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Le cinéaste italien Paolo Sorrentino a travaillé avec des historiens et des spécialistes du Vatican, pour sa première série, et nous offre l'histoire imaginaire d'un pape tendance « dandy ». La musique choisie donne le ton pour le reste à venir. On appréciera ou pas l'esthétisme, ou encore les ralentis, mais ici le cinéma prend tout son sens par son côté ludique et la grande créativité du metteur en scène, des plans parfaits mettant en valeur les décors, des jeux de lumières rappelant des oeuvres d'art...D'ailleurs, tout commence avec un générique, nous permettant de découvrir quelques peintures de "Caravage", "Gerrit Van Honthorst" et "Francesco Hayez", où notre Pape déambule le long d'un couloir... pour un final en clin d'oeil.


L'ensemble est esthétique, et d'une lenteur « rythmée » par des sons "rock'n'roll" qui nous plongent dans un genre fantastique jouissif ! Une mise en scène assez étonnante pour une citadelle assiégée par le pape lui-même, avant-gardiste et tendance sadique. Un regard sur l'Etat du Vatican, la crédulité des masses, l'image et le paraître, les luttes de pouvoir au sein même de la communauté. Quelques interrogations familiales et angoisses de vie, quelques rancœurs à l'égard de Dieu, parfois, et quelques combats linguistiques pour cet homme « moderne », mais qui en oublie celle d'une société qui évolue. Pie XIII, pour une réforme en profondeur de l'image tout en prônant un ultra-conservatisme digne des pires dictatures.
De polonais à allemand en passant par un successeur argentin on peut tout à fait s'imaginer un pape "américain". Choisissant de raconter l'histoire fictive de ce pape, il portera le nom de Pie XIII, et rappelle ainsi et l'actualité de Pie XII sujet à controverse et cette appellation « Pie » synonyme d'un long passé de représentants de l'Eglise.


Pour le réalisateur, The Young Pope incarne « le germe d’un fondamentalisme catholique que nous excluons a priori, tout comme, il y a cinquante ans, nous aurions exclu le risque d’un fondamentalisme islamique».


L'ensemble tient sa ligne, et cette série fort plaisante, bouscule l'image poussiéreuse et fantasmée de ce que l'on peut se faire d'un Pape, jouant sur un aspect « hors du temps » qui colle si justement au sujet. Cette série plaira à tous les cinéphiles pour une mise en scène particulièrement réussie, ludique, dotée de beaucoup d'humour, de dialogues fins et où parfois, seules les expressions faciales et physiques des uns et des autres, pour des situations cocasses et silencieuses, révèlent le talent de tous les acteurs, et la direction du metteur en scène. Un casting international réussi et qui ne "jure" pas... On remarque Jude Law, et Diane Keaton, mais aussi Silvio Orlando en homme de pouvoir, sensible, Javier Cámara, en homme effacé qui se révélera grâce à ce Pape bien curieux, et Scott Shepherd, en séducteur perdu.
La mise en scène de Sorrentino est sobre, pudique, sachant aussi poser par quelques scènes, les situations lourdes de sentiments frustrés.
Moments d'intenses réflexions du Pape, cigarette au bec et sourire enjôleur, soufflant d'exaspération devant la tâche obligatoire du baptême…Aurait*il perdu la foi (?). Ces hommes de l'ombre, s'interrogent, ont des fantasmes, fument, boivent, ne sont pas des anges...aiment-ils leur prochain ? Les croyances du Pape, trouveront-elles à s'adoucir dans le dialogue ?


On est donc tenté de suivre cette révolution au palais. La musique renforce d'ailleurs aisément l'extravagance du personnage et le décalage d'une relative modernité appuyée par ces morceaux fort bien choisis. Des instants bucoliques en passant par des passions exacerbées, du Vatican à l'Afrique en passant par le Guatemala, quelques miracles parcourent l'ensemble, pour notre plus grand plaisir.


Il ne faut pas s'attendre à une étude politique des décisions du Vatican mais bien à quelques scénettes de vie. On peut légèrement regretter que l'envers du décor de ces femmes et de ces hommes qui contribuent à la bonne marche de cette petite entreprise, ne soit que survolé et une meilleure étude de caractères notamment des cardinaux, qui semblent ici posés un peu comme de vieux parchemins oubliés.
Mais on est bien dans l'idée du metteur en scène pour un Pie XIII, nouvelle star du Vatiican. Nous resterons donc dans les décors luxueux du Palais et de ses jardins.
Et un final qui clôt parfaitement la fiction.

limma
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le 23 nov. 2016

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limma

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