The Story of Film: An Odyssey par Hugo Harnois
Un documentaire de quinze heures pour retracer l'histoire du septième art de 1895 à nos jours ? C'est le pari fou de l'irlandais Mark Cousins, le critique de cinéma. Pour cela, le réalisateur choisit de diviser son travail en quinze chapitres distincts pour voyager en Europe et aux États-Unis évidemment, mais aussi en Asie, en Afrique, et en Amérique du Sud afin d'être le plus détaillé possible.
Nous sommes prévenus dés l'introduction, Cousins ne parlera que des innovations techniques de cet art en parlant des divers films qui ont permis de le faire progresser. L'aspect économique n'est donc (presque) pas pris en compte et le point de vue historique est légèrement mentionné, mais peut-être pas assez pour expliquer telle ou telle place des films dans un contexte bien délimité. Bien au contraire, le cinéaste se plaît à analyser les films qu'il présente, mais cela de façon trop excessive.
On sent l'amour qu'il a du cinéma (surtout le plus « ancien ») en utilisant moult superlatifs positifs à son égard. Et cette sensation se ressent d'autant plus lorsque la période post-moderne (années 1990-2000) apparaît, à laquelle il ne consacre que peu de temps. En effet, il répète que ce cinéma copie les réalisateurs et les idées d'antan en ne faisant que de nombreuses références (finalement, nous pouvons dire que tous les cinémas font ça, à n'importe quelle époque) à leurs modèles (pensons à Tarantino notamment).
Pour rendre son travail le plus fluide possible, le critique passe de l'extrait de film à ses propres images. L'idée en soi est bonne car son histoire (et non l'Histoire, rappelons-le) du cinéma aurait été à force trop barbante pour intéresser quiconque. Nonobstant, les différentes liaisons et les cuts qu'il opère sont parfois trop francs et directs, ce qui déboussole quelque peu le spectateur.
Malgré l'abondance de films et de connaissances que le réalisateur nous offre, quelques oublies du cinéma (période sous l'occupation, Tim Burton, Paul Thomas Anderson) sont à relever. Soyons réalistes, même si The Story of Film : An Odyssey comptabilise plus de neuf cents minutes, il est impossible d'avoir un résultat tout à fait exhaustif car le cinéma, comme tout art, a des ressources inépuisables.
Bravo pour la persévérance que Cousins a du avoir pour réaliser cette oeuvre monumentale, généreuse et très plaisante à découvrir. Le projet était à la base ambitieux mais l'irlandais a su braver les obstacles pour construire un travail dense et subjectif. Mais vous me direz, tout ce qui concerne le cinéma et l'art en général n'est-il pas par essence subjectif ?