"Mais ? Le Général De Gaulle n'a-t-il pas dit que toute la France avait été résistante ?"

Visiblement, les français sont très "devoir de mémoire". Toutes les occasions sont bonnes pour faire un film se déroulant pendant la Seconde Guerre Mondiale, ce qui nous a valu quelques productions plus que médiocres, puis quelques œuvres qui sortent du lot... à leur manière.
"Un village français" est une série intéressante à la fois d'un point de vue historique que d'un point de vue artistique ce qui est souvent rare à combiner dans une série française.
En effet, le village de Villeneuve est situé dans un cadre géographique assez précis : dans le Jura, près de Besançon, à deux pas de la frontière suisse et de la zone sud. Et dans ce décor idéal vont évoluer des personnages extrêmement bien développés . Et voilà ce qui fait la particularité de la série : les personnages. On commence en 1940 où on nous présente des personnages de tous horizons, français, allemands, juifs, riches, pauvres, jeunes, vieux, communistes, homosexuels, et qui vont évoluer jusqu'en 1944 tout en restant extrêmement cohérents au niveau psychologique. Et il n'y a d'ailleurs pas deux personnages qui auront le même parcours, bien que leurs opinions politiques, leurs désirs ou leur situation familiale soient similaires.
Bien sûr, il y a les collabos et les résistants, mais aussi les « collabos mais gentils quand même », les collabos « ouais mais j’exécute les ordres », et d'autres dont on ne saurait comment les qualifier tellement leurs motivations sont superbement complexes…
On s'aperçoit aussi qu'il y a plusieurs façons de résister, motivées par des raisons tout aussi diverses, les convictions idéologiques pour Marcel ou Suzanne, l'amour pour Raymond, la pression des autres pour Lucienne, ou bien un simple concours de circonstances pour tous les réfractaires STO (dont Antoine chez qui la volonté d'agir pour sa patrie ne vient qu'après son engagement). En somme des personnages très différents mais historiquement réalistes.
Mais le summum pour moi, c’est la saison 6, et l’éclatement de la Résistance à la Libération, l’épuration où l’on distingue bien ceux qui ont collaboré aux yeux de tous, et ceux dont un simple petit secret honteux pourrait faire basculer leur vie et ceux de leurs proches.
En gros, on s’aperçoit que tout ce qui arrive aux personnages est complètement lié avec ce qui arrive aux autres personnages, d’où la particularité de montrer le contexte de la guerre dans le décor d’un petit village français prit au hasard. D’ailleurs, je voudrais préciser que j’apprécie le fait que les événements « trop connus » de la Seconde Guerre Mondiale tels que le Débarquement ou l’appel de De Gaulle ne soient pas fièrement apparus dans la série à la manière d'un manuel d'histoire.
Bref, c’est une oeuvre que je conseille à tous les réticents des séries françaises ou de séries historiques qui peuvent être freinés par son plus gros défaut : le jeu des acteurs car même si certains s’en sortent très bien (Richard Sammel, Audrey Fleurot…) il faut bien avouer que d’autres (Robin Renucci, Marie Kremer…) sont difficilement supportables…