Imaginez...la nuit de trop. Celle des petites dérives dans votre vie bien rangée de parfait petit citoyen. Vous prenez sans son accord le taxi de votre père pour rejoindre une soirée que vous ne verrez jamais. A sa place, une jeune fille, attirante, un brin magnétique, énigmatique. Une virée. Un "truc". Un jeu malsain. Un peu de drogue. Plusieurs drogues pour lesquelles c'est votre baptême. Et puis l'inévitable étreinte passionnée qui n'engage à rien. C'est votre dernier souvenir. A votre réveil, dans la cuisine, le rêve se transforme en cauchemar. Sans en dire trop, voici la première partie de l'épisode Pilot de The Night Of. Une introduction simple qui réunit immédiatement deux jeunes adultes que tout oppose. Et lorsque tout dérape, la montée de tension parfaitement orchestrée par un scénario diablement malin qui nous place dans l'expectative, permet de conclure ce premier épisode avec brio. On pourrait même parler de perfection.
Ensuite et jusqu'à la dernière ligne droite qui retrouvera une intensité différente mais tout aussi appréciable, on découvre avec intérêt, parfois avec stupéfaction, tantôt avec humour ou dédain le procès de ce jeune homme dont on ignore si il est innocent ou coupable. On oscille perpétuellement au rythme de l'enquête, du procès, des découvertes, des échanges entre magistrats. On suit les vies de ces personnes impactées de prêt ou de loin. On découvre les "dessous" d'un procès, les raccourcis, les intérêts et émotions personnelles qui entrent en jeu durant la défense ou l'accusation. Et comme chaque membre du jury, on reste attentif, indécis face à un procès qui n'a rien d'évident. On doute. On y croit selon les événements qui vont nous amener nous aussi à nos certitudes. En cela, The Night Of est bien écrite et adroitement menée.
John Turturro est impeccable dans le rôle de cet avocat un brin dépassé par les événements mais dont l’implication n'a d'égale que ses certitudes quant à son client. Riz Ahmed, découvert dans We are four Lion avait déjà confirmé son jeu dans Nightcall aux côtés de Jake gyllenhaal. Il incarne ici à la perfection ce jeune étudiant américano-pakistanais qui va évoluer au rythme des épreuves qui l'attendent. A leur côté, un habitué des seconds rôles marquants en la personne de Michael K. Williams (Omar Little dans The Wire ou Chalky White dans Boardwalk Empire) encore une fois impressionnant de maîtrise malgré un jeu tout en retenu qui laisse planer perpétuellement le doute sur les intentions de son personnage.
Voici donc une série qui a tout pour plaire jusqu'à son format très court de 8 épisodes. Rien de renversant à graver dans la pierre mais de bonnes heures de visionnages qui nous questionnent par les faits. A voir.