That gum you like is going to come back in style
Plus qu'une simple série, Twin Peaks est un chef d’œuvre cultissime à tout point de vue.
A vrai dire, il est difficile de parler encore de série tant l’œuvre de Lynch se démarque des séries traditionnelles. Cela ressemble plus à une grande fresque littéraire comme celles de Zola ou de Proust. On y suit les turpitudes d'une flopée de personnages dans la ville de Twin Peaks, petite bourgade perdue dans les pins de l'état de Washington. L'intrigue est on ne peut plus banale: le corps d'une jeune lycéenne apparemment irréprochable et aimée de tous est retrouvé au bord d'une rivière. L'agent Dale Cooper est envoyé par le FBI pour résoudre l'affaire. Mais voilà, à cette intrigue principale se greffent d'autres mini-intrigues où l'on en apprend un peu plus sur les habitants de cette ville étrange. Pas de quoi fouetter un chat vous me direz. C'est sans compter sur l'esprit tordu de Lynch. Il créé dans sa série une ambiance tout à fait particulière. A la manière de Mullholand Drive ou de Blue Velvet, l'atmosphère y est mystérieuse, mystique, onirique, parfois inquiétante et pesante. Tout y est surréaliste. Lynch distille dans sa série des personnages déjantés: la femme à la bûche, l'agent Dennis (David Duchovny génial en travesti du FBI) mais aussi le patron du FBI dur de la feuille Gordon Cole (joué par Lynch himself) ou le très inquiétant Bob. Certains lieux sont envoûtants: le black lodge (je n'en dis pas plus, il faut le voir) ou encore le bar de nuit où sont joués les musiques ensorcelantes de Julee Cruise, bref, Lynch se pose une fois encore en maître du mystère et du surréalisme. Et la musique n'y est pas pour rien: Angelo Badalamenti contribue à créer cette atmosphère jazzy planante qui nous transporte dans cette ville d'une autre dimension.
Il ne faut pas se laisser avoir par le premier épisode. On croirait d'abord à une mauvaise série B. La musique et le jeu des acteurs paraissent décalés. Mais au fil des épisodes, on comprend que tout cela fait parti d'une mise en scène plus vaste qui vise à immerger le spectateur dans cet univers parallèle. Et la mayonnaise prend. On est emballé par les acteurs tous parfaits et l'intrigue nous garde en haleine jusqu'à la révélation de l'identité du meurtrier de Laura Palmer ( révélation qui survient à la fin de la première saison). C'est là la seule ombre au tableau: la saison 1 se suffisait à elle-même et peu importe si la saison 2 reste de très bonne qualité, elle demeure moins prenante que la première.
Bref, une œuvre à ne rater sous aucun prétexte.
N.B: il est préférable de regarder la série en Hiver bien au chaud chez soi. Le plaisir est décuplé.