Avec son thème un peu provocateur des dessous de la télé-réalité, UnREAL s'est imposée comme un des must seen surprise de l'été 2015. Les manipulations de Rachel lui valent d'être qualifiée d'anti-héroïne, peut-être la première du nom. (Serait-ce l'homologue féminin de Walter White ? diront les plus audacieux.) UnREAL est brute, ce sont des gens mauvais qui utilisent la naïveté des autres pour arriver à les ridiculiser. UnREAL, c'est pas vraiment une tranche de rire. UnREAL, c'est parfois difficile à regarder. L'humiliation des candidats. Le ricanement des producteurs. Le malaise du téléspectateur.
Mettons quelque chose au clair : UnREAL est horrible. Everlasting, la fausse émission inspirée de la vraie Bachelor américaine, est une supercherie dans les coulisses desquels se côtoient des quasi-sociopathes sans scrupule. Leur but ? Pas autant vendre de l'amour que faire du chiffre. Leurs marionnettes ? Le candidat, total package incarné, et les candidates, à qui est promis une vie de princesse justifiant tous les sacrifices possibles. Leurs moyens ? Tout sans exception (dans une probable exagération croissante de la réalité). Bon, pas trop de surprise ici, c'est la télévision. J'ai beau ne pas consommer de télé-réalité, je me souviens de ma fascination adolescente pour l'Île de la tentation et du sentiment de malaise réjouissant qui naissait de suivre les fausses-vraies histoires de ces vrais-faux gens. Moins de réjouissance dans UnREAL, cependant, et c'est là peut-être ma plus sévère critique de la série.
Le problème, dans UnREAL, c'est que c'est peut-être un peu trop horrible. Ne vous méprenez pas, je suis ravie que ça ne peigne pas la télé-réalité comme un monde de Bisnounours et j'applaudie que les scénaristes ne cherchent pas à nous faire gober les inepties du business. La franche méchanceté est d'ailleurs rafraîchissante au début de la série - et même peut-être tout au long de la première saison - mais au fur et à mesure que les personnages se révèlent, au moins on a de l'empathie pour eux, et ça, ça me chiffonne un peu. Certes, ils ont en bavé (sacrément pour certains). Mais le plaisir qu'il prenne à humilier les autres, candidats ou même collègues, est dérangeant (enfin, moi, ça me dérange). Ça annule un des moteurs importants des séries : le désir de voir les héros s'en sortir même lorsqu'ils ne devraient pas.
Alors voilà. UnREAL c'est l'histoire de gens mauvais qui font des choses mauvaises pour des prétextes bidons en se cachant les yeux à l'aide d'arguments comme "Si c'est pas moi ce sera quelqu'un d'autre" et "De toute façon, ils l'ont cherché". Ça se pardonne tout. De l'hypocrisie. Des mauvaises intentions. De la mauvaise foi. Et la symbiose prétendue des premiers instants de se transformer en parasitose affirmée. Presque à en vomir.
Mais voilà. UnREAL, ça reste quelques moments d'émotions brutes qui surprennent, des dialogues culottés ("I mean" et "like" de Rachel mis à part - ça c'est juste nauséabond) et de la fascination face aux pouvoirs manipulateurs de l'équipe de production, parfois utilisés à bon (ou meilleur) escient.
Pour le moment, ça me suffit : je continue. Et puis un peu de malaise, ça pousse à réfléchir sur ce qu'on peut et ce qu'on ne peut pas faire à la télévision. En toute honnêteté cependant, si UnREAL continue la descente aux enfers amorcée (qui lui a valu un point en moins dans la transition de saison), je risque bien de passer l'éponge. C'est peut-être trop révolutionnaire pour moi. Je suis peut-être trop difficile. Une chose dont je suis sûre, je préfère regarder mes séries sans avoir la nausée.