Nfs, Chimie, Iono…
Je n'ai aucune idée de ce que veulent dire ces termes médicaux et pourtant ils me sont particulièrement familiers. C'est simple, Urgences a été ma porte d'entrée dans le monde merveilleux des séries. Découverte par hasard un soir avec ma soeur, cette série est très rapidement devenue le rendez-vous obligatoire de toute la famille devant le poste de télévision.
Si les archivistes et archéologues du petit écran devaient un jour écrire le grand livre de la fiction télé, il faudrait donner à Urgences une place centrale. Tout age d'or est ammené par un age d'argent, et sans Urgences pour mener la voie jamais nous n'aurions eu à la télévision des séries comme The Wire par exemple (le parallelisme entre les deux séries est d'ailleurs assez passionnant). Urgences avec d'autres séries (XFiles par exemple) amorce l'entrée des séries dans l'age adulte, et on lui doit en partie l'explosion des séries au début des années 2000.
Urgences c'est avant tout une série crée et écrite par Michael Crichton (écrivain du livre Jurassic Park) et une production d'un petit réalisateur nommé Steven Spielberg. C'est amusant de voir que même dans sa production cette série était en avance sur son temps. Avec Twin Peaks, Urgences prédit notre époque actuelle où il n'est plus rare de voir de grands noms du cinéma s'essayer à la fiction télé (Boardwalk Empire, Top of the Lake, House of Cards). D'ailleurs un jeune réalisateur du nom de Quentin Tarantino viendra réaliser un épisode de la première saison.
Urgences c'est aussi un pilote. Dantesque, monumental, quasi révolutionnaire dans sa volonté de briser les codes de la télévision. Casting chorale, décor unique, ultra réalisme, jargon technique non expliqué au téléspectateur, et réalisation en plans séquences ultra techniques. Urgences frappe fort. Tellement fort qu'après visionnage, Spielberg regrettera de ne pas avoir gardé le script pour lui, et de ne pas en avoir fait un film.
La première saison est simplement parfaite: alternant des épisodes légers (tel ce jubilatoire épisodes de noel où l'hopital étant vide, les employés sont libres de s'amuser) et des épisodes particulièrement durs (notamment cet épisode concentré sur un unique accouchement, qui n'épargne ni le sang ni les larmes). On s'attache au casting comme rarement à la télévision: les docteurs Green, Ross, Lewis, Carter, Benton deviennent petit à petit nos médecins de famille, des visages familiers que l'on veut retrouver à chaque épisode.
La suite de la série sera de très bonne facture pendant une bonne moitié de la série (15 saisons tout de même, qui dit mieux?). Mais au fil des départs, il devient difficile de ne pas se sentir abandonné par des personnages que l'on avait appris à connaitre. Si les ajouts de personnages sont brillants dans un premier temps (la pétillante Dr Corday et le génialissime docteur Romano) ils deviendront plus que douteux avec le temps. S'éloignant des pures intrigues médicales, la série aura tendance à partir de la 10eme saison à se focaliser sur des intrigues personnelles souvent inutiles.
Urgences c'est donc tout cela: une réalisation ultra réaliste, radicale, plus moderne que la plupart des séries actuelles. L'usage du steadycam et des plans séquences serpentant les couloirs de l'hopital sont encore aujourd'hui révolutionnaires. Urgences ce sont des couloirs que l'on connait par coeur, des patients dont on se souvient encore et des opérations dont on garde un souvenir angoissé. Urgences c'est cette impression d'un monde en vase clos, dont on connait tous les personnages. Une sorte de famille de substitution télévisuelle. Urgences enfin, est une série qui n'a jamais eu peur: de tuer des personnages (parfois principaux), d'user du gore ou même de tourner en direct (notamment dans l'incroyable pilote de la saison 4).
Pour terminer cette critique, quelques souvenirs d'épisodes …
- Saison 1 Episode 1 : le meilleur épisode de la série… et de la télé?
- Saison 1 Episode 11 : le premier épisode de Noel, drole et porté par la magie de noel.
- Saison 1 Episode 19: épisode radical sur une patiente unique et son accouchement. Terreur, sang et larmes.
- Saison 2 Episode 7: Le fameux épisode de Ross secourant un garçon bloqué dans un tunnel. Qui ne se souvient pas de la trachéotomie au stylo bille?
- Saison 3 Episode 14: Le jeune Carter opère Benton. Et la série nous offre un pur cadeau jubilatoire.
- Saison 3 Episode 15 : Ewan Mc Gregor. Un braquage qui tourne mal. Que voulez vous de plus?
- Saison 4 Episode 1: le fameux épisode joué en direct (!!!)
- Saison 5 Episode 15: Au revoir Clooney. 5 saisons, what else?
- Saison 6 Episode 13: Schyzophrenie + couteau = un spoiler de fin inoubliable
- Saison 8 Episode 21: La série tue son personnage principal mais lui donne la fin qu'il mérite. De mémoire, jamais une série n'avait abordée la maladie d'un personnage d'une telle manière. La série entre dans une deuxième phase
- Saison 9 Episode 1 : Ne. Jamais. Prendre. L'hélicoptère.
- Saison 9 Episode 22: Bye Bye Chicago. La série part dans une mission humanitaire au Congo!
- Saison 10 Episode 8: Ne. Jamais. Prendre. L'hélicoptère (partie 2)
- Saison 15 Episode 22: Bye Bye Urgences. Final doux amer, qui nous rappelle les raisons pour lesquelles on avait aimé la série. La fille de Green entre à l'hopital sous les ordres de Carter et la boucle est bouclée. Tous les anciens personnages reviennent dans cette ultime saison et on se dit qu'on a vécu 15 inégales, mais belles saisons.