C'est souvent ce que je ressens en lendemain de soirée quand, le cerveau en bouillie, je cherche dans mes « Envies » Sens Critique quelque chose qui pourrait me distraire. Un truc qui pourrait faire diversion des légères angoisses post-alcool. Je fais défiler les œuvres, celles qui m'ont fait envie il fut un temps, hier, il y a une semaine, il y a cinq ans... toutes ces œuvres condamnées à rester là ; parce que mon moi du passé (qui affiche comme ça, indécemment, toutes ses envies de l'instant), inspire à mon moi présent en gueule de bois une forme d'incompréhension. Une envie qui ne semble pas à la hauteur. Un rejet presque, un peu comme devant un animal empaillé. Comme si l'instant était passé.
Maintenant je n'ai plus de nouvelles « Envies ». C'est trop de paperasse. Une série, un livre, quoi que ce soit que l'on me conseille, je le lis ou le regarde direct, ou bien je le laisse se perdre dans les lymbes de mon cerveau. Il reviendra avec l'envie, la vraie, naturellement.
Donc quand on m'a dit « Sorrentino, Jude Law, Pape » j'ai dit « Ouah putain ça sent bon ! ». J'ai extirpé cette idée de l'enfer de mon crâne, sans me retourner, comme Orphée aurait dû le faire avec Eurydice. J'ai directement ouvert Pirate Bay, j'ai tapé «Young Pope » et puis deux ou trois heures plus tard, le temps de choper la saison 1 et les sous-titres associés, c'était lancé. Deux jours après c'était terminé. Deux jours de frissons, de rire, de pleurs. Une série magnifique. Hyper-fun. Pliée, rangée dans ma mémoire, à côté d'un chiffre 10. Et de nouveau, déjà, affamé.