The Newsroom commence exactement comme le film de Lumet. Un présentateur de JT connu rompt le politiquement correct en direct et s'en trouve pointé du doigt, mais en profite pour tenter de rebondir en faisant du "vrai journalisme" (sous-entendu "d'investigation").
Mais si ce point est pour le moins important, la ressemblance s'arrête là. C'est assez étonnant de voir comment deux œuvres aux formats si différents mais au sujet semblable peuvent réussir à couvrir plus ou moins les mêmes thèmes et tenir le même discours d'une façon totalement différente l'une de l'autre. C'est rare, et c'est bon.
The Newsroom commence comme une série HBO classique, avec ses rôles forts en gueule mais un peu clichés au premier abord, et surtout clairement définis. Et pourtant, ici, on a droit à une vrai évolution, une sorte d'impression de suivre une ruche et certains groupes d'abeilles en particulier, qui tentent de faire tourner l'usine tant bien que mal.
Mais de part l'importance des sujets abordés, et par l'implication directe de certains personnages de la chaine dans ces évènements "mondiaux" (ou du moins intra-U.S., ce qui est la même chose pour eux), on devient témoin des répercussions de ceux-ci sur leur petite vie de fourmi, euh, abeille, pardon...
Et c'est marrant, parce qu'en plus ce sont un peu tous des bourges friqués carriéristes quand ils ne sont pas simplement de droite dure, comme le présentateur principal. Sauf qu'ils ont une conscience, et savent évoluer avec le monde, et surtout ont une réelle volonté de ne produire que de l'info vérifiée, quitte à perdre la course au scoop.
Donc oui, on est clairement dans de la fiction (troll), mais pourtant on arrive à s'intéresser à tout ce petit monde et ses pérégrinations. Tout d'abord parce que le casting est simplement génial, autant dans les choix des rôles que dans leur composition. Je ne peux même pas mettre une de mes mentions spéciales habituelles tellement ils sont tous parfaits (et même si ceux qui ont vu l'avant dernier épisode savent tous depuis longtemps qui est le personnage le plus attachant).
Et puis parce que c'est quand même putain de bien écrit (oui, j'aime le contraste entre le fait de parler de bonne écriture, et l'insertion de vulgarité qu'amène le mot "putain" dans la même phrase). C'est le genre de série que je ne peux absolument pas me permettre de suivre simplement d'un coin de l'oeil en faisant autre chose tellement chaque ligne est jouissive et chaque échange se termine inlassablement en joute féroce.
Ajouté à cela que la série semble avoir été prévue dès le début pour durer exactement ce nombre d'épisodes, sous cette forme en 3 saisons avec de moins en moins d'épisodes, qui montre qu'il y a une réelle cohérence globale au tout, si tant est qu'il ne soit nécessaire de le prouver, après ces trois saisons mémorables.
Franchement, HBO, c'est (presque) toujours un succès ! (avec la voix d'Uncle Ben's)