Quand refaire sa journée ne suffit pas à arrêter les problèmes

Tru Calling : Compte à Rebours, diffusée sur FOX en 2003, c’est un peu comme si quelqu’un avait décidé de mélanger Un Jour sans Fin avec un job de morgue, saupoudré de quelques doses de mystère et de drames personnels. L’idée ? Une jeune femme qui, au lieu d’enchaîner des journées banales, se retrouve obligée de les revivre pour sauver des vies... tout en essayant de ne pas se perdre elle-même dans le processus. Le problème, c’est que même avec un pouvoir aussi cool, il semble que les créateurs aient parfois eu du mal à remonter dans le temps pour améliorer leur propre scénario.


Tru Davies (incarnée par Eliza Dushku, qui semble avoir pris le rôle comme une version badass de Buffy avec un job moins glamour) travaille dans une morgue. Jusque-là, tout va bien, si ce n’est que son quotidien prend une tournure surnaturelle lorsque les cadavres commencent à lui demander de l’aide – littéralement. Le cadavre parle, et la journée de Tru repart à zéro, comme une cassette VHS qui se rembobine. Son but ? Comprendre ce qui s’est passé, découvrir comment la personne est morte, et surtout, empêcher cette mort de se produire. Une sorte de version morbide des "missions impossibles", mais sans Tom Cruise qui court partout.


Sur le papier, le concept est alléchant : qui n’a jamais rêvé de revivre une journée pour éviter les catastrophes (ou juste pour avoir une deuxième chance de savourer ce croissant trop vite avalé le matin) ? Tru, elle, a droit à cela quasiment tous les jours, sauf que ses missions sont loin d’être de simples quiz pour réviser l’actualité. Entre les meurtres mystérieux, les accidents tragiques, et les décisions moralement ambiguës, Tru doit jongler entre son boulot (qui consiste à côtoyer des morts en attente de résurrection temporelle) et sa propre vie personnelle, souvent aussi chaotique que ses journées à recommencer.


Là où Tru Calling commence à déraper, c’est que malgré ce potentiel, la série semble parfois coincée dans une boucle narrative (sans jeu de mots) où chaque épisode finit par ressembler au précédent. Tru découvre un cadavre, la personne dit "help me" avec autant de panache qu’un acteur de série B, et bam, la journée redémarre. Le public se retrouve alors dans une course contre la montre où Tru doit démêler les fils de l’intrigue avant que le destin ne rattrape la victime une nouvelle fois. Si les premiers épisodes captivent par cette idée de course contre la mort (littéralement), cela devient vite répétitif, et on se surprend à connaître la recette par cœur. À force de rembobiner, on finit par s’essouffler.


Eliza Dushku, avec son charisme habituel, porte néanmoins la série sur ses épaules. Elle incarne une Tru à la fois forte et vulnérable, déterminée à sauver des vies, mais aussi rongée par ses propres dilemmes moraux. Pourquoi elle ? Pourquoi ces cadavres lui demandent-ils de l’aide, et surtout, est-elle vraiment capable de tout résoudre à chaque fois ? Ce questionnement donne à la série une dimension un peu plus profonde, mais qui n’est malheureusement pas toujours exploitée comme il se doit. Tru semble souvent être un simple outil pour faire avancer l’intrigue, plutôt qu’un personnage avec une vraie évolution.


Du côté des personnages secondaires, on trouve Davis (Zach Galifianakis dans un rôle plus sérieux qu’à l'accoutumée), le collègue un peu excentrique mais attachant de Tru, qui est l’un des rares à être dans la confidence de son pouvoir. Son humour décalé apporte un peu de légèreté à l’ambiance souvent pesante de la série. Le frère de Tru, Harrison (Shawn Reaves), quant à lui, joue le rôle de l’élément chaotique de sa vie personnelle, toujours en train de se fourrer dans des ennuis. Leur relation fraternelle donne un peu de profondeur émotionnelle à la série, mais elle finit souvent par être éclipsée par les intrigues de la journée à sauver.


Le twist qui aurait pu dynamiser la série arrive avec l'introduction de Jack Harper (Jason Priestley), un personnage mystérieux qui, surprise, semble avoir un pouvoir similaire à celui de Tru… mais avec un objectif inverse. Plutôt que de sauver des vies, il est là pour s’assurer que les morts restent, eh bien, morts. Cela ajoute un enjeu plus complexe à l’intrigue, et donne une dynamique intéressante à la série, où Tru doit non seulement affronter les fatalités du destin, mais aussi ce nouvel ennemi qui, dans un monde où tout se rejoue, pourrait bien être celui qui tire les ficelles.


Visuellement, Tru Calling fait le travail : les scènes de la morgue sont suffisamment glauques pour rappeler l’importance de la mission de Tru, mais sans jamais tomber dans l’excès. La série jongle habilement entre les moments intenses de suspense et les scènes plus introspectives où Tru tente de comprendre comment réécrire l’histoire. Les jours qui se répètent sont bien gérés, avec des variations subtiles qui maintiennent un certain intérêt, même si le schéma devient vite familier. Mais là encore, l’aspect répétitif finit par prendre le dessus, et on se surprend à souhaiter que Tru elle-même puisse sauter quelques étapes pour arriver plus vite au dénouement.


L’un des problèmes de Tru Calling reste son incapacité à vraiment exploiter tout le potentiel de son concept. On aurait aimé voir des épisodes où Tru échoue, où les dilemmes moraux sont plus complexes, ou encore où l’impact de ces journées à répétition pèse davantage sur sa psyché. Malheureusement, la série se contente souvent de suivre un fil conducteur assez linéaire, avec des résolutions parfois trop simples pour des situations qui auraient pu être bien plus intenses.


En résumé, Tru Calling est une série qui démarre avec une idée brillante – revivre ses journées pour sauver des vies – mais qui, malgré un casting solide et un concept engageant, finit par tomber dans une routine trop familière. Si vous aimez les intrigues où le temps est à la fois un allié et un ennemi, avec une touche de drame personnel et de mystère surnaturel, alors Tru Calling vous offrira de quoi vous divertir. Mais ne vous attendez pas à ce que chaque jour soit une révélation, car même avec un pouvoir de réinitialisation, certaines erreurs scénaristiques semblent, elles, inévitables.

CinephageAiguise
7

Créée

le 5 nov. 2024

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