande, regard lucide et très intelligent sur les Etats désunis d'Amérique, humour piquant,.... Même la réalisation, sans casser des briques, arrive à capter l'effervescence, l'ébullition rédactionnelle de la Newsroom sans tomber dans le piège du huis-clos. Pour un show qui se passe à 80% dans les mêmes pièces et où les protagonistes sont derrière des ordinateurs à échanger des punchlines, c'est quand même pas mal. Et nous de nous attacher à cette galerie de journalistes idéalistes, à leurs histoires de coeur et à leur combat pour une information de qualité. En cela, The newsroom n'est peut-être qu'une utopie mais dans notre monde qui manque grandement d'espoir et de conviction, elle rassure énormément.