Une série coréenne dans l'espace? Moi, à priori, j'étais partant.
Un postulat de départ intéressant (l'eau est devenu la denrée la plus prisée de l'humanité, y compris dans l'espace), un casting qui a déjà fait ses preuves dans d'autres productions coréennes et une séquence d'introduction accrocheuse; il y a de quoi être emballé par les promesses initiales en dépit des facilités scénaristiques qui feront lever plus d'un sourcil dès le premier épisode (On envoie une équipe sur la Lune sans les informer de la ressource à récupérer? Et le mec qui est censé en savoir le plus sur la station meurt, comme par hasard, dans l'accident du premier épisode? Ça commence bien cette histoire...).
Mais en définitive, nous sommes en présence d'une série qui laissera grandement de marbre, tout en se laissant suivre agréablement. Le récit ne prend jamais le temps d'approfondir ses personnages pour que l'on se soucie de leur sort (ou que l'on soit bouleversé des inévitables morts à venir) et surtout ne parvient pas à instaurer une ambiance oppressante et claustrophobe, malgré la singularité de son cadre. Car s'il est bien une qualité que l'on peut concéder à Silent Sea, c'est celle de son décor principal, savamment conçu comme un Level Design de jeu vidéo pour mettre en avant les péripéties à venir pour les protagonistes tout en apparaissant plausible en matière de station futuriste. Il en devient même franchement regrettable de voir le travail effectué sur cet environnement alors que l'histoire qui sera dépeinte entre ces murs se révélera plus que conventionnelle. Rien d'horripilant ou de honteux mais rien de remarquable ou poignant durant la poignée d'épisodes de cette excursion lunaire; le récit se déroule relativement vite (en laissant souvent ses protagonistes et son ambiance de côté, donc) mais même si les évènements s'enchainent assez rapidement, la série donne bien l'impression que son intrigue aurait pu être condensée en moins d'épisodes puisqu'elle ne semble pas avoir grand chose à raconter, en fin de compte.
Mais ce qui demeure le plus préjudiciable à ce Silent Sea réside certainement dans le classicisme de son point de vue. Beaucoup affectionnent les récits coréens (en séries ou longs métrages) pour une certaine liberté de ton par rapport aux productions occidentales ou tout du moins, une alternative bienvenue à la manière d'appréhender des récits parfois codifiés. Il n'est malheureusement rien de tel dans Silent Sea et il n'est pas si exagéré de dire que cette série aurait pu être portée par un casting américain sans que la différence n'en soit vraiment palpable (même le radar des Aliens a droit à son petit caméo ^^); production coréenne oblige, les antagonistes dissimulés derrière une corporation malfaisante parlent bien évidemment en anglais, mais c'est à peu prêt tout. Tout juste pourrait-on songer à la sempiternelle menace tapie dans l'ombre et un traitement légèrement différent de cet autre occupant de la station sans qu'il ne diffère pour autant vraiment de l'ordinaire.
Quelques pistes prometteuses sont également disséminées dans le récit; comme cette frontière suggérée entre le monde des vivants et des morts mais cette dernière demeure surtout une belle idée de mise en scène davantage qu'une volonté assumée de lorgner vers le fantastique.
Et lorsque survient la conclusion assez abrupte de son périple, The Silent Sea véhicule le sentiment d'avoir quelque peu négligé son cadre exceptionnel pour livrer un récit assez conventionnel qui n'aurait guère été distinct s'il s'était déroulé dans un complexe souterrain sur la planète bleue ou même au fond des océans. Le dernier épisode se permet simplement une fantaisie assez incongrue qui vient quelque peu malmener la rigueur scientifique que la série revendiquait fréquemment jusqu'à alors. Rien d'impactant donc mais rien de profondément dérangeant non plus; le casting, la mise en scène, et même parfois l'écriture, font le travail, sans livrer de réelles fulgurances; c'est typiquement la série que vous pouvez regarder en un week-end, si vous êtes cloués au lit ou juste en proie à une flemme extraordinaire, sans nécessité d'être extrêmement concentré.
Et parfois, mine de rien, ça fait aussi du bien. :p